C'est un moulage du 19e siècle qui nécessite une longue restauration. Cette copie en plâtre de la Porte du Paradis était en morceaux, dans les réserves du musée des moulages de Lyon. Une équipe de restaurateurs s'employe depuis septembre à rendre sa splendeur à cette pièce monumentale. La restauration devrait être achevée en juin.
C'est une copie de plâtre, de l'une des œuvres les plus magistrales de la Renaissance. La Porte du Paradis de Lorenzo Ghiberti, conçue entre 1425 et 1452. Il s'agit de la porte d'honneur située côté est du baptistère de Florence. Sur ces dix panneaux de bronze, des scènes bibliques de l'Ancien Testament. Plusieurs moulages ont été réalisés au 19ᵉ siècle. Le musée des moulages de l'université Lyon 2 détient un des deux ou trois derniers exemplaires connus en France à ce jour. L’exemplaire lyonnais est une œuvre remarquable. Il était en très piteux état et n'a jamais été exposé.
Puzzle géant
Depuis septembre dernier, et durant près de huit mois, une équipe de huit restaurateurs s'est activée autour de cette copie de la Porte du Paradis dans l'atelier du musée des Moulages à Lyon. Un puzzle géant de près de 150 pièces qu'il a fallu assembler. "Il faut remettre les parties en place, les liaisonner, pour pouvoir le présenter dans le bon sens", explique Fanny Grué, l'une des restauratrices de l'œuvre. Chaque panneau de plâtre fait environ 110 kg, la manipulation est particulièrement délicate.
Assembler la porte est une tâche complexe. "Il faut que la liaison mécanique entre une pièce du puzzle et le reste du panneau soit suffisamment solide pour résister à la pression verticale et à une sollicitation dans le sens du cisaillement", précise la spécialiste.
Autre défi pour les restaurateurs : rendre au moulage sa patine. Son aspect, sa finition, mais aussi la traduction de l'intention de l'artiste de la renaissance. " Lorenzo Ghiberti a passé 40 ans sur l'œuvre originale. Après la fonte du bronze, il est revenu ciseler la surface en direct. Sur le moulage, on sent cette nervosité qui a été traduite. C'est d'une grande technicité de réaliser un moulage de cet ordre, avec ces dimensions monumentales, c'était un savoir-faire exceptionnel", assure Fanny Grué. Pour la restauratrice, ce moulage en plâtre est une œuvre à part entière.
Présentation au public
"Ce moulage de la Porte du Paradis appartient au musée des moulages depuis 1936. Il est démonté depuis cette période. Il a voyagé de caves en réserves, il a subi beaucoup de déplacements, il s'est beaucoup dégradé. L'idée, c'est de lui redonner sa lisibilité, celle d'une porte de 5 mètres de hauteur et de pouvoir la présenter au public", a expliqué Sara Betite, attachée de conservation du patrimoine, responsable du Musée des Moulages, Université Lumière Lyon 2. L'exemplaire lyonnais restauré devait être visible à partir du mois de juillet. La porte fera ainsi partie du parcours permanent du musée.
Patrimoine artistique et pédagogique
Le musée des moulages de Lyon existe depuis 1899. C'est un lieu unique qui offre au public la possibilité de découvrir de nombreuses œuvres d’art à travers une collection de reproductions réalisées à la fin du XIXe siècle. La riche collection illustre l'évolution de la sculpture et des styles depuis la Grèce archaïque. Il abrite environ 2 000 pièces, moulages antiques, médiévaux, renaissance et modernes. Des pièces, grandeur nature. L'exposition permanente expose près de 200 moulages. Le musée possède des reproductions d'œuvres très célèbres comme l'Aphrodite de Cnide, le groupe de Laocoon, la Victoire de Samothrace ou encore la Vénus de Praxitèle.
Ces représentations fidèles, réalisées en plâtre, sont le témoignage d’un savoir-faire et possèdent une réelle valeur patrimoniale et historique. Elles avaient aussi une vocation pédagogique. Le musée était dévolu à l’enseignement de l’histoire de l’art et de l’archéologie.
Musée des moulages : : 87 Cours Gambetta, 69003 Lyon