Noémie Fachan, alias Maedusa, une autrice de bande dessinée féministe et influenceuse, propose dans son dernier ouvrage "Éduquer, défi du monde d'aujourd'hui" une série d'outils pour réfléchir à une parentalité moins culpabilisante et plus inclusive. Suivie par 100 000 abonnés sur les réseaux sociaux, cette lyonnaise a inventé un univers engagé et combatif.
Sa longue chevelure, et ses grands yeux clairs accompagnent un sourire de bienvenue rougeoyant. Noémie Fachan est installée à Lyon depuis peu et elle se réjouit d'y rencontrer ses lectrices et lecteurs. Ce jour-là, elle dédicace son dernier ouvrage dans une librairie du 7ᵉ arrondissement.
Éduquer, défi du monde d'aujourd'hui, paraît après le premier succès, de "Maternités", un livre dessiné dans lequel elle partageait ses interrogations sur le choix des femmes à avoir ou non des enfants. Dans sa dernière bande dessinée, elle a recueilli et documenté une myriade de situations et de questionnements liés à l'éducation.
Il y est question de la pression pour devenir de bons parents, de lutte contre le virilisme, de racisme ou encore d'identité de genre. À chaque situation un personnage, des témoignages et des propositions de réponses.
"C'est un recueil de mes questionnements sur une hypothétique maternité. J'ai beaucoup de questions qui se bousculent dans ma tête. Par exemple, si j'ai une fille en tant que féministe, comment éviter de lui faire peser la charge de faire attention ? Faire attention de ne pas être agressée, faire attention à son apparence, à son poids, à son attitude. Est-ce en mon pouvoir ? Et puis si j'ai un fils ? Comment éduquer un mec bien, un homme respectueux des femmes ? En tant que personne blanche, comment je fais en sorte que mon enfant ait accès à une éducation antiraciste ?"
Dans la librairie, des femmes déjà séduites par son travail, mais aussi des hommes et des personnes non binaires. Beaucoup sont venus acheter son livre pour l'offrir. "Je voudrais l'offrir à ma sœur qui va avoir un enfant" explique une jeune trentenaire. "Je suis son travail sur Instagram, et je trouve qu'elle vise toujours juste. Quand un concept me pose un problème, elle parvient à mettre des mots dessus. Pour moi, elle exprime une colère juste."
Noémie Fachan acquiesce avec reconnaissance. Elle rassemble autour de son univers plus de 100 000 abonnés sur Instagram. Ses dessins sont doux en couleurs : "ce n'était pas pour adoucir le propos, mais pour le rendre plus intelligible. Certains de mes personnages sont super en colère. Et ont besoin de l'exprimer. Alors, je prends le contrepoint avec une palette pastel".
Parmi les injonctions que Noémie Fachan remet en question, il y a celle du parent qui vise toujours la réussite et la performance dans son éducation.
"Sortons du discours du développement personnel, qui nous présente comme des femmes stressées à cause de nos charges mentales trop élevées et qui doivent apprendre à lâcher prise. L'idée, c'est de montrer que tout est politique, d'en finir avec la culpabilisation qui consiste à dire que si j'échoue, c"est parce que je ne suis pas assez bienveillante dans mon éducation, etc..."
Des serpents plein la tête
Maedusa est le personnage qu'elle a créé pour exprimer ses révoltes. Une gorgone inspirée des Métamorphoses d'Ovide. Un jour, Poséidon, le dieu de la mer, s'éprit de Méduse et tenta de la séduire. Malgré les refus répétés de la jeune femme, Poséidon la poursuivit jusqu'au temple d'Athéna, où Méduse cherchait refuge. C'est là que le dieu la viola. Athéna, furieuse de cet acte sacrilège commis dans son temple, décida de punir Méduse plutôt que Poséidon. Elle transforma la belle chevelure de Méduse en un nid de serpents venimeux et lui donna le pouvoir de pétrifier quiconque croiserait son regard.
"Je trouvais cela profondément injuste" explique Noémie Fachan. C'est pourquoi elle a créé cette femme combative qui porte haut le combat féministe, arborant une longue chevelure enserpentée, de grands yeux et un sourire rougeoyant, à condition que personne ne la mette en colère...