Ce samedi 13 juin à Lyon, le rassemblement a débuté à 14 h devant le Palais de justice des 24 colonnes, dans un périmètre pourtant interdit. Une manifestation contre le racisme et les violences policières qui s’inscrit dans le cadre d’une mobilisation nationale.
Un appel à une mobilisation nationale avait été lancée par le collectif Vérité et justice pour Adama. À Lyon, la mobilisation qui a pris la forme d'un rassemblement dans le 5e arrondissement, est notamment menée par le collectif Vérité et justice pour Mehdi. Jeudi dernier, la préfecture a décidé, par arrêté, d’interdire les manifestations ce samedi 13 juin, de 8 heures à 22 heures, dans une partie de la Presqu’île et du Vieux Lyon.
Les manifestants ont commencé à se rassembler en début d'après-midi, vers 14h, devant le palais de justice des 24 colonnes, sur les quais de Saône. Selon notre équipe sur place, des gilets jaunes ont rejoint le mouvement devant le Palais de justice. Plusieurs dizaines de personnes étaient présentes sur le parvis du Palais de Justice avec pancartes et slogans. Les manifestants ont réclamé "vérité et justice", égrénant les noms de Mehdi, Bilal ou encore Wissam; des prénoms de jeunes morts dans la région à la suite d'interpellation. Sur place, des familles ont pris tour à tour la parole pour raconter leur histoire. Les participants ont commencé à se disperser dans le calme en milieu d'après-midi.
Marwa El-Yamni, soeur de Wassim décédé en 2012 après une interpellation, était présente dans le rassemblement aujourd'hui : "ça se passe en France, pas seulement aux Etats-Unis. Nous, ça fait huit ans qu'on se bat contre une injustice... mon frère est décédé et il était dans les mains de la police." De son côté, Linda, membre du collectif "vérité et justice pour Mehdi", explique : "ce n'est pas nous qui avons les armes. Les familles n'ont que des voix, des petits murs Facebook et des petits bras... elles n'ont aucun pouvoir contre ceux qui les écrasent."
Cinq interpellations en fin d'après-midi
En fin d'après-midi, alors que la mobilisation était terminée, une partie des manifestants s'est déplacée vers la place Bellecour, au coeur du centre commerçant de la ville, dans le périmètre d'interdiction dressé par la préfecture. Des individus se sont regroupés, place Antonin-Poncet, près de la place Bellecour, créant des tensions avec la police. Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes et du véhicule lanceur d'eau pour disperser les manifestants restant.
"Le préfet a fait preuve d'une grande mansuétude en laissant faire ce rassemblement alors qu'il est interdit de se rassembler à plus de 10 personnes. Mais à la fin, il a fallu intervenir face à la volonté de dégrader de certains qui caillassaient également les forces de l'ordre", a indiqué un porte-parole de la préfecture qui rapporte cinq interpellations.
Mort de G.Floyd: l'onde de choc jusqu'à Lyon
La mort de George Floyd a suscité une vague planétaire d'indignation. L'onde de choc s'est propagée jusqu'en France et notamment à Lyon où une première manifestation a eu lieu le 2 juin dernier : des centaines de personnes étaient rassemblées, devant le Palais de justice des 24 colonnes. Comme un écho à la mort de George Floyd, afro-américain de 46 ans asphyxié lors de son interpellation par un policier blanc le 25 mai dernier, des manifestants ont demandé "justice pour Adama Traoré" à Lyon. Lors de ce rassemblement, la situation avait été tendue entre les manifestants et la police. Deux personnes ont d'ailleurs été interpellées.
Quelques jours plus tard, le samedi 6 juin, une nouvelle manifestation, visant à dénoncer le racisme dans la police, avait également été organisée à Lyon. Elle avait rassemblé près de 5000 personnes.