Accusé de “coups ayant entraîné la mort sans intention de la donner" sur sa femme et évadé depuis le 28 mai, Yassine Amari n'a pas répondu présent à son premier jour de procès aux assises de Lyon. C'est sa mère qui a été la première appelée à la barre, comme témoin.
Sous les quatre colonnes de la petite salle d'audience des assises de Lyon, Yamina Amari s'avance à la barre, accompagnée d'un traducteur, pour témoigner dans le procès de son fils Yassine Amari. Fugitif sous mandat d'arrêt, il est accusé de “coups ayant entraîné la mort sans intention de la donner" sur sa femme, Rima Cherifi. Dès son interpellation, le 29 décembre 2016, Yassine Amari avait déclaré que le coup de feu était parti accidentellement. Il montrait l’arme qu’il croyait déchargée à son épouse. Selon lui, il a voulu lui faire peur. Le tir mortel a atteint cette dernière à la gorge.
Du haut de ses 71 ans, celle "qui pourrait être sa grand-mère" comme le remarque la présidente de l'audience, ne lâche rien : "je n'ai pas de nouvelles de mon fils depuis le 24 mai". Et pour cause, quelques jours plus tard, Yassine Amari, s'est évadé de l'hôpital Lyon Sud alors qu'il était incarcéré à Saint-Quentin-Fallavier. "Monsieur Amari n'est pas présent. Il n'a pas été interpellé sinon il serait devant nous aujourd'hui", a rappelé la présidente au début de l'audience."Monsieur Amari n'est pas présent. Il n'a pas été interpellé sinon il serait devant nous aujourd'hui"
D'un français hésitant, elle ne cesse de répéter qu'elle ne sait pas où est son fils. "Mais si j'ai de ses nouvelles, je vous le dit (...) et je lui dis "va voir la police"", assure-t-elle. Le reste des échanges est laborieux et approximatif. Il lui arrive même de parler de son fils comme s'il était toujours en prison. Mais, la juge est ferme et recadre : "Yassine n'est pas en prison madame, Yassine est évadé". Ce à quoi elle rétorque, "je n'ai pas oublié ce qu'il a fait. J'attends son jugement"."Je n'ai pas oublié ce qu'il a fait. J'attends son jugement"
Après avoir fait état de ses multiples condamnations, depuis l'âge de 16 ans, la magistrate questionne longuement la mère sur la personnalité de son fils. "Il faisait des petites bêtises a l'école mais il n'a jamais fait quelque chose comme l'affaire d'aujourd'hui", répond-elle. Pourtant condamné à plusieurs reprises pour des faits de violences, notamment en 2009, pour avoir tabassé un agent de sécurité, il n'est pas considéré, aux yeux de sa mère comme violent. "Violent ? Non ça jamais...", pâme-t-elle. Elle nie aussi toute violence de son fils sur sa femme. "Il aime bien sa femme", justifie-t-elle. Et revient sur les confidences de sa progéniture après la mort de Rima " il m'a dit "c'est pas ma faute"". Pour elle, c'est "un bon fils et bon mari"."Il aime bien sa femme"
Retrouvez en vidéo la réaction de Me Jallot, l'avocat de Yassine Amari :
Faits de délinquance, violence conjugale... Malgré le profil peu flatteur de l'accusé, son avocat Me Jallot se dit "étonné de la volonté qu'il a eu de sembler vouloir échapper à la justice". Pour lui, "Monsieur Amari n'est pas un lâche". Mais "comme les absents ont toujours tort", l'homme en robe noire imagine que la sanction sera sévère. Pour les faits qui lui sont repprochés, Yassine Amari risque, selon le code Pénal, de 20 ans de réclusion criminelle.
"Les absents ont toujours tort"
L'absence de l'évadé ou le défaut en matière criminelle
En l'absence de l'accusé, le procès peut avoir lieu.
Si un avocat est présent pour assurer la défense des intérêts de l'accusé, la procédure se déroule "normalement". La cour examine alors l'affaire. Mais, elle statue sur l'accusation sans l'assistance des jurés. C'est un jugement par défaut.
En cas de condamnation à une peine ferme privative de liberté, la cour décerne mandat d'arrêt contre l'accusé, sauf si celui-ci a déjà été décerné, comme c'est le cas pour Yassine Amari.