Si l'activité économique s'est mise au ralenti depuis le début de la crise, il n'en est pas forcément de même pour la recherche d'emploi. Selon la coach lyonnaise Pitsham Tazi, spécialisée dans le recrutement professionnel, les entreprises préparent même déjà la sortie du confinement. A vos cv !
Pitsham Tazi est spécialisée dans le conseil au recrutement. Son parcours est atypique. Elle a accompagné des publics divers durant plusieurs années, d’abord dans le monde du handicap, puis dans l’enseignement. Elle s’est ensuite dirigée dans la branche de l’insertion socio-professionnelle. Cette expérience riche lui a permis de mieux appréhender le contact avec les employeurs sur le terrain, et les meilleures manières de les aborder. Forte de ces compétences, elle a décidé de développer, entre autres, une chaine sur Youtube afin de transmettre -gratuitement- ses conseils.
Yannick Kusy : Votre parcours vous a inspiré pour aider les autres ?
Ptisham Tazi : A force de cotoyer le monde de l’entreprise et d’accompagner les autres, je sais ce que cherchent les candidats à l’embauche. Je connais particulièrement bien leurs besoins et leurs craintes. J’ai décidé de m’adresser au plus grand nombre en développant une chaine sur un réseau social. J’y dépose mes conseils en vidéo. En cette période un peu inquiétante, je veux surtout rassurer les candidats.
YK : En plein confinement, est-il possible, selon vous, de faire aboutir des démarches pour trouver un emploi ?
PT : Détrompez-vous. Ce n’est pas parce que l’activité semble figée que tout est réellement à l’arrêt. La réalité est toute autre. Dès maintenant, en coulisses, les entreprises préparent l’après-confinement. Les réunions (virtuelles) se multiplient pour alimenter la réflexion afin de limiter la casse. Avec cette questioin : quelle sera la meilleure stratégie pour être sur le pont au moment où tout va redémarrer ?
YK : On pourrait imaginer que les embauches ont été momentanément stoppées.
PT : Au contraire, les entreprises qui avaient entrepris des phases de recrutement avant la crise sont justement en train de poursuivre et d’affiner leurs recherches. Il y aura sans doute d’avantage de besoins, notamment pour rattraper les retards de productions.
YK : Quel serait votre premier conseil ?
PT : Le mieux est de commencer par bien compléter son profil Linkedin. En ce moment, les recruteurs sont particulièrement actifs sur ce type de réseau social professionnel, et en recherche de nouveaux profils. C’est un vivier considérable. Il faut donc développer son réseau personnel, mettre à jour ses compétences, bien remplir les différentes informations.
YK : Plus généralement, en quoi cette crise sanitaire va-t-elle modifier le monde du travail ?
PT : Difficile de le prévoir, nous sommes encore un peu dans le flou. Mais on peut déjà faire plusieurs constats. En France, nous avions minimisé l’intérêt du télétravail. Le mélange du professionnel dans la sphère privée rebutait plutôt les esprits. Finalement, le télétravail s’est imposé en quelques heures. On a d'ailleurs pu voir combien nous n’étions pas équipés pour cela. Tout le monde s’est rué sur les ordinateurs, les casques audio, etc… Sans parler des réseaux internet. Il a aussitôt fallu réapprendre à optimiser le temps de travail d’une manière différente. Et en quelques jours à peine, tout le monde se rend compte que le télétravail, c’est, finalement, ce qui sauve une bonne partie de l’activité des entreprises ! Et ce n’est pas tout : la vision du rôle de chacun a également évolué
YK : On considère les rôles différemment ?
PT : On est forcément amenés à reconsidérer certaines professions, que l’on n’imaginait pas aussi prioritaires. Les employés de l’alimentation, la livraison, et évidemment la santé en font partie. On se rend compte aujourd’hui de leur nécessité vitale. On peut même parler de métiers indispensables pour faire vivre la société. Prenez l’exemple de la gestion de l’eau ou bien de nos déchets. Qui mettait ces activités en avant jusqu’ici ?