Canicules : végétalisation, ilots de fraîcheur, réseaux de froid urbains... Lyon s'adapte au dérèglement climatique

À Lyon, le thermomètre devrait afficher jusqu'à 36°C en fin de semaine, signant un retour des fortes chaleurs. Entre la création d'ilots de fraicheur, la végétalisation de certains espaces et le développement de réseaux de froid urbains, la Métropole de Lyon s'adapte à ces vagues de chaleur successives.

Jusqu’36°C attendus à Lyon vendredi 19 juillet. Après un mois de juin pluvieux et assez frais, les fortes chaleurs font leur retour à Lyon. L’année dernière, la ville avait battu des records de température, dépassant les 40 °C.  

De quoi décourager les habitants de sortir de chez eux. En effet, les villes concentrent généralement la chaleur du fait des activités humaines.  

Le phénomène n’est pas nouveau et au sein même des collectivités, il peut varier. Par exemple, “On sait que tout l'est lyonnais et le centre sont carencés en termes de végétation”, explique Aurore Cambien, chargée de mission Transition et Résilience à la Métropole. 

“Et donc, s'il y a des priorités à avoir, c'est effectivement d'essayer de travailler ce rééquilibrage entre un ouest qui a un accès plutôt favorisé à des espaces de nature et des espaces de végétation et l'est du territoire qui va être beaucoup plus carencé de ce côté-là”, ajoute-t-elle.  

Végétaliser les espaces publics et privés 

Car le premier moyen d’action privilégié par les collectivités territoriales, à l’instar de la Métropole lyonnaise, reste la végétalisation. Les arbres font office de climatiseurs naturels grâce au phénomène d’évapotranspiration. Pour résumer, les arbres pompent l’eau du sol grâce à l’irrigation. Cette eau se transforme rapidement en vapeur d’eau sur les feuilles et créer un effet de rafraîchissement.  

"Au cours des trois derniers mandats, on plantait 1.200 à 2.000 arbres par an. Cet hiver, on en a planté 52.000", souligne Pierre Athanaze, vice-président à la Métropole. La rue Garibaldi dans le 3ᵉ arrondissement de Lyon illustre ce travail. En 2017, des centaines d’arbres ont été plantés. Entre un espace avec "un platane tous les 14 mètres" et des "bulles de végétation"

, la différence est de plus de 4°C, jusqu'à 7,6°C en cas de canicule, rapporte Pierre Athanaze. 

La végétalisation s’invite jusque dans les établissements privés et les cours d’immeubles. “Aujourd'hui, la Métropole accompagne les bailleurs et les copropriétés. On est à quasiment 200 résidences accompagnées pour intégrer de la végétation au plus près de l'habitat de tous”, explique Aurore Cambien. Ces zones privées représentent 70 % des espaces verts (hors terres agricoles ou forêts) du territoire. La collectivité finance une partie de cette végétalisation ainsi que l’accompagnement par des associations ou des paysagistes afin de choisir des plantes adaptées au climat futur.  

De la végétalisation à la construction d'îlots de fraîcheur  

Rue Garibaldi, les plantations s’accompagnent d’un système d’irrigation grâce à la récupération des eaux de pluie ainsi que de capteurs de température accrochés aux branches. Ils permettent de déterminer comment se portent ces végétaux. Lyon a été précurseur en matière de "ville perméable", concept qui vise à "reconnecter les eaux pluviales à la nappe, ne plus les envoyer directement vers le réseau des eaux usées, et s'en servir pour verdir la ville", explique Florent Renard, enseignant-chercheur à l'Université Jean-Moulin Lyon 3.   

L’objectif ? “Désimperméabiliser et déconnecter des réseaux d'eau 400 hectares d'ici à 2026”, affirme Aurore Cambien. Selon la Lyonnaise, la Métropole a déjà atteint les 80 hectares.   

La rue Garibaldi, plus qu’un espace végétalisé, constitue ainsi un véritable îlot de fraîcheur. Le bitume a été remplacé par du béton clair qui absorbe moins la chaleur.  

C’est vraiment un aménagement exemplaire, c’est sûr. Mais c'est aussi un laboratoire qui nous permet de repenser d’autres projets. Je pense aux arbres de pluie où l'on va juste élargir le bas d'un arbre, la partie qui est dans le sol, pour augmenter la surface de terre disponible. On va également en profiter pour planter tout un tas d'espèces qui accueillent des insectes.

Aurore Cambien

Chargée de mission Transition et Résilience à la Métropole

Elle ajoute l’exemple des tranchées de Stockholm [un système de stockage et d’infiltration chargé de récupérer les eaux de pluie] installées au niveau de la place de Francfort dans le troisième arrondissement de Lyon. Ces espaces de fraîcheur sont répertoriés sur le site de la Métropole.  

Végétaliser s’inscrit dans un objectif plus large : créer des forêts urbaines, à “minima deux hectares”. Dans le nouveau quartier de Confluence, à la pointe sud de Lyon, l’ancienne friche industrielle devrait laisser place d’ici 2030 à une forêt de 6 hectares.  

La métropole subventionne les plantations entre 50 et 65% dans l'habitat collectif, et prévoit à cet effet de distribuer gratuitement 2.000 arbres aux habitants du Grand Lyon. Elle a également voté un budget de 50 millions d'euros pour son Plan Nature, instauré en 2021. 

Privilégier les matériaux qui renvoient la chaleur  

“Parfois, la végétalisation n'est pas toujours une réponse possible, voire, elle n'est pas toujours la plus pertinente. Beaucoup d'études qui ont été faites sur la presqu'île montrent que parfois la configuration des rues fait qu'il faut penser d'autres techniques et donc là-dessus aujourd'hui, on a pas mal de choses qui sont faites autour de l'expérimentation de matériaux, soit des matériaux poreux, mais aussi des matériaux plus clairs qui vont renvoyer la chaleur”, explique la chargée de mission.  

Le trottoir situé rue Bechevelin dans le 7ᵉ arrondissement de Lyon avait déjà été repeint avec une peinture anti-chaleur sur une portion de 100 m² en 2021, avant que le projet ne soit abandonné faute de résultats probants.  

En contact avec les villes de Paris et de Barcelone pour ces questions ainsi que l’installation d’ombrières, la Métropole poursuit ses recherches.  

Des réseaux de froid souterrains  

Lyon peut également compter sur deux réseaux de froid urbains. Il s’agit d’infrastructures souterraines de production et de distribution d’eau glacée permettant de rafraîchir un ensemble de bâtiments. La première est installée dans le quartier de La Part Dieu depuis septembre 2022 et rafraîchit un peu plus d’un million de mètres carrés de bureaux, de centres commerciaux... La seconde se trouve à Gerland, dans le sous-sol du skatepark et rafraîchit 300 000 mètres carrés de terrain.  

“L'idée, c'est plutôt d'aller vers ce type de solution juste pour éviter la climatisation, une solution de mal adaptation qui se développe trop systématiquement”, souligne Aurore Cambien.  

La chargée de mission évoque d’autres adaptations du territoire en cours ou en prévision face à ces hausses de températures : la rénovation des bâtiments, le développement du plan de climatisation des métros, l’aide aux personnes vulnérables,“Il y a aussi l'idée de pouvoir identifier des lieux qui ne soient peut-être pas que des lieux frais, mais des lieux un peu refuges [des écoles par exemple, ndlr], comme le font d'autres collectivités”, finit par conclure Aurore Cambien, s'inspirant de la capitale parisienne.  

Dans cette quête de solutions, la métropole s'apprête à lancer une convention citoyenne. 

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