Coronavirus Covid19. Face aux incivilités, les pharmaciens du Rhône demandent d'avantage de protection

Le réseau des pharmacies du Rhône compte environ 575 officines. La plupart sont opérationnelles, même si plusieurs professionnels ont du stopper leur activité, pour cause de maladie ou risque d’être contaminé. Reste que les pharmaciens et préparateurs affichent une fatigue indéniable.

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Les causes de cette inquiétude sont multiples : des journées et des semaines de travail à rallonge et une dégradation des relations avec une clientèle de plus en plus agressive. Sans parler de la lourdeur administrative et du comportement de certains médecins qui prescrivent, sans attendre, de la chloroquine à leurs patients. La profession alerte sur une situation très tendue. 

Entretien avec Véronique Nouri, Présidente du Syndicat des Pharmaciens du Rhône FSPF
 
Yannick Kusy : Le président de l’Ordre des pharmaciens de la Région Auvergne-Rhône-Alpes alerte pour dénoncer la détresse de ses consoeurs et confrères. Confirmez-vous cette réalité ?
 
Véronique Nouri : Absolument. Je parlerais, moi-aussi, d’un réel sentiment d’abandon par l’Etat, surtout au début de la crise. Au départ, il n’était pas prévu de nous distribuer des masques de protection, alors que nous sommes, nous, au bout de la chaine. Nous avons réussi à corriger le tir. Sauf que… les masques manquent cruellement à l’appel. Malgré les annonces, rien n’arrive. A titre d’exemple, nous avons reçu lundi 10 boites de 50 masques chirurgicaux, et une seule boite de 50 masques FFP2 ! C’est totalement insuffisant. A notre charge, ensuite, de fournir les professionnels de santé qui s’adressent à nous. La plupart débarquent dans nos pharmacies sans rendez-vous. C’est évidemment impossible de satisfaire toutes les demandes
 
YK : Comment vos besoins sont-ils évalués ?
VN : C’est un souci supplémentaire. Nous devions rendre vendredi dernier à la CPAM des tableaux dans lesquels nous devions remplir les noms, professions et matricules de tous les professionnels auxquels nous avions donné ces équipements. Une lourde charge administrative supplémentaire, dont nous n’avions vraiment pas besoin. Le pire, c’est que nous l’avons tous fait vendredi soir, alors qu’il aurait fallu leur envoyer dans le journée. Il faut trouver un système de distribution moins lourd et moins chronophage.
 
YK : Vos clients comprennent-ils la situation ?
VN : Certains d’entre eux répondent à nos appels, et nous rapportent des masques dont ils disposent, afin que nous puissions les redistribuer. Mais pour la grande majorité des cas, c’est surtout de l’incompréhension et de l’agressivité auxquelles nous devons faire face. Les clients qui ne peuvent obtenir des masques ne comprennent pas pourquoi nous en portons. D’autant que certains médecins n’hésitent à en prescrire dans leurs ordonnances…  L’incivilité est en nette hausse. Certains de mes confrères ont été insultés. Nous avons du réclamer un renforcement des patrouilles de police autour de nos officines. Une vraie peur s’est installée !
 

YK : Pourquoi ne trouve-t-on toujours pas de gel hydro-alcoolique alors que des mesures avaient été prises pour vous autoriser à en fabriquer ?
VN : J’aurais aimé en fabriquer après ces annonces. J’ai aussitôt contacté les laboratoires pour récupérer la matière première et les flacons. Mais, là aussi, il n’y avait déjà plus aucun stock. Cela renforce l’incompréhension de nos clients, sans parler du problème des ordonnances
 
YK : Qu’en est-il ?
VN : C’est un nouveau souci qui se pose depuis ce lundi. A la suite de l’annonce faite dans les medias de tester l’efficacité du Plakenil et du Mivaquine, et de l’autorisation accordée à un hôpital de Marseille d’en prescrire, nous sommes assaillis, à présent, de demandes de ces deux produits. Là encore, des médecins en prescrivent, que ce soit pour leurs patients ou pour eux-mêmes. Il s’agit de médicaments importants pour des patients que nous fournissons dans le cadre d’infections "longue durée". L’un d’eux est traité chez nous pour un lupus pendant trois mois et nous ne pouvons plus le fournir. Je suis obligée de faire des démarches spécifiques pour assurer son traitement. En attendant la certitude que ce traitement est efficace, il faudrait que les médecins arrêtent de le prescrire contre le Covid 19. Cela devient un vrai problème !
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