Baria up : un programme pour optimiser la chirurgie de l'obésité et éviter la reprise de poids à Lyon

La chirurgie bariatrique est lourde de conséquences pour les patients car elle bouleverse leur quotidien et impose un style de vie stricte. Un programme d'accompagnement sur 5 ans a été mis en place au sein des HCL pour augmenter les chances de réussite.

Marina Dupré est obèse, mais plus pour longtemps, son estomac va être réduit, une chirurgie comme ultime espoir. Quand on lui demande comment elle envisage son corps d'après, elle répond : "Pas du tout taille mannequin. Mieux réparti et qui me permettra plus facilement de bouger avec moins de poids".

Comme Stephane et  Chrystelle, Marina a été sélectionnée pour suivre le premier parcours d’accompagnement de longue durée pour la chirurgie de l’obésité.
Un programme auquel 
participent le Centre Intégré de l’Obésité des Hospices Civils de Lyon et la clinique Les Lilas Bleus. Cette expérimentation intitulée national «Baria-Up», est établie pour une durée de cinq ans.

Un nouveau corps pour se retrouver

Marion est une jeune femme active. Elle mène une vie saine, pratique de l'activité physique et souffre pourtant de surpoids. Elle prépare son opération depuis 18 mois avec de nombreux spécialistes de l'hôpital Lyon Sud et Edouard Herriot. "Je pense que je serai mieux dans ma tête, il n'y a aucun doute. J'aurai moins peur du regard des autres, de ce qu'ils peuvent penser et du coup je me concentrerai plus sur moi que sur tout ce qui tourne autour".

L'idée de rester "sur son canapé" plusieurs semaines et le sevrage alimentaire l'effraient un peu. Elle s'est concoctée un petit programme pour garder le moral. Des séries, des bouquins, un peu de scrapbooking. "Ne pas pouvoir profiter de l'extérieur en ce début de printemps, ne pas pouvoir se promener, même si c'est passager, ça ne va pas être facile mais c'est pour que le reste de ma vie soit bien mieux et plus facile à vivre."

En 2 mois, elle pourrait perdre entre 7 et 10 kg. Au bout d'un an, la perte pourrait dépasser les 50% de son poids actuel. "J'ai hâte !" dit-elle en évoquant la piscine qu'elle vient de faire construire avec son compagnon.

La chirurgie bariatrique est un aboutissement du parcours de soin

La législation impose depuis 2019 une préparation de 6 à 12 mois avant de discuter chirurgie bariatrique qui reste un choix thérapeutique de deuxième intention. Le patient doit suivre un accompagnement diététique, d'activité physique adaptée si besoin, voire psychothérapeutique. Toutes les solutions de soins sont envisagées avant la chirurgie. C'est une commission pluridisciplinaire qui décide au vu de l'échec de toutes ces alternatives si le patient doit être opéré. 
Malheureusement, tout ne se passe pas ainsi dans la réalité.

"Normalement, une personne qui va se faire opérer de son obésité en chirurgie bariatrique doit être suivie au minimum 6 mois avec un suivi régulier. Ce sont les recommandations des HCSP (Haut conseil de santé publique) mais dans la réalité, ce n'est pas du tout le cas" déplore Géraldine Guiget, médecin nutritionniste de la clinique les Lilas Bleus. "Dans le privé, on s'arrange très souvent avec les rendez-vous, les consultations et aussi à la demande des patients qui poussent vers ça parce qu'ils voient leur objectif premier qui est la perte pondérale et qui voient la médecine magique. Mais la chirurgie n'a rien de magique". 

C'est là que Baria up entre en jeu et replace l'acte chirurgical et ses conséquences dans le parcours de vie des patients en leur redonnant ce temps et les clés pour la convalescence.

Pour Marina, le protocole débute par un atelier d'échanges qui permet d'être entourée avant d'être opérée de l'estomac...
Première étape, la balance :
106 kilos pour 1m61, soit 40.9 d'IMC (indice de masse corporelle).
Au-delà de 40, la chirurgie de l'obésité est proposée... 

Préparer l'après pour éviter les rechutes 

Couper ou agrafer l'estomac est une chirurgie lourde qu'il faut expliquer pour que chaque patient puisse en mesurer pleinement les dangers. C'est l'objet des ateliers auxquels sont invités les patients. "Le risque c'est qu'entre les agrafes, il y est un petit trou comme une tête d'épingle qui crée des infections et une fistule".

L'atelier va au-delà de l'opération. La diététicienne dispense les conseils de vie du quotidien incontournables suite à une telle ablation. Par exemple, il ne faut plus boire de boissons gazeuses, il ne faut pas manger trop chaud ou trop froid.

Stéphane est bluffé. "Moi j'adore manger des glaces. Quand elle a dit ça, ça m'a fait un choc".

L'assurance maladie finance intégralement les 5 ans de ce programme d'accompagnement car la France est le deuxième pays après les Etats-Unis en nombre de personnes opérées de l'estomac, 60000 par an, et les échecs sont trop nombreux. Sans suivi, dans les deux ans qui suivent l'opération, beaucoup reprennent du poids. "Il y a un an de lune de miel avec une perte de poids massive. Pour la première fois les gens voient qu'ils peuvent perdre du poids. Ils se réapproprient leur corps. Il y a une renaissance mais ça c'est quand ça se passe bien" précise Berenice Segrestin, endocrinologue aux HCL. "Il y a aussi du post-opératoire qui peut être plus compliqué et être accompagné pour éviter la perte de masse musculaire, pour éviter le risque de dépression, c'est essentiel".

Le protocole va se développer. Chaque année, 140 patients vont passer par ces ateliers. Les Hospices Civils de Lyon sont partenaires de ce programme qui est également déployé à Lilles et Toulouse.

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