Après trois années de galère marquées par la sécheresse, les apiculteurs des Pyrénées-Orientales semblent connaître, cette saison, un peu de répit. Les pluies de printemps ont été bénéfiques pour les plantes et donc pour les abeilles. Une bonne nouvelle pour la profession qui reste cependant fragilisée.
Equipée de sa combinaison blanche, Nathalie Pou prépare ses ruches pour l'hiver. L'apicultrice travaille en transhumance, et vient de descendre ses abeilles de la montagne où elles ont passé ces derniers mois.
On a fait une bonne saison de printemps et d'été. Nos ruches reviennent assez fortes.
Nathalie Pou, apicultrice à Saleilles
Installées sur une vaste garrigue à Saleilles, bien calées au sol, en rang serré les unes à côté des autres, les ruches bourdonnent à tout va. Signe que la colonie se porte bien. Les pluies du printemps ont provoqué une belle floraison dont les abeilles ont pu tirer bénéfice.
Les plantes ont profité des pluies du printemps pour s'épanouir et donner à nos abeilles le fameux nectar pour faire nos miels.
Nathalie Pou, Apicultrice à Saleilles
De quoi redonner espoir à une profession profondément marquée ces trois dernières années. Reconnu en calamité sécheresse l'an passé, le département devrait multiplier par quatre les volumes de production. Cette saison, tous les signaux semblent repartir au vert. Et si tout n'est pas parfait, les apiculteurs veulent y croire. Ils espèrent maintenant une belle mise en route pour le printemps prochain.
Cette saison s'est bien passée. Nous avons enfin retrouvé une saison normale. Parce qu'il faut dire que depuis trois ans c'était compliqué avec une production catastrophique. Cette année, nous avons fait une saison normale. Je dis bien normale, pas exceptionnelle. C'est ce qu'on faisait il y a quatre ou cinq ans en arrière.
Nathalie Pou, apicultrice à Saleilles
Une profession fragile
Les années qui viennent de s'écouler ont mis à rude épreuve abeilles et apiculteurs. Les colonies ont beaucoup souffert du manque d'eau. Les apiculteurs ont même été contraints pour la plupart de les nourrir pour ne pas les laisser mourir. "Obligés de les nourrir, de les soigner pour au final ne pas avoir de miel", confie Nathalie. Et si cette année le bilan s'annonce enfin positif, cela ne rattrapera pas les difficultés accumulées : changement climatique, pesticides, frelon asiatique et maladie du varroa, une maladie parasitaire qui attaque les abeilles et détruit la colonie.
Apiculteur depuis 40 ans, Michel Barcelo, reste prudent quant à l'avenir de la filière pour qui le quotidien est un combat permanent. Président de la miellerie coopérative d'Ortaffa, il constate que les apiculteurs sont de moins en moins nombreux à produire du miel. Face aux aléas du changement climatique et à la baisse continue de la production, les professionnels trouvent des solutions pour survivre avec notamment une mutualisation des moyens de production et de commercialisation.
On a anticipé depuis déjà plusieurs années en créant un espage partagé, coopératif. Réunir les moyens pour améliorer le sort de chacun. On s'aperçoit qu'il y a de moins en moins d'apiculteurs sur le plan local. Créer ce pôle, c'est essayer de sauvegarder une filière sur le territoire.
Michel Barcelo, apiculteur et président de la miellerie coopérative d'Ortaffa
Créée en 2021, la miellerie coopérative d'Ortaffa compte aujourd'hui 13 apiculteurs. Tous souhaitent aujourd'hui poursuivre leur activité, en espérant que les chiffres de production repartent à la hausse.
Écrit en collaboration avec Amy Mac Arthur et Frédéric Savineau.