Budget des universités dans le rouge : "C'est une situation propre à l'ensemble des établissements d'enseignements supérieurs publics"

L'université Lumière Lyon 2 et l'ENS de Lyon en difficulté financière. Leurs présidents dénoncent notamment des mesures salariales non compensées depuis 2022. Les deux établissements d'enseignement supérieur publics annoncent des budgets prévisionnels pour 2025 largement déficitaires.

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Les présidents d'université montent au créneau: ils se sont mobilisés d'une manière "inédite" ce mardi 3 décembre face aux restrictions budgétaires "intenables" demandées par le Gouvernement après déjà, selon eux, plusieurs années de sous-financement. 

Déficits

Mardi 3 décembre, à Lyon, la présidente de l’université Lyon 2 et le président de l’ENS de Lyon étaient réunis par ces mauvaises nouvelles budgétaires. Les deux responsables d'établissement d'enseignement supérieur ont tenu une conférence de presse commune. Ils ont évoqué leurs difficultés financières dans le cadre d'une journée "Universités en danger".

La présidente Isabelle von Bueltzingsloewen a annoncé un budget prévisionnel 2025 en déficit de 8,4 millions d'euros. Même situation pour l'ENS de Lyon, Le président Emmanuel Trizac prévoit un budget déficitaire 2025 de 6,7 millions d'euros

"On s'apprête à faire voter par notre conseil d'administration, un budget déficitaire de 8,4 millions d'euros. Ce qui est totalement inédit. Ni notre conseil d'administration, ni le rectorat qui contrôle nos dépenses n'auront jamais vu ça. Mais ce n'est pas une situation propre à Lyon 2, elle est propre à l'ensemble des établissements d'enseignements supérieurs publics", a expliqué la présidente de l'Université Lyon 2.

"Dans le mur"

Comment expliquer la situation ? Les mesures salariales prises par l'Etat depuis 2022 mais non compensées sont en cause. "Il a ponctionné notre dotation annuelle, notre financement". "On alerte depuis ce moment-là sur le fait qu'à un moment on va prendre le mur parce qu'on n'arrive plus à absorber toutes ces mesures salariales", assure la présidente de Lyon 2.
Mais ce n'est pas la seule chose. L'inflation est aussi en cause. La hausse du coût de l'énergie et des matériaux. Problème pour le site de Bron est en cours de rénovation.

Ces déficits ne sont pas le résultat d'une mauvaise gestion. Mais le résultat de ponctions assez inattendues sur notre dotation.

Isabelle von Bueltzingsloewen

Présidente de l'Université Lyon 2

Or, le projet de loi de finances augmente encore les contributions et prélèvements. Elle concerne notamment une augmentation du régime des retraites sans compensation.

"Mauvaises pistes"

Pour la présidente de Lyon 2, les pistes envisagées pour faire face à ce déficit sont "de mauvaises pistes". Si une mesure a déjà été prise, elle a déjà fait grincer des dents. "Pour l'instant, on a simplement retardé le recrutement d'un certain nombre de postes d'enseignants-chercheurs partis à la retraite. On les a simplement décalés d'un an. Ça a été une mesure très mal accueillie par l'établissement et je le comprends (...)", explique Isabelle von Bueltzingsloewen. "On est une université de sciences humaines et sociales. On est chroniquement sous-dotée. Deux tiers de nos enseignements sont effectués par des vacataires", rappelle la présidente de Lyon 2.

Isabelle von Bueltzingsloewen évoque aussi la piste d'un abandon des travaux pour redresser les finances de Lyon 2. "L'autre solution, c'est  d'abandonner toute rénovation bâtimentaire et on en paiera le prix dans quelques années. Voire peut-être tout de suite car on connaît l'état vétuste de certains de nos bâtiments", a-t-elle prédit.

Services de santé, accompagnement culturel, aide aux étudiants handicapés ... Lyon 2 espère cependant ne pas devoir toucher aux aides qu’elle apporte aux étudiants. Ni aux formations proposées. "Après la crise du Covid, l'Etat nous a poussés à développer toutes sortes de services aux étudiants et c'est bien normal (...). La question est de savoir s'il ne va pas falloir réduire cette aide et aussi notre offre de formation", s'interroge la présidente de Lyon 2. "Ce sont des mauvaises pistes que l'on ne souhaite pas explorer", a assuré cette dernière.

Quelle réponse de l'Etat ?

Pour les présidents d'université, la solution doit venir de l'Etat. Les établissements attendent un revirement du gouvernement à l’heure où l’on vote pour renouveler les présidents d’universités. "La seule solution vient de l'Etat en arrêtant de ponctionner des sommes supplémentaires à tout bout de champ et rendre l'argent qui a été prélevé sur nos finances depuis 2022", a indiqué Isabelle von Bueltzingsloewen.

Dans un communiqué du 3 décembre, le ministre de l'Enseignement supérieur Patrick Hetzel a réagi à la mobilisation des responsables de l'enseignement supérieur public, en affirmant qu'une "révision en profondeur du système d'allocation des moyens alloués aux universités est indispensable". Le communiqué de son ministère rappelle que dans le cadre d'"un effort de solidarité nationale demandé à l'ensemble des opérateurs publics", des économies "de l'ordre de 350 millions d'euros" ont été demandées aux établissements d'enseignement supérieur. "Cette somme, représentant environ 3% du budget cumulé des universités, découle principalement de mesures salariales et de la prise en charge des pensions de retraite", rappelle le texte.

Le ministère considère que ces efforts "peuvent être absorbés en 2025 par une majorité des établissements" mais reconnaît qu'une "dizaine" pourrait "rencontrer des difficultés financières accrues". Il assure qu'"aucun établissement ne sera laissé sans solution". "Le cas échéant, des interventions financières ciblées seront effectuées en temps utile", indique le communiqué sans davantage de précisions.

L'actualité politique qui se joue à l'Assemblée nationale pourrait toutefois rebattre les cartes.

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