Entretenir les forêts méditerranéennes, un enjeu crucial face au réchauffement climatique et aux Mégafeux

Le syndicat des forestiers privés, Fransylva, veut inciter les propriétaires à intervenir dans leurs massifs, il met à leur disposition un outil pour identifier les aides auxquelles ils ont droit.

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Pour être en bonne santé, une forêt a besoin d'être entretenue. En Provence-Alpes Côte d'Azur, deuxième région française la plus boisée, les massifs forestiers couvrent plus d'1,7 million d'hectares. Environ les trois quarts appartiennent à des propriétaires privés et parmi ces 400 000 forestiers privés, la majorité sont des particuliers. Ces chiffres illustrent la complexité de l'enjeu dans la préservation de la biodiversité et la lutte contre le changement climatique. Un rôle crucial que souligne le syndicat des forestiers privés Fransylva, qui s'efforce d'inciter ces propriétaires privés à entretenir leurs massifs.

Entretenir les forêts qui ne sont plus exploitées

"C'est d'autant plus important dans notre région, où la forêt n'est plus exploitée depuis longtemps", note Gérard Gautier, président de Fransylva 13. La forêt méditerranéenne s'est fortement développée depuis un siècle, en se constituant sur les espaces laissés vacants par l'abandon d'activités agricoles et d'élevage. Les garrigues rocailleuses, parcourues par les nombreux troupeaux d'ovins et de caprins, sont progressivement devenues des massifs forestiers. Mais alors que cette jeune forêt s'épanouissait sur notre territoire, la filière bois, elle, déclinait au profit du pétrole et de l'acier.

"On a oublié le bois, ce qui fait que nos arbres des forêts méditerranéennes n'ont plus été exploités, nos forêts ont été quelque peu abandonnées parce qu'il n'y avait plus l'usage du bois", note Gérard Gautier président de Fransylva 13.

"Aujourd'hui, en Paca, il n'existe pas un seul propriétaire de forêt, y compris ceux qui ont plus d 100 hectares, qui vit de sa forêt", ajoute-t-il, contrairement à d'autres régions, comme l'Aquitaine, l'Est ou le Limousin.  

"Le chêne pubescent est en train de dépérir"

En conséquence, "on a de plus en plus des forêts dans un état naturel", et qu'on ne s'y trompe pas, ce n'est pas une bonne nouvelle. "La forêt s'est extrêmement refermée, le milieu s'est densifié, la biodiversité a évolué, on ne trouve plus de bartavelles comme au temps de Pagnol, des perdreaux de moins en moins, par contre comme la forêt s'est fermée il y a de plus en plus de sangliers", explique Gérard Gautier. 

Dans un contexte de réchauffement climatique et les problèmes liés à l'eau, l'enjeu est primordial, car là où la forêt méditerranéenne n'est pas entretenue, la biomasse allégée, des espèces dépérissent. "Les gens qui n'ont pas l'habitude ne le voient pas, ils contemplent toujours la belle carte postale des Maures, mais quand on regarde de près, on s'aperçoit que depuis dix ans, le chêne pubescent est en train de dépérir très fortement, il y a beaucoup de mortalité et de moins en moins de pousses". Le constat vaut aussi pour le chêne vert ou le pin d'Alep. Des arbres qui meurent ou se dessèchent, avec les risques que l'on connaît. "Le jour où il y a un incendie, c'est dramatique", alerte le président de Fransylva 13.

Aider à la régénération des forêts

"Chez nous, le problème, ce n'est pas de planter des arbres, c'est de faire en sorte que les arbres que nous avons soient en bonne santé, continuent à croître et à se reproduire, c'est un problème de régénération, et pour qu'il y ait de la régénération, il ne fait pas que les forêts soient trop fermées, sinon elles étouffent les petits qui naissent." 

Cette régénération passe notamment par des travaux sylvicoles comme le dépressage, une réduction de la densité de certaines pour favoriser leur croissance. Des travaux coûteux, à la charge des propriétaires. Et malgré les aides, le reste à charge peut atteindre 60% de la facture.

Pour Gérard Gautier, la meilleure façon d'inciter les forestiers privés à agir serait de leur permettre un retour sur investissement par la vente du bois. Le syndicat se bat ainsi depuis 10 ans pour la relance d'une valorisation du pin d'Alep en bois d'œuvre, notamment en menuiserie et ameublement. 

La menace des mégafeux

Par ailleurs, Fransylva estime qu'un propriétaire forestier français sur deux renonce aux aides auxquelles il peut prétendre en raison de la complexité de la démarche ou de la difficulté d'accéder aux informations. 

Convaincre de passer à l'acte maintenant, avant qu'il ne soit trop tard, c'est l'objectif de Fransylva. Car le dépérissement progressif de nos forêts passe inaperçu... sauf aux yeux des scientifiques qui ne cessent de tirer la sonnette d'alarme. "Ils nous disent attention, si on ne fait pas quelque chose nos arbres vont dépérir, ça va dessécher, et le jour où il y a un incendie, ce ne sera pas un grand feu", comme celui qui a ravagé le Var sur plus 3500 hectares en 2017, explique Gérard Gautier. "Le jour où il y a un Mégafeu qui part de Cassis et qui s'arrête après Toulon, qu'est-ce qu'on fait ? et les scientifiques le disent, c'est dans le domaine du possible, s'inquiète le président de Fransylva 13, "si trois ou quatre feux de grande taille démarrent en même temps, c'est là que ça peut prendre des proportions considérables"

Les Mégafeux, sont aujourd'hui responsables de plus de la moitié des surfaces brûlées sur la planète et ils ne sont plus l'apanage de l'Australie ou des États-Unis. Et la France n'est pas épargnée. En juillet 2022, plus de 21 000 hectares sont partis en fumée en Gironde. Selon un rapport pour le Programme des Nations unies pour l’Environnement de février 2022, leur nombre va augmenter de 50% d'ici à 2100.

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