C'est l'une des conséquences de la forte canicule actuelle : pour limiter le pic de pollution, seules les voitures disposant d'une vignette Crit'Air de classe 0 à 2 peuvent circuler à Lyon et Villeurbanne, mercredi 26 juin. La police multiplie les contrôles, et les amendes.
Depuis 05h00, mercredi 26 juin, la circulation différenciée est en place à Lyon et Villeurbanne, en anticipation du franchissement du seuil d'alerte de niveau 2 de pollution à l'ozone.
La vignette, un sésame obligatoire aujourd'hui
Les véhicules qui ne disposent pas de la vignette Crit'Air de classe 0, 1 ou 2 ne peuvent pas circuler sur les villes de Lyon et Villeurbanne, hormis certaines voiries comme le périphérique nord et les autoroutes A6, A7 et A42, précise la préfecture.
Selon nos informations, plusieurs points de contrôle sont mis en place à Lyon, avec de nombreuses verbalisations. Des dizaines de voitures arborant une vignette de classe 3 ou plus sont mises à l'amende : il en coûte 68 euros pour les contrevenants (minoré à 45 euros en cas de paiement dans les 15 jours). 4 points de contrôles fixes sont en place, et d'autres contrôles aléatoires et mobiles circulent dans les deux villes.
Interrogée, la préfète Emmanuelle Dubbée, déléguée à la défense et à la sécurité du Rhône, affirme que la priorité est donnée, aujourd'hui, à la pédagogie et à l'information : "Il y a beaucoup d'approches pédagogiques. Priorité est donnée à la communication pour ce premier jour, avec de la tolérance pour les personnes qui travaillent de nuit ou certains cas particuliers" précise-t-elle. Une cellule d'information du public a été mise en place à la Préfecture du Rhône. La préfète invite les usagers de la route à privilégier les parkings relais, ou les transports en communs avec notamment le Tick’air, un ticket spécial pollution du Sytral à 3€ pour voyager toute la journée.
Aucun bilan officiel sur les contrôles routiers n'était disponible à la mi-journée.
La mesure est prolongée une deuxième journée jeudi 27 juin, il devrait y avoir "plus de verbalisations, et moins de tolérance" et de pédagogie selon la préfète.
Pour ceux qui n'auraient pas encore acquis la fameuse vignette, ils peuvent effectuer la démarche en ligne; un récépissé est alors délivré et peux être présenté en cas de contrôle.
65% des véhicules bloqués
Sur le territoire, cette exclusion des véhicules les plus polluants concerne près de 65% des véhicules. Le président de la Métropole de Lyon, David Kimelfeld, avait demandé lundi 24 juin au gouvernement la mise en place de cette circulation différenciée sur le bassin lyonnais face à la canicule. Il a remercié dans un communiqué "le ministère de la Transition écologique d'avoir entendu son appel. Compte-tenu de l'épisode de canicule, il était primordial, pour la santé des habitants que nous prenions par anticipation les mesures qui s'imposent" a-t-il précisé.
38° à Lyon
Une température de 38 degrés est attendue à Lyon mercredi, et 39° jeudi. La canicule actuelle est un épisode sans précédent par son intensité et sa précocité, et ce depuis 1947 et l'établissement de relevés détaillés, souligne Météo-France. Avec le réchauffement climatique, les scientifiques anticipent des vagues de chaleur deux à trois fois plus nombreuses, et plus étendues entre mai et octobre, d'ici la fin du siècle.
Vers une hausse des pics d'ozone
Marie-Blanche Personnaz, directrice de Atmo Auvergne-Rhône-Alpes était l'invitée d'Olivier Michel dans le 19/20 du mardi 25 juin : "Cela ne me surprend guère: à problème exceptionnel, mesure exceptionnelle" dit-elle d'emblée.
La Métropole et la Préfecture ont anticipé très rapidement ces mesures de circulation alternée, une bonne nouvelle selon elle : "cela permet d'avoir une grande anticipation, parce que ce que l'on prévoit, c'est quand-même un épisode intense et long. Le fait de commencer déjà le lundi nous a permis de mettre en place un certain nombre de recommandations sanitaires qui sont indispensables."
Le laboratoire mesure pour les autorités la qualité de l'air. "On est encore en période d'activités maximales (en dehors des périodes de vacances). Ces émissions, sous l'effet de la chaleur, et surtout des UV, se transforment. Il y a une soupe chimique qui commence à se faire, et qui donne un certain nombre de composés dont l'ozone, qui est un irritant des voies respiratoires et oculaires très puissant, et qui a également un effet sur le système cardio-vasculaire." Les personnes les plus fragiles sont les exposées. "Et en plus, on a un mauvais alignement de paramètres, puisqu'en même temps on a un pic pollénique puisqu'on est en indice 4 à 5 sur certains territoires sur les graminées ou de pin. Ce sont des réactions très complexes. L'ozone va être produit en journée et va être consommé pendant la nuit quand il n'y aura plus d'UV. A la campagne, il va s'accumuler. L'ozone n'a pas que des effets sanitaires, mais aussi des effets sur les récoltes."
Marie-Blanche Personnaz confirme que ce type de pollution à l'ozone va s'aggraver à l'avenir : "oui, malheureusement. Avec le changement climatique et les augmentations de températures et surtout des épisodes caniculaires on va voir se multiplier sans doute ce type d'épisodes d'ozone. Nous ce que l'on mesure sur le réseau, c'est une augmentation moyenne de l'ozone d'années en années. Sur 2018 on a eu 30 journées qui étaient touchées par des épisodes de ce type. On verra pour cette année. Mais globalement oui on va sans doute vers une aggravation de ce type de pollution. Il va falloir, comme pour les particules, prendre des mesures sur de vastes territoires."
"Un pic d'ozone phénoménal"
Thierry Philip, vice-président en charge de l'environnement à la Métropole de Lyon, défend cette mesure de répression : "On a tellement de chaleur qu'un pic d'ozone phénoménal, dans toute la région Rhône-Alpes et évidemment la Métropole, et ce que l'on veut, c'est protéger la santé de nos concitoyens. C'est efficace de diminuer la vitesse, c'est efficace de faire de la circulation (différenciée)."
Bilan de l'opération
- 201 véhicules ont été contrôlés dont 95 non résidents et 106 véhicules transportant desmatières dangereuses ;
- 18 % des véhicules étaient en infraction (certains cumulant plusieurs infractions) :
- 5 délits relevés : 3 relatifs à une mauvaise utilisation du chronotachygraphe, 1 relatif à
du travail dissimulé et 1 relatif à un défaut de licence transport ;
- 17 contraventions de 5ème classe (1 500 euros maximum) relevées dont 12 infractions
relatives à des non-respects de la réglementation liée aux transports de matières
dangereuses (équipements de sécurité manquants ou non conformes, absence de
certificat d’agrément, défaut d’arrimage), 3 relatives à la réglementation sociale