De nombreuses espèces d'animaux vivent à nos côtés au coeur de la ville. Mais cela masque un problème : à Lyon, par exemple, ces espèces sont de moins en moins variées, et, souvent exotiques. Deux jeunes animent une association qui lance un challenge aux lyonnais pour inverser cette tendance.

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Le constat établi par l'association "Des Espèces Parmi Lyon" est, à priori, plutôt rassurant. Des dizaines de milliers d'espèces seraient présentes dans Lyon intra-muros. La présence des deux cours d'eau en est pour beaucoup, de même que ces reliefs variées qui apportent une mosaïque d'habitats pour les espèces.

Dans le 1er arrondissement par exemple, l'association et ses bénévoles ont recensé près de 80 espèces d'oiseaux, plus de 300 espèces de plantes sauvages, environ 1000 espèces d'insectes, comprenant libellules, papillons, abeilles, coléoptères, etc. "Les mammifères sont eux-mêmes bien présents, avec quelques couples de hérissons, d'écureuil roux, des fouines, différentes espèces de chauves-souris et même un chevreuil qui a fait son apparition au niveau de la Saône en 2018 ! Il s'agit pourtant de l'arrondissement le plus dense de Lyon !" expliquent ses membres. 

L'arbre qui cache la forêt... du dérèglement climatique


Malheureusement, ces chiffres réconfortants ne suffisent pas pour dire que tout va bien : la plupart des données correspondent à des espèces très communes, et les espèces peu communes rencontrées sont présentes seulement sur quelques localités, avec des effectifs généralement faibles qui ne garantissent pas forcement la pérennité de celle-ci. D'après un inventaire réalisé  dans le 1er arrondissement, 60% des espèces sont d'origine méditerranéennes ou originaire d'autres continents. Ce serait la preuve de la perturbation des habitats, d'un dérèglement climatique global, et de l'importation de plantes exotiques venues du bout du monde.

Victorine de Lachaise, cofondatrice, nous donne un exemple récent " Il y a aussi certaines espèces dont on ne trouve que 1 ou 2 individu dans tout l’arrondissement, ce qui montre à quel point ce milieu est perturbé. C’est le cas d’un crapaud, très petit, l’alyte accoucheur, qu’on a trouvé dans un seau de chantier. Ce qui tend dans ce cas à démontrer qu’il n’y a plus assez de points d’eau dans l’arrondissement pour que les espèces d’amphibiens puissent se reproduire en ville. Donc notre objectif serait de re-créer ces lieux." explique-t-elle.

Quentin Brunelle, cofondateur de l'association confirme : "Prenons l’exemple des papillons. On trouve facilement, à la périphérie de la ville, dans des secteurs comme Tassin, Charbonnières ou encore Ecully, une trentaine d’espèces diverses. Ici, en ville, seulement une dizaine d’espèces très généralistes. C’est le signe d’une biodiversité très résiduelle. Au contraire, le martinet à ventre blanc se plait plutôt en ville. Les façades des bâtiments, pour lui, reproduisent des falaises, qui facilitent sa reproduction. On voit que certaines espèces sont favorisées, tandis que d’autres fuient l’espace urbain. Au final, en ville, on trouve peu d’espèces rares ou patrimoniales."

Permettre le retour de la biodiversité en ville

« Des espèces parmi Lyon » est une association naturaliste créée en 2015 par ces deux jeunes étudiants–aujourd’hui salariés- spécialisés dans l’observation de la faune et de la flore… dans le milieu urbain. « A travers notre association, on souhaite vraiment préserver et valoriser la biodiversité en ville, grâce à différents programmes d’actions. On essaye de comprendre les interactions entre les espèces animales ou végétales et le milieu urbain. On étudie les problématiques liées au réchauffement climatique, ou encore l’effet de certaines espèces invasives, afin de permettre à la biodiversité locale de pouvoir retrouver sa place en ville

Avec quels moyens ? L’association, qui emploie au total trois salariés, est financée en partie par des subventions, notamment de la Métropole de Lyon, et est soutenue par différentes fondations, telles que la Fondation Nicolas Hulot, ou encore l’Agence de l’eau.

Comment agir ? Pour lutter contre cette tendance, l’association lance un programme « Challenges biodiversité ». Le principe : mobiliser et accompagner chaque habitant pour agir concrètement chez soi en faveur d’une vie sauvage en déclin. Le site web de cette association propose, entre autres, des fiches explicatives et autres tutos pour la création de ces mini-écosystèmes en ville.Les Volontaires peuvent même rencontrer les bénévoles qui vont les conseiller dans leur démarches, et obtenir directement du matériel ou des végétaux locaux adaptés, sous forme de boutures.

Au total, cinq challenges sont proposés. Il s’agit de planter 500 arbustes, re-créer 50 bassins végétalisés, mettre en place 50 placettes de feuilles mortes pour en faire des refuges pour petits aniamux, et également reverdir 30 murs avec des plantes grimpantes, afin de lutter contre la chaleur.

Changer les mentalités pour réussir la transition écologique

Pour ces deux passionnés, il faut dès maintenant commencer à travailler sur des chaines d’alimentation locales, notamment à travers le développement de jardins urbains. "Pour que cela fonctionne, il faut forcément des polénisateurs, qui vivent directement sur place. C’est le rôle, notamment des insectes." nous précise-t-on.

A quoi va-t-il servir de faire revenir des espèces variées en ville? « Pour réussir la transition écologique, il est nécessaire que les gens arrêtent de se dissocier des éléments naturels." explique Quentin. " Il n’est pas possible de laisser s’installer une dichotomie entre la ville et la nature. Le fait de restaurer de la nature en ville va permettre d’intégrer dans le cerveau des habitants l’importance de la nature. C’est donc un très bon levier pédagogique, un vrai outil de sensibilisation."

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