Cinéma. "Bigger than us", quand 7 jeunes militants se battent pour que notre monde soit meilleur

La réalisatrice lyonnaise Flore Vasseur a parcouru le monde pour rencontrer 7 jeunes qui se battent depuis leur plus jeune âge pour de grandes causes. 7 voix qui portent et qui veulent changer le monde. 7 messages d'espoir pour un monde plus juste et meilleur.

Un vent de jeunesse et d'espoir a soufflé sur l'institut Lumière lors de la projection de «Bigger than us» premier film de la lyonnaise Flore Vasseur, produit par la comédienne Marion Cotillard et Denis Carot. Dans ce documentaire militant, 7 jeunes à travers le monde racontent leur combat pour une cause qui, a priori, les dépasse. Le point commun de tous ces activistes - qu'ils soient américains, libanais, grecs ou brésiliens -, c'est qu'ils militent tous depuis leur plus jeune âge pour l'éducation, le secours aux réfugiés, les droits des femmes, l'urgence climatique, la sécurité alimentaire. Leur engagement farouche a touché Marion Cotillard. C'est la première fois que cet artiste, militante pour le climat, s'engage financièrement sur un film. Son espoir : qu'il suscite des vocations. 

Julien Sauvadon : comment est née cette envie de parcourir le monde à la recherche de ces jeunes qui se battent, qui ont une ambition pour une cause ?

Flore Vasseur : Le point de départ c'est ma rencontre avec Melati Wijsen en 2016, à Bali pendant le tournage d'un documentaire pour Arte. Elle a démarré son combat pour faire interdire les sacs plastiques à Bali à 12 ans. Moi, je l'ai rencontrée à 16 ans. Elle était au summum de son action. Je me suis rendue compte que quelque chose d'extraordinaire était en train de se passer. J'ai cru qu'elle était un épiphénomène et puis je me suis renseignée et j'ai vu qu'il y avait plein d'autres jeunes qui agissaient, et pas seulement pour l'écologie mais pour les droits humains, la liberté d'expression, l'éducation des filles, et cetera. Je me suis dit que c'était une histoire merveilleuse pour toutes celles et ceux qui cherchaient à s'engager. J'ai senti que Melatti était face à quelque chose de très, très gros, qui est une énorme solitude. J'ai eu envie de répondre à sa quête de lien avec d'autres personnes comme elle. La question de tous les activistes c'est comment tenir et en fait, ils tiennent parce qu'ils dépassent leur solitude et parce qu'ils comprennent qu'ils appartiennent à un groupe. Et j'ai eu envie de rendre ce groupe visible.

JS : Marion Cotillard, comment êtes-vous arrivée sur ce projet, qu'est-ce qui vous a séduit ?

Marion Cotillard : J'ai rencontré Flore et c'était une rencontre très belle. Assez vite, elle m'a parlé de ce qu'elle faisait. Et j'ai senti en elle ce besoin viscéral de raconter cette histoire et de suivre ces jeunes personnes qui, effectivement, changent le monde, et inspirent d'autres autour d'eux. C'est venu assez naturellement en fait. Flore m'a proposé de le produire. Sauf que moi, je n'avais jamais produit de film. (*Quand le producteur, Denis Carot, est entré dans la boucle, elle a dit oui.)

JS : Comment, comment vous avez trouvés les 6 autres jeunes qui témoignent,

FV : Je suis aussi journaliste et j'aime bien l’enquête. Dès 2016, je me suis rendue compte que Memory Banda, René Silva, Mohammad Al JOunde, Mary Finn, Winnie Tushabe, Xiuhtezcatl Martinez avaient déjà démarré leurs actions. Des journalistes avaient parlé d'eux. Il fallait juste creuser, vérifier, comprendre, voir s'ils étaient toujours actifs. Après on a fait un énorme choix, le premier et le plus important était de se dire qu'on ne faisait pas quelque chose uniquement sur l'environnement mais sur des causes fondamentales. On a pris les objectifs du Millénaire. Ensuite, on a voulu faire un film mondial parce qu'aujourd'hui 80% de la jeunesse mondiale n'habite pas en Occident. 

JS : Qu'est-ce qui vous touche chez eux ?

FV : Beaucoup de choses. Mais le plus fondamental, je crois, c'est un rapport qu'ont les enfants - et qu'on a tous quand on n'a pas lâché - à la justice. Les enfants disent tout le temps, "c'est pas juste". Eux, ils n'en sont jamais revenus. Et face à une injustice, ils n’ont pas fait comme 99% d'entre nous à dire "Bah, oui mais tu verras, la vie, c'est comme ça", ils n'ont pas accepté cette réponse là. C'est ce qui m'a toujours ému chez eux mais aussi chez les adultes lanceurs d'alerte et cetera. C'est quelque chose qui traverse exactement toutes les personnes qui s'engagent. Et je crois que c'est ça la différence fondamentale.

JS : Vous Marion, qu'est-ce qui vous touche chez ces jeunes-là ?

MC : C'est la survie. La conscience. Je me se souviens de cette phrase de Christophe André qui m'a vraiment interpellée sur les générations jusqu'à la nôtre, qui se sont toujours dit que "ce serait mieux après". Et aujourd'hui les jeunes générations ont de moins en moins cette perspective. Ces jeunes se battent contre quelque chose qui est beaucoup plus gros qu'eux, qui semble inatteignable, irréversible, parfois et pourtant, malgré les menaces, ils ne lâchent pas. Ces jeunes militants ne lâchent jamais parce que c'est précisément leur rapport au monde, c'est leur identité, c'est leur façon de voir la vie, de voir leur place. Agir, ça donne une place dans une communauté, dans un temps particulier, ça donne un sens. Je pense vraiment que savoir à quoi on appartient et pourquoi on est là est précieux. [...] Ils se battent parce qu'ils répondent à quelque chose de plus grand. Ils s'inscrivent du coup dans quelque chose qui est presque surnaturel et c'est une chance énorme. Je dois dire qu'on a touché, je crois, un petit peu de cette énergie-là, et ça donne une force et une puissance. En tout cas une volonté de vivre extraordinaire.

JS : Qu'est-ce que vous attendez de la sortie du film ? Est-ce qu'un film peut faire bouger les lignes ? Est-ce que montrer des exemples comme ça peut faire bouger les lignes, ça peut susciter des vocations ?

MC : Mais oui, je le crois profondément. C'est pour ça que je me suis lancée dans cette aventure. J'ai été inspirée en voyant des documentaires, en voyant des films de fiction. J'ai été inspirée par certaines personnes et j'ai eu envie de m'améliorer et de faire des choses que je n’aurais sûrement pas eu l'idée de faire sans voir certains films. On ressent ça quand on voit ces 7 personnages qui ont fait des choses qu'on pourrait qualifier d’incroyables.

JS : Je suppose que le film soit présenté ici, à Lyon, revêt quand même une importance un petit peu particulière ?

FV : Je suis très heureuse de le présenter ici avec Marion. Le film a été sélectionné à Cannes et c'est Thierry Frémaux qui nous a fait cette place. Le film a été conçu, en tout cas, imaginé ici. La post-production a eu lieu à Lyon. Je crois que toute l'équipe est hyper fière de montrer qu’à Lyon, on peut faire des grands films internationaux. Et puis on a eu la chance d'avoir du soutien d’Auvergne Rhône-Alpes Cinéma. C'est la preuve qu'on peut faire de grandes chose en dehors de Paris.

Synopsis du film : Depuis 6 ans, Melati, 18 ans combat la pollution plastique qui ravage son pays, l’Indonésie.
Comme elle, une génération se lève pour réparer le monde. Partout, adolescents et jeunes adultes luttent pour les droits humains, le climat, la liberté d’expression, la justice sociale, l’accès à l’éducation ou l’alimentation. La dignité. Seuls contre tous, parfois au péril de leur vie et sécurité.
Melati part à leur rencontre à travers le globe. Elle veut comprendre comment tenir et poursuivre son action. De Rio au Malawi, de Lesbos au Colorado, Rene, Mary, Xiu, Memory, Mohamad et Winnie nous révèlent un monde magnifique, celui de l’engagement pour plus grand que soi. Alors que tout semble ou s’est effondré, cette jeunesse nous montre comment vivre. Et ce qu’être au monde, aujourd’hui, signifie.

«Bigger than us» sort en salle le 22 septembre dans les salles. . D'ici là, pendant une semaine, tous les jeunes de moins de 27 ans peuvent le découvrir gratuitement en avant-première partout en France. 100 000 places sont disponibles sur le site du film. 

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