"Atteintes graves à l'intimité, à la dignité et à la sécurité" : le nouveau centre de rétention administrative de Lyon pointé du doigt

La contrôleuse des lieux de privation de liberté déplore dans un document, publié ce 22 juin au Journal officiel, que plusieurs centres de rétention administrative demeurent structurellement "attentatoires à la dignité". Elle pointe particulièrement du doigt le CRA de Lyon n°2.

Le centre de rétention administrative de Lyon n°2, basé près de l'aéroport Saint-Exupéry, est un lieu "attentatoire à la dignité" des personnes retenues, d'après Dominique Simonnot, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL).

Dès le mois d'avril 2023, le barreau des avocats de Lyon et des parlementaires avait alerté sur la "situation dramatique" au sein de ce centre de rétention, lors d'une visite que nous avions pu filmer

Dans un document publié ce jeudi 22 juin 2023 au Journal officiel, la contrôleuse des prisons confirme ce diagnostic et accable une nouvelle fois les conditions de rétention dans ce centre, comme beaucoup d'autres en France, conçu pour accueillir les étrangers en situation irrégulière dans l'attente de leur expulsion.

"Il y a urgence à modifier profondément l'approche actuelle en matière de prise en charge des étrangers placés en CRA", écrit-elle. 

L'agencement et l'organisation de Lyon n°2 entraînent des atteintes graves à l'intimité, à la dignité et à la sécurité des personnes.

Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté

Lyon n°2, de modèle à mauvais élève 

Ouvert en grande pompe en janvier 2022, l'extension du CRA de l'aéroport de Saint-Exupéry, appelé Lyon n°2, "était "supposé servir de modèle" pour un "CRA du futur", selon Dominique Simonnot.

Sur les réseaux sociaux, la préfecture du Rhône expliquait que cette extension permettait de doubler la capacité de rétention, passant de 140 à 280 places. Elle précisait également : "les policiers bénéficieront d'une sécurité accrue et les retenus de meilleures conditions de rétention". 

Un an et demi plus tard, la contrôleuse des lieux de privation de liberté balaie ces promesses et confirme le diagnostic alarmant établi par des associations, le barreau de Lyon et certains parlementaires. "L'agencement [de Lyon n°2] et l'organisation des lieux entraînent des atteintes graves à l'intimité, à la dignité et à la sécurité des personnes", écrit Dominique Simmonot dans son document. 

L'autorité indépendante a également dénoncé des conditions de rétention dégradées, "à la fois en raison du vieillissement de locaux mal entretenus, sur-occupés (et) conçus pour de brefs séjours."

Plus généralement, la CGLPL déplore  "les visites successives (...) donnent lieu à des recommandations récurrentes laissées sans suite face à l'inertie des autorités compétentes."

La réponse de la préfecture en mars 2023

À la suite de la diffusion de notre reportage sur la visite des parlementaires et du barreau de Lyon, la préfecture du Rhône avait tenu à souligner que le profil des personnes retenues, en instance d'expulsion, avait évolué. "Sont prioritairement placés en centre de rétention, les individus créant un trouble à l'ordre public (délinquants ou sortants de prison)." Et les effectifs dédiés à la mission de surveillance ont été renforcés.

Les autorités travaillent avec l'ensemble des parties prenantes afin de "parvenir au meilleur équilibre possible" et d'assurer la sécurité de tous : policiers, partenaires et retenus.

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