Benjamin Orenstein, l'un des derniers survivants de la Shoah, qui a consacré une grande partie de sa vie à témoigner, est mort ce mercredi 10 février à Lyon à l'âge de 94 ans, a annoncé le Crif Auvergne-Rhône-Alpes.
"Après s'être tu des années, sidéré par ce qu'il avait vécu", Benjamin Orenstein n'a cessé depuis le procès de Klaus Barbie en 1987 - "un électrochoc" pour lui - de témoigner dans les collèges et lycées sur ce passé et d'en porter sans relâche l'histoire, souligne le Conseil représentatif des institutions juives de France régional dans un communiqué.
#Crif - C'est avec tristesse que nous avons appris le décès de Benjamin Orenstein, âgé de 94 ans, à Lyon.
— CRIF (@Le_CRIF) February 10, 2021
Déporté à l'âge de 18 ans, seul survivant de sa famille, il était un témoin inlassable et digne. Nous adressons nos plus sincères condoléances à sa famille et ses proches. pic.twitter.com/RmQNbSF9wf
Né le 4 août 1926 à Annopol dans une famille juive polonaise, déporté à Auschwitz à l'âge de 18 ans (matricule "B4416"), il était jusqu'à peu président de l'Amicale des rescapés d'Auschwitz, précise le Crif, confirmant des informations de la presse régionale. Il avait reçu des mains du président du Consistoire de Lyon, Marcel Dreyfuss, en 2015, les insignes de Chevalier de la Légion d'honneur.
Isabelle Doré-Rivé, Directrice du Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon, l’a très bien connu. Elle comme ses collègues ne réalisent pas vraiment le départ de grand homme. "Je suis, bien sûr, très triste et en même temps parce que c’était une belle personne qui nous a accompagnés pendant des années. Il a pris le temps de beaucoup témoigner au centre d’histoire et de la résistance. Nous les historiens, nous avons eu une chance incroyable de travailler avec lui. On ne réalise pas vraiment qu’on ne le verra plus. Et en même temps, j’ai le sentiment d’accomplissement. C’est une personne qui a vécu jusqu’à presque 95 ans, il a fondé sa famille, d’avoir une belle carrière professionnelle…et évidemment c’était un homme très engagé. Ce n’est pas franchement le projet que les nazis avaient pour lui ! Et quelque part c’est une belle victoire, pour lui, pour le peuple juif et pour l’humanité.
Il s'était installé à Lyon après la deuxième guerre mondiale. "Sa disparition laisse un très grand vide que seuls, peut-être, pourront combler tous les jeunes qui auront eu le très grand privilège de l'entendre", souligne la présidente du Crif Auvergne-Rhône-Alpes, Nicole Bornstein.
Une pièce de théâtre, créée pour commérer les 70 ans de la libération d'Auschwitz, et un livre, "Ces mots pour sépulture", relatent sa vie et son engagement.
Le Crif Auvergne-Rhône-Alpes annonce par ailleurs le décès, mardi 9 février à Lyon, d'un autre militant de la mémoire de la Shoah et de la lutte contre l'antisémitisme, Pierre Lévy.