Au XXIe siècle, comment faire pour prendre du plaisir à aller à l'école ? Si l'on exclut les copains, quelle peut être la motivation pour aller en classe ?
Se sentir bien à l’école au XXIᵉ siècle nécessite un certain nombre d’ingrédients : des copains, des enseignants bienveillants, une pression mesurée, des parents rassurés (donc rassurants !), des compétences reconnues, mais aussi l’envie de les utiliser (c’est la motivation !).
Repérer les premières difficultés scolaires permet de mettre en place des stratégies pour éviter l’échec scolaire. Défini comme la sortie du système scolaire sans diplôme ni qualification, ce triste constat touche 13 % des enfants.
Enseignants, rééducateurs, psychologues et médecins sont maintenant régulièrement sensibilisés aux différentes situations susceptibles de conduire à l’échec scolaire, qui ne devrait plus être une fatalité.
Le docteur Revol, pédopsychiatre, et père de quatre enfants, vous éclaire, et vous donne quelques clés.
Les causes instrumentales
Si l'on a tout ça, c'est une bonne base pour prendre du plaisir à l'école, mais il manque un truc important, comprendre les différences individuelles. Tous les enfants ne sont pas équipés de la même manière. Pour un enfant qui ne réussit pas à l'école, qui ne s'épanouit pas dans ses résultats alors qu'il paraît intelligent, il va falloir rechercher la cause.
Il y a deux grandes causes instrumentales : est-ce que l'enfant a tous les outils pour s'épanouir à l'école ? Est-ce qu'il arrive à lire correctement, c'est plutôt le cerveau gauche qui s'en occupe. Est-ce qu'il arrive à se coordonner sur le plan moteur, à tirer des traits, à découper, là, c'est plutôt le cerveau droit. Est-ce qu'il arrive à être attentif, et là, c'est la région frontale. Il faut aussi avoir une bonne audition et une bonne vision. Le médecin est chargé de checker tout ça et de dire oui, il a des compétences et de l'adresser à l'orthophoniste, au psychologue, s'il a un doute.
Les facteurs motivationnels
Si malgré la présence de toutes les compétences, à huit ans, l'enfant ne rentre pas dans la lecture ou ne se sent pas à l'aise à l'école, on ouvre un deuxième tiroir qui est de se dire : est-ce que les outils qui lui servent à apprendre sont bien là ? Est-ce qu'il arrive à s'en servir ? Ce sont les facteurs motivationnels. C'est l'essence que l'on met dans le moteur. S'il n'y a pas d'essence, même la superbe voiture ne peut pas avancer.
Dans ces cas-là, on l'adresse plutôt à un psychologue pour comprendre cette difficulté d'apprentissage. Face à un enfant qui ne s'épanouit pas à l'école, il faut avoir une démarche globale, voir comment il se situe avec ses camarades, dans sa relation avec les enseignants, dans ses capacités d'apprentissage, dans sa volonté d'apprentissage et au bout du compte, on peut le rassurer.
Combien d'enfants ont retrouvé le sourire quand on leur avait montré, sur un bilan, les causes de ses difficultés scolaires ? Et l'on peut lui dire calmement : "tu vois, même pas grave, les difficultés scolaires, ça se soigne".
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Le Dr Olivier Revol,
Il a 64 ans et est l'auteur de nombreuses publications scientifiques concernant la précocité intellectuelle, l'hyperactivité et les difficultés scolaires.
Il dirige un service de Neuro-psychiatrie de l’enfant au CHU de Lyon. Il enseigne à l’Université Lyon 1 et milite depuis 30 ans pour que chaque enfant, quelles que soient ses compétences, découvre à l'école le plaisir d'apprendre.
Il a publié trois ouvrages chez JC Lattès : "Même pas grave ! L'échec scolaire, ça se soigne" en 2006, "J’ai un ado, mais je me soigne" en 2010, et "On se calme" en 2013. Il a co-écrit en 2019 « Les Philocognitifs » chez Odile Jacob et "100 idées pour accompagner les enfants à Haut Potentiel (Tom Pousse)" en 2021.
Il aide les parents et les professionnels à comprendre les nouveaux codes des enfants et des adolescents, avec un intérêt particulier pour les fratries d’enfants différents.