Coronavirus chinois : à Lyon, le laboratoire VirPath recherche un traitement contre le 2019-nCoV

VirPath est un laboratoire lyonnais spécialisé dans l'étude des virus respiratoires. Il est aujourd'hui mobilisé dans la lutte contre le Coronavirus 2019-nCoV qui est apparu en Chine en décembre. Le point sur la stratégie de ce laboratoire lyonnais avec son co-directeur, Manuel Rosa-Calatrava. 

Ce lundi 3 février, le bilan fait état de 362 morts (361 en Chine, un aux Philippines), et plus de 17 200 contaminations. Il y a désormais eu en Chine continentale plus de morts dus à ce coronavirus qu'à l'épidémie de Sras (syndrome respiratoire aigu sévère), qui y avait fait 349 victimes en 2002-2003.

A ce jour, il n'existe pas de traitement ni de vaccin contre ce Coronavirus qui a fait son apparition à Wuhan. Mais les chercheurs du monde entier ont entamé une course contre la montre pour le vaincre. Après des équipes chinoises et australiennes, l'Institut Pasteur à Paris est également parvenu à mettre en culture des souches du virus, étape importante vers un vaccin. La recherche d'un vaccin pourrait cependant encore prendre des mois.

A Lyon, les chercheurs du laboratoire de virologie et pathologie humaine VirPath participent à la lutte contre l'épidémie. Ils ont adopté une stratégie innovante afin de déboucher rapidement sur un traitement du virus. 
 

Coronavirus : de quoi parle-t-on ?


Les coronavirus font partie d’une vaste famille de virus susceptibles d’être à l’origine d’un large éventail de maladies. Chez l’Homme, ces maladies vont du rhume banal à une infection pulmonaire sévère, responsable d’une détresse respiratoire aiguë. 
"Les coronavirus sont des virus qui circulent dans la population humaine et sont généralement associés à des pathologies assez bénignes. On en guérit assez rapidement, en quelques jours, ce sont des symptômes de type rhume mais quelques fois, de nouveaux virus apparaissent. Ils sont dits emergeants. Ils posent un véritable problème sanitaire comme c'est le cas avec ce nouveau coronavirus chinois", explique Manuel Rosa-Calatrava, co-directeur du laboratoire VirPath. 

Selon l'ARS Auvergne Rhône-Alpes, deux coronavirus ont entraîné des épidémies chez l’Homme: le SRAS responsable d’une épidémie mondiale entre novembre 2002 et juillet 2003 et le Mers-CoV identifié pour la première fois en 2012 au Moyen-Orient. Le virus identifié en Chine en décembre est un nouveau coronavirus. Il a été dénommé 2019-nCoV.


Traitement du 2019-nCoV: une stratégie basée sur la polypharmacologie et le repositionnement de médicaments


Le laboratoire lyonnais VirPath, qui fait partie du Centre International de Recherche en Infectiologie, recherche un traitement contre le Coronavirus chinois à partir de molécules déjà existantes. En clair: un traitement contre le 2019-nCoV pourrait se trouver dans un médicament déjà présent sur le marché.  
"On a développé et validé une stratégie assez innovante qui repositionne des médicaments déjà (présents) sur le marché pour de nouvelles indications thérapeutiques, en l'occurrence des indications thérapeuthiques anti-virales," résume Manuel Rosa-Calatrava.

La stratégie de repositionnement de médicaments a déjà fait ses preuves selon le virologue : "il y a quelques années, lors de l'épisode du Mers-CoV, on a appliqué cette stratégie. Et nous avons identifié et validé in vitro deux médicaments repositionnés contre ces coronavirus."

Mais comment retrouver le "bon médicament" parmi la quantité de médicaments déjà existants ? Pour ce spécialiste, il s'agit "d'identifier des médicaments avec un potentiel non connu anti-viral". "On se base sur un paradigme assez innovant qui est celui de la polypharmacologie: une molécule, plusieurs cibles cellulaires." C'est un processus très complexe. 

 

La stratégie consiste à "essayer de comprendre les effets secondaires des médicaments et les repositionner pour de nouvelles indications thérapeutiques."


Trouver une nouvelle molécule contre une maladie prend plusieurs années, jusqu'à 10 ans. Le recours à la stratégie de repositionnement de médicaments permettrait d'agir plus rapidement, notamment dans le cas de l'apparition d'une épidémie comme le 2019-nCoV. "A partir du moment où l'on a identifié les médicaments, qu'on les a évalués et validés en modèle pré-clinique, on peut tout de suite les évaluer en essais cliniques parce qu'ils sont déjà commercialisés, et surtout parce qu'on a du recul en matière de toxicité et d'effets secondaires sur ces médicaments. C'est tout l'intérêt du repositionnement," explique le virologue. 
 

Comment enrayer l'épidémie de 2019-nCoV ? 


Concernant la découverte d'un traitement contre le 2019-nCoV, ce serait l'affaire de "quelques semaines" selon Manuel Rosa-Calatrava. "On est actuellement en train de créer une banque de travail de ce virus chinois pour caractériser différents modèles pré-cliniques et on est prêt à tester les médicaments repositionnés qui sont au laboratoire."

Le traitement basé sur le repositionnement de médicaments n'aura cependant pas une vocation préventive dans le cas du Coronavirus chinois. "En terme de préventif, il faut du temps pour développer un candidat-vaccin; probablement des mois, voire des années," résume le virologue.

Cette épidémie de Coronavirus est jugée "sérieuse" par Manuel Rosa-Calatrava. "C'est toujours très inquiétant un virus respiratoire émergent, notamment qui provient du sud-est asiatique." Pour le chercheur, "il faut mettre en place (ce qui est fait sur le territoire français aujourd'hui - mais aussi à l'échelle de la planète, avec l'aide de l'OMS) -  des mesures préventives qui permettent de contrôler le mieux possible cette épidémie."
Wuhan, épicentre de l'épidémie
Depuis le 23 janvier, Wuhan, où le coronavirus est apparu en décembre, et la quasi-totalité de la province du Hubei dont elle est la capitale sont coupées du monde par les autorités chinoises. Elles ont l'espoir d'endiguer l'épidémie. Ce cordon sanitaire concerne 56 millions d'habitants et plusieurs milliers d'étrangers. Le 30 janvier dernier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré une urgence de santé publique de portée internationale. Les premiers rapatriés français sont arrivés le 31 janvier dans les Bouches du Rhône, en provenance de Wuhan.
 
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