Des dirigeants de PME prometteuses sont reçus à l'Élysée, ce mardi 21 novembre 2023. Emmanuel Macron va leur présenter un programme qui doit faciliter leur développement pour devenir des entreprises de taille intermédiaire (ETI). Parmi les sélectionnées, dix sont d'Auvergne-Rhône-Alpes.
C'est un plaisir que seul Emmanuel Macron produit chez les entrepreneurs. "C'est quelque chose de dingue !", nous dit Eric Boel à propos du projet ETIncelles lancé ce matin par l'Élysée. Depuis un an, son entreprise des tissages de Charlieu teste ce programme qui doit permettre aux PME (jusqu'à 250 salariés) de devenir des ETI (de 250 à 4.999 salariés).
L'objectif du programme, selon l'Élysée, est de "fluidifier les relations des entreprises avec l'État, lever les blocages administratifs à la croissance des entreprises et remporter la bataille de l'export".
Ouverture d'usine anticipée
Depuis un an, Eric Boel a un interlocuteur unique pour ses démarches auprès de l'État. "Cela nous aide pour des problèmes administratifs où on peut avoir des délais prévisibles très longs qui ralentissent notre évolution entrepreneuriale. Ça accélère les procédures".
L'entrepreneur devient plus concret. "Le 30 novembre, on va inaugurer une nouvelle usine." Le chef d'entreprise sera fier d'y présenter une machine qui prend de vieux vêtements pour trier les fils et les boutons, "et faire de déchets textiles une matière première de qualité". "On double notre nombre de salariés pour passer de 70 à 140. Sans le programme ETIncelles, nous n'aurions ouvert que dans six mois !" Voilà de quoi faire briller les yeux de ce défenseur de l'économie circulaire qui a réussi à rapatrier la fabrication de 10 millions de cabas de caisse Auchan et Système U de la Chine vers la France, grâce à des matières recyclées.
Une vision sur l'avenir
De son côté, le fabricant drômois de jeans 1083 est arrivé plus tard dans le programme ETIncelles. Et l'enthousiasme de son directeur, Thomas Huriez, est comparable à celui d'Eric Boel. "Nous avons été choisis il y a quelques mois par l'Élysée car on est une PME avec un potentiel de développement. Le programme ETIncelles, c'est toute une série de contacts et de facilitateurs à qui on a expliqué nos enjeux".
Il y a 10 ans, Thomas Huriez et son frère se lançaient seuls. Aujourd'hui, ils sont 105 collaborateurs, fabriquent 50.000 jeans par an sur un marché de 67 millions de jeans en France. "Ça laisse un peu de place" sourit Thomas Huriez qui défend, comme Eric Boel, la production locale.
Cette hausse de production fulgurante est compliquée à gérer pour Thomas Huriez. "On n'avait pas prévu ça il y a dix ans, alors on est toujours embêté de connaître nos ambitions dans le futur. Notre enjeu, c'est de se développer industriellement". Et pour cela, il faut un chef d'orchestre. "Pour se développer, il faut atteindre des seuils, ouvrir des magasins, des ateliers, des formations... Plus on grandit, plus on doit synchroniser tout cela". Après quelques mois dans ce programme, Thomas Huriez sent que son interlocuteur unique peut l'y aider.
L'entrepreneur pense que l'État devra agir également sur d'autres leviers pour relancer l'industrie. "Il y a deux choses importantes pour se développer, c'est la commande publique et la valorisation des métiers manuels. Une usine, ça produit des émotions. C'est magique de voir une usine synchronisée qui tourne comme une horloge !"
En revanche, quand l'Élysée parle de "remporter la bataille de l'export", nos deux entrepreneurs ne se reconnaissent pas. Installés dans leur époque, ils parlent de produire et de vendre localement pour protéger l'environnement.