L'auteur d'une attaque au couteau mortelle en 2019 à Villeurbanne, près de Lyon, doit être reconnu irresponsable pénalement en raison de l'abolition de son discernement, estime le parquet dans son réquisitoire définitif rendu ce lundi 27 septembre 2021.
Sultan N., ressortissant afghan âgé d'une trentaine d'années et auteur d'une attaque au couteau à Villeurbanne, doit être reconnu comme pénalement irresponsable de ses actes. Le 31 août 2019, l'homme a tué un jeune Savoyard de 19 ans qui se rendait en bus au festival Woodstower. Il a également blessé huit personnes qui se trouvaient sur le parking de la station de métro Laurent-Bonnevay. Armé de deux couteaux et d'une fourchette à barbecue, l'assaillant a frappé avec acharnement selon plusieurs victimes.
Plusieurs expertises
Trois experts psychiatres, sur quatre désignés durant l'enquête, ont établi "l'abolition du discernement" du mis en cause. Le parquet s'est rangé à leur avis et a requis la saisine de la chambre de l'instruction aux fins de statuer sur l'irresponsabilité du trentenaire, comme le veut la procédure en pareil cas.
Le parquet requiert aussi une hospitalisation complète et des mesures de sûreté concernant cet homme de nationalité afghane, qui présente des troubles sévères de la personnalité selon les experts. Lors des faits, des témoins l'ont entendu crier "allah akbar". Mais ses propos délirants, même teintés de vocabulaire religieux, ont été mis sur le compte d'une pathologie de type "schizophrénique paranoïde". Par ailleurs, une experte psychiatre avait notamment estimé que ses troubles mentaux avaient été accentués par une forte consommation de cannabis.
"Il est difficile d'aller à l'encontre de ces avis assez unanimes, nous comptons beaucoup sur l'audience pour que les victimes puissent s'exprimer, et comprendre le cheminement judiciaire de cette affaire", commente Frédéric Lalliard, avocat de deux parties civiles.
Une décennie d'errance en Europe
Il dit être né en Afghanistan, Sultan N. dit avoir traversé l'Iran avant de se rendre en Europe. Il a séjourné dans plusieurs pays européens avant d'arriver en France en 2016. Sa trace a été détectée dans plusieurs pays européens via la Turquie : en 2009, il a été repéré à Bruges, puis à Calais; en 2010, il se trouvait en Grande-Bretagne et enfin en Allemagne en 2015. Il aurait ensuite vécu clandestinement à Paris, avant d'arriver en région lyonnaise en 2017, où il avait formulé une demande d'asile. L'homme était connu dans ces pays européens sous différentes identités, son âge variant de 30 à 35 ans. Des témoins ont rapporté des signes de troubles psychiques lors de son hébergement en France mais aucun suivi n'a été enclenché.
Durant l'enquête, Sultan N. a reconnu les faits. Il a indiqué qu'il avait entendu des voix dans les écouteurs de son téléphone et qu'il se sentait persécuté. Il a également expliqué être en proie à des hallucinations visuelles et auditives depuis plusieurs années. Il est en outre persuadé d'avoir subi des piqûres lors d'un séjour en Angleterre, il dit avoir été "empoisonné".