Les dégâts occasionnés par les sangliers dans les champs se monteraient à plus de 60 millions d'euros en 2021-2022. La prolifération de ces animaux pose aujourd'hui un problème aux agriculteurs. Pourtant, dans les années soixante-dix, l'homme les a élevés pour les lâcher dans la nature.
Les sangliers seraient toujours plus nombreux, en ville et dans les champs. Et avec, les dégâts qu'ils génèrent dans les parcelles agricoles. En France, aujourd'hui, leur population s'élèverait à plus d'un million d'individus, selon une estimation rapportée par la revue scientifique CNRS Le journal.
En cet automne, dans la Vienne, des agriculteurs voient leurs parcelles de maïs attaquées par l'animal. "Le grain est à un stade où il est un peu laiteux", explique Philippe Popin, agriculteur dans la Vienne, un épi de maïs à la main, à une équipe de France 2. "Le sanglier adore ça."
L'épi, en partie dévoré, est désormais invendable, "une perte sèche", renchérit l'agriculteur dont près de 15% de la récolte ont été détruits par les sangliers. "C'est un peu le ras-le-bol. On fait le maximum du semi à la récolte pour entretenir notre culture, pour qu'on ait un bon revenu de notre travail, pas pour que les animaux nous détruisent tout", poursuit-il. L'agriculteur l'assure : Il "ne peu[t] plus supporter ce genre de dégâts".
L'homme, responsable
Mais à quoi est due la prolifération des sangliers ? Dans un entretien à CNRS Le Journal, l'écologue Raphaël Mathevet constate que "un peu plus de 800 000 individus [ont été] abattus en 2021, contre 35 000 environ au début des années 1970 – soit 20 fois plus". Pour lui, "la disparition des prédateurs comme le loup et le lynx dans la première moitié du XXe siècle [apporte] une partie de l’explication".
Il ajoute le "recul des espaces agricoles dans les milieux les moins propices à la culture", "l’augmentation de la surface forestière qui (...) offre des refuges et des ressources alimentaires prisés des sangliers", mais aussi "le changement climatique, avec ses hivers plus doux, [qui] entraîne (...) moins de mortalité naturelle chez ce mammifère".
Mais pour l'écologue, la raison principale serait à chercher du côté de l'homme. Il explique que "dès les années 1970, on a élevé des sangliers pour les lâcher dans la nature ; on les a hybridés avec des porcs domestiques pour augmenter leur capacité reproductive". Selon Raphaël Mathevet, l'homme "a créé les conditions de la surpopulation de sangliers".
Reportage de Rémi Casalis et Antoine Morel
La solution aujourd'hui est de se tourner vers les chasseurs, chargés de réguler les populations. La préfecture de la Vienne organisait récemment une battue administrative. "Les sangliers qui ne vont pas être abattus, on va les retrouver dans Poitiers dans quelque temps", explique Alain Bouhet, lieutenant de louveterie dans la Vienne.
Selon le syndicat agricole, la Coordination rurale, les dégâts causés par les sangliers 2021-2022 dépasseraient les 60 millions d'euros.
Avec Rémi Casalis et Antoine Morel, France 2.