Nom de code : #Eurobalcon. Une courte prestation musicale proposée à tous, musiciens professionnels comme amateurs le vendredi soir à 19h depuis sa fenêtre ou son balcon. L'idée est née à Lyon au Conservatoire Supérieur de Musique: jouer le Te Deum de Marc-Antoine Charpentier, hymne de l'Eurovision.
Le Te Deum de Marc-Antoine Charpentier. Ça ne vous dit rien ? Mais si ! Ces quelques notes venues d’un temps lointain qui, comme les quatre premières de la 5e symphonie de Beethoven, parlent à tout le monde quand on les entend.
Alors le Te Deum, ce sont 8 notes, jouées généralement à la trompette et que connaissent tous les amateurs de sports ou d'événements culturels car ce furent celles de l’hymne de l’Eurovision pendant près de 50 ans.
Cette musique, les Conservatoires Nationaux Supérieurs de Musique et de Danse de Lyon et de Paris ont voulu en faire un moment symbolique de rencontres entre leurs étudiants, leurs professeurs et le grand public. Et c’est Mathieu Ferey, directeur du CNSMD de Lyon qui en a eu l’idée immédiatement partagée avec enthousiasme par Emilie Delorme, son homologue de Paris. La proposition est que, chaque vendredi, à 19h tapantes, depuis sa fenêtre ou son balcon, tous les musiciens jouent cet hymne jusqu’à la fin du confinement.
Déjà un succès…
La première a eu lieu vendredi 3 avril. Et en si peu de jours a déjà rencontré un public.« Ce n’était pas le but d’en faire une opération d’aussi grande envergure », raconte Nicolas Crosio chargé de la communication et de la programmation au CNSMD. « Et pourtant, très vite on a vu que ça avait l’air de prendre. Et c’est déjà un succès car tout naturellement beaucoup de musiciens amateurs se sont associés à cette proposition et se la sont appropriée. Signe que nous ne sommes pas des institutions « hors-sol » ! »
Car d’autres grandes institutions musicales se sont penchées sur le berceau d’Eurobalcon. Et en premier lieu, le Centre de Musique Baroque de Versailles qui a mis à disposition et même transcrit les partitions pour différents instruments.
D’autres conservatoires ont pris le relais comme ceux de Montbéliard ou de Marseille jusqu’à la Royal Irish Academy of Music de Dublin en Irlande !
William Christie et les Arts Florissants grands spécialistes de Charpentier, et qui fêtaient leurs 40 ans l’an dernier et ont enregistré le Te Deum, ont appuyé le projet.
La preuve en images
Alors pour participer, c’est très simple : il faut d’abord télécharger la partition correspondant à son instrument en cliquant ici. Un peu de répétition toute la semaine et le vendredi, c’est parti !
Deux soeurs, l'une violoniste, l'autre tromboniste se sont lancées, promettant de "faire mieux la prochaine fois".
#Eurobalcon Voici notre participation,ma sœur violoniste et moi même tromboniste,à l’initiative eurobalcon.Nous ferons mieux la semaine prochaine et nous serons accompagnées d’un violoncelle,d’un saxophone et d’une trompette je l’espère.Merci à ma maman de publier via son compte. pic.twitter.com/VVRnKAykms
— Sche Kaki (@KakiSche) April 3, 2020
Une libraire du sud de Paris a filmé sa fille flûtiste en chaussons roses !
#eurobalcon @CnsmdParis @ValleeSudGParis #Clamart Musiciens, ma fille vous rejoint ? pic.twitter.com/GIMPeTyGLk
— en lisant j'ai su (@lirelibre) April 3, 2020
Le Toulousain Francis James, ancien élève du Conservatoire de Paris, l'a fait à la trompette dite "naturelle".
Je ne suis pas spécialiste en trompette naturelle, mais je me suis bien amusé à rejoindre l'initiative de mon ancienne école, le @CnsmdParis pour ce premier #Eurobalcon ! pic.twitter.com/OOcAbYR96p
— Francis James, Esq. (@FrancisJamesEsq) April 3, 2020
D'autres ont chanté, ou improvisé des percussions avec une casserole et une spatule de bois pour "rendre hommage à ma voisine décédée hier".
Mais comment savoir si tous ces musiciens jouent bien tout à fait en même temps, partout en France et même au-delà, sans décalage horaire ?
"Honnêtement la semaine dernière, on a essayé de faire un décompte", raconte Nicolas Crosio. "Car la volonté au départ c'était de privilégier le direct, pas le direct virtuel !"
Mais cela s'est avéré plus difficile que prévu. Mais peu importe finalement. Car l'intention du départ est bien là: redonner, en cette période si particulière, l'esprit d'origine de ce Grand Motet, symbole de la France du Roi Soleil, composé vers 1692 : une envie de partage et de réunion y compris dans toute l'Europe.
Alors tous à vos pupitres vendredi pour une opération relayée aussi par France Musique et Radio Classique !