Une page s'est tournée dimanche 18 mars 2018 pour le biathlon féminin tricolore avec le départ à la retraite de Marie Dorin, qui aura longtemps incarné la discipline en France aux côtés de Martin Fourcade.
La boucle est bouclée pour la Lyonnaise de 31 ans, qui a mis fin à sa brillante carrière à Oslo, là même où elle avait réussi son plus bel exploit aux Mondiaux-2016 (6 médailles dont 3 en or). Et pour marquer le coup, elle a profité de son ultime week-end de compétition pour goûter une dernière fois aux joies de la victoire en Coupe du monde, samedi avec ses camarades du relais (Anaïs Chevalier, Célia Aymonier, Anaïs Bescond), avant une 20e place anecdotique lors de la poursuite dimanche.
Tout un symbole et une juste récompense pour celle qui possède un palmarès long comme le bras et surtout inégalé en France. Quintuple championne du monde et quadruple médaillée aux JO (dont l'or du relais mixte en 2018), il ne lui aura manqué qu'un Gros Globe pour compléter sa belle collection.
C'est là où s'arrête la comparaison avec Fourcade, avec qui elle a débuté au plus haut niveau. Alors que le Pyrénéen écrase ses rivaux sur tous les fronts et semble évoluer sur une autre planète que ses adversaires, Dorin aura surtout brillé en grands championnats et a eu plus de difficultés à tenir le choc sur la durée d'une saison, sa meilleure performance étant une 2e position au classement général de la Coupe du monde en 2016.
Pas de quoi toutefois nourrir de regrets à l'heure du bilan.
"Je me trouve plutôt chanceuse d'avoir fait cette carrière, a-t-elle expliqué. Cela a été de belles rencontres, de belles expériences et un beau combat. J'en ressors sereine et heureuse."
Dès ses premiers Jeux, à Vancouver en 2010, elle repart avec deux médailles (bronze du sprint et l'argent du relais). Une blessure à la cheville la prive des JO de Sotchi en 2014 mais elle se rattrapera aux Mondiaux-2015 (2 victoires), avant l'apothéose d'Oslo-2016, qui marquera les esprits et la révélera véritablement au grand public.
Dernier défi réussi
Les honneurs et les trophées n'empêchent pourtant pas les coups de blues et Dorin en aura été coutumière. Dès que ses résultats ont commencé à décliner l'hiver dernier, la Française a traîné son spleen, ayant notamment du mal à jongler entre sa maternité et les exigences de la compétition. "Marie manque cruellement de confiance, c'est dommage, confirmait en 2017 Julien Robert, l'entraîneur des Bleues. C'est son tempérament. C'est aussi le doute qui l'a fait serrer les boulons, c'est peut-être un mal pour un bien."
Malgré ses vagues à l'âme, Dorin a su se remobiliser pour réussir son dernier défi: les Jeux de Pyeongchang. Totalement hors du coup en début de saison et loin d'être assurée du voyage en Corée du sud, elle a décroché in extremis sa sélection avant d'obtenir son premier succès olympique en relais mixte, agrémenté d'un bronze en relais, devenant la biathlète française la plus médaillée aux JO.
"Après mon mauvais début de saison, j'étais très contente d'avoir terminé comme ça, a-t-elle confié. C'était de beaux moments et j'y repense avec beaucoup de bienveillance. Je suis contente d'avoir pu les vivre et d'avoir pu partager deux beaux relais. C'était vraiment une chance."
Pour Fourcade en tout cas, il n'était pas question de se passer de ses services.
"Même quand Marie était au plus bas mentalement, elle a toujours été dans les plans, avait affirmé le quintuple champion olympique à Pyeongchang. C'est une magnifique leçon de courage. Quand on a joué le haut de l'affiche pendant cinq ans comme elle l'a fait, il faut avoir une grande classe et une grande humilité pour accepter les déceptions, ne pas se faire détruire par ça et ne pas tout envoyer bâcher."
Place désormais à une nouvelle vie pour Dorin. Inscrite en Master 2 Biologie-Ecologie-Environnement, cette amoureuse de la nature s'est aussi impliquée dans un projet d'hôtellerie lié au sport dans le Vercors, sa région d'adoption.
"J'ai fini mon temps, déclare-t-elle. Derrière, il y a une équipe forte, il y aura d'autres bons résultats et on oubliera Marie Dorin." Rien n'est moins sûr.