A 29 ans, George a choisi de rendre hommage, seul, aux personnels soignants en jouant de la cornemuse dans les rues de Lyon. Très applaudi, il est rapidement devenu célèbre sur les réseaux sociaux. Nous avons retrouvé ce jeune architecte passionné de musique. Voici son histoire.
George ne viendra plus jouer sous les fenêtres de ses voisins. Il l’a confirmé sur sa page facebook. Bien des habitants de la rue de Marseille, dans le 7ème arrondissement de Lyon, qui applaudissaient ses prestations, le regrettent déjà. Seulement voilà, tout le monde n’a pas forcément accepté la puissance de sa cornemuse, et la police est venue le lui faire savoir. George le comprend très bien, sans amertume : « Ne donnons pas d’avantage de résonnance à cela, répond le jeune musicien d’origine russe, ce n’est pas nécessaire. Il est vrai que lorsque je joue, on peut m’entendre à deux kilomètres à la ronde, vous imaginez…» sourit-il.
Retour au 17 mars, jour de la Saint-Patrick. George, totalement passionné de culture celtique, fait partie de plusieurs associations de musique bretonne et écossaise. Ce jour là, il devait se produire, avec son pipe-band, au centre de Grenoble. Mais l’annonce du confinement, le jour même, a tout annulé. George est très déçu « On est toujours invités à jouer dans les fêtes, les défilés, en extérieur. Et l’hiver, la saison est quasi morte, car notre musique résonne trop fortement dans les salles fermées. Du coup, la Saint Patrick est très importante pour nous» explique-t-il.
Un divertissement original
Il a donc décidé de la fêter par tous les moyens possibles, quitte à jouer seul. Le 18 mars, il met son projet en œuvre, et, très vite, les applaudissements fusent. Il joue juste à côté de l’hôpital St Joseph, et veut ainsi rendre hommage aux soignants « Je me suis cassé la main récemment et j’ai été très touché par l’attention que ces gens m’ont accordée à ce moment là » précise-t-il. « Mon appartement donne sur une petite cour intérieure. Si j’applaudis à ma fenêtre, personne ne m’entendra. J’habite seul et je passe des journées sans voir personne. Alors, lorsque les gens m’applaudissent dans la rue, je me dis que cela vaut pour deux… Et j’ai aussi remarqué que ma musique a plu à mes voisins les plus âgés. Peut-être que cela leur a apporté un divertissement différent de la télévision »
George a débuté sa carrière musicale par la flûte à l’âge de 6 ans. Il est ensuite diplômé dans des écoles de musique en flûte et piano. Mais il est surtout attiré par la musique celtique « Je cherchais un son qui te permet à la fois d’être soliste, mais aussi de donner l’impression que plusieurs personnes jouent. Cet instrument et ses différentes parties permettent de créer une sorte de boule de sons, ce qui confère une forme particulière et bien remarquable à la cornemuse. » Etudiant en architecture, George est arrivé en France dans le cadre d’un programme d’échange entre son université, basée à Nijni Novgorod, en Russie et l’école d’architecture de Grenoble. En Isère, l’approche pédagogique de l’enseignement de l’architecture l’a séduit. Il obtient un master en architecture dans les deux pays. Il s’intéresse particulièrement aux équipements publics et logements sociaux, et trouve en France une possibilité de développer cet intérêt professionnel. Sans jamais oublier la musique « Bien avant d’arriver en France, je me passionnais pour la musique bretonne. Il y avait un petit groupe de danse dans ma ville, et des groupes qui jouaient cette musique. »
De la Bretagne à l'Espagne
Musicalement, George utilise une cornemuse écossaise, avec laquelle il joue plusieurs répertoires différents. Il a intégré trois bagadou différents, à Grenoble, Roanne et Marseille. Il joue aussi, parfois, avec une cornemuse originaire de la Galice en Espagne. Mais la vie de ce passionné ne s’arrête pas à cela. Architecte à temps partiel, il occupe son confinement en pratiquant la capoeira dans sa petite cour, et même un peu de Bmx ! Avec son accent russe et son rire tonique, George est très convivial. Le public confiné, qui l’a tant apprécié depuis les fenêtres, aura sans doute à cœur de venir l’écouter à nouveau… peut-être à la prochaine Saint-Patrick, ou, espèrons-le, dans un avenir plus proche.