Le procès de six hommes interpellés en 2017 après le braquage d'un fourgon en Suisse, représentant un butin record de plus de 40 millions de francs suisses, soit plus de 42 millions d'euros, doit s'ouvrir ce 22 janvier devant la cour d'assises à Lyon. La moitié des accusés est en fuite. Le procès doit durer 6 jours.
Plus de six ans après les faits, après deux renvois, les auteurs présumés d'un braquage commis en Suisse devraient être jugés devant les assises du Rhône, à Lyon.
Six hommes accusés d'avoir commis ce braquage en mai 2017 doivent être jugés du 22 au 29 janvier 2024. Ils doivent notamment répondre de "vol en bande organisée avec arme" et "enlèvement et séquestration" des deux convoyeurs de fonds, pour cette attaque menée avec des fusils d'assaut. Âgés de 39 à 54 ans, la plupart sont déjà connus de la justice.
Joints par l'AFP la semaine dernière, leurs avocats se disaient sans nouvelles de trois des accusés manquants, considérés comme "délibérément en fuite" et sous mandat d'arrêt.
Deux renvois
Prévu initialement en novembre 2021, ce procès avait été renvoyé une première fois, car un des prévenus avait contracté le Covid. La cour d'assises du Rhône avait estimé "nécessaire de juger les six accusés ensemble".
Le procès aurait dû se tenir il y a un an. Mais en janvier 2023, confrontée à l'absence de trois accusés sous contrôle judiciaire, la cour avait décidé de renvoyer une nouvelle fois les débats. Un mandat d'arrêt avait été émis contre les absents considérés comme "délibérément en fuite". Le procès de ce braquage de convoi de fonds au butin record doit s'ouvrir ce lundi matin, 22 janvier, devant la cour d'assises à Lyon malgré l'absence de trois
des six accusés, toujours recherchés.
Opération commando
Le braquage a eu lieu dans la nuit du 23 au 24 mai 2017, dans le canton de Vaud, entre Genève et Lausanne. Le fourgon banalisé de la société Loomis a été intercepté par des individus armés et encagoulés sur une bretelle d'autoroute, près de Nyon. Une véritable opération commando.
Les convoyeurs ont été menacés et ligotés, puis emmenés dans les coffres de deux voitures. Pendant ce temps, un des braqueurs prenait le volant du fourgon jusqu'à un chemin rural situé près de Divonne-les-Bains, quelques kilomètres plus loin, de l'autre côté de la frontière franco-suisse. Les malfaiteurs ont vidé le véhicule et l'ont incendié. C'est près de Divonne-les-Bains que les deux convoyeurs de fonds ont été retrouvés, indemnes mais choqués.
Interpellation en Haute-Savoie
Les malfaiteurs, originaires pour la plupart de la région lyonnaise, ont été interpellés dans une villa de Chavanod, près d'Annecy, en Haute-Savoie. Ces arrestations ont eu lieu quelques heures seulement après l'attaque du fourgon, au petit matin.
Six hommes ont été arrêtés en possession d'un butin constitué de billets de banque de différentes devises entassés dans des sacs. Ils avaient également en leur possession quatre lingots d'or et plusieurs milliers de pierres précieuses. Difficile à l'époque pour les enquêteurs de chiffrer précisément le butin. "Nous avons trouvé, en deux fois, 25 sacs remplis de billets. Je n'en avais jamais vu autant. Beaucoup de devises : des francs suisses, des yens, des euros, des dollars et quatre lingots d'or de plusieurs kilos chacun ", avait confié Francis Choukroun, directeur interrégional de la Police judiciaire de Lyon, une semaine après les interpellations.
La valeur totale du butin a finalement été évaluée à plus de 40 millions de francs suisses, soit quelque 42,3 millions d'euros au cours actuel.
Outre l'argent et les valeurs, plusieurs armes ont été retrouvées sur place, dont cinq fusils d'assaut et différents accessoires utilisés pour le braquage. Des empreintes d'ADN de plusieurs suspects ont été relevées sur les objets saisis.
Série de braquages en Suisse
Cette affaire s'inscrit dans une série de spectaculaires attaques de convoyeurs de transport de fonds imputées au banditisme lyonnais et perpétrées en Suisse. Au cours des huit dernières années, au moins huit braquages ou tentatives ont été commis dans différents cantons suisses. Souvent, les malfaiteurs ont bénéficié de renseignements sur le parcours et les systèmes de sécurité des fourgons.
Les interpellations en flagrant délit menées après le braquage du Canton de Vaud représentent une belle réussite pour la brigade de recherche et d'intervention (BRI) de la police judiciaire de Lyon.
Des recoupements ont en effet permis de détecter la présence des suspects en France quelques heures après l'attaque du fourgon de la société Loomis. Grâce à plusieurs mois d'une surveillance lancée sur la base d'un renseignement, la brigade antigang avait en effet identifié plusieurs boxes et surtout cette villa de Chavanod, considérée comme une possible base de repli.
Connus de la justice
Deux des hommes qui vont être jugés à partir de ce lundi 22 janvier sont connus de la justice. Ils ont déjà été condamnés à Genève en 2013 à des peines de cinq et sept ans d'emprisonnement pour "brigandage". Un troisième a aussi été condamné pour des faits similaires en France.
Les accusés encourent une peine maximale de trente ans de réclusion criminelle et la réclusion criminelle à perpétuité pour ceux qui se trouvent en état de récidive légale. Deux accusés ont effectué jusqu'à quatre ans de détention provisoire dans le cadre de ce dossier. Ils avaient été libérés après l'expiration des délais maximaux de détention. Les débats sont prévus sur six jours, jusqu'au lundi 29 janvier.