Coronavirus Covid19. Une ostéopathe lyonnaise demande de la clarté au gouvernement

Un corps meurtri, un mal de dos, des muscles douleureux... le reflexe de faire appel à un ostéopathe est devenu banal. Depuis le début de l'épidémie de Coivid 19, la plupart ont du pourtant fermer leur cabinet. Sans aide directe : ils ne font pas partie du personnel médical soutenu par l'Etat. 

Agnès V. est ostéopathe à Lyon. Comme la plupart de ses confrères, elle a du renoncer à voir ses patients, parmi lesquels de nombreux personnels hospitaliers physiquement à bout. Elle demande au gouvernement de donner des instructions plus claires aux membres de professions libérales comme la sienne, qui ne font pas partie "officiellement" du corps médical. 

Yannick kusy : La plupart des cabinets d’ostéopathe ont fermé dans la région, comme le vôtre. Comment avez-vous pris cette décision ?

 
Agnès V : Oui, j’ai fermé mon cabinet depuis une semaine. Au départ, on imaginait s’organiser au sein de mon foyer, se relayer pour assurer la garde de nos enfants. Très vite, les annonces gouvernementales nous ont imposé de réfléchir à notre façon de travailler. Nous sommes très proches de nos patients, en permanence. D’ailleurs, les symptômes décrits dans cette épidémie correspondent souvent aux raisons pour lesquelles nos patients nous contactent : courbatures, douleurs musculaires.. En ce qui me concerne, 40% de ma clientèle est composée de personnels infirmiers totalement éreintés. Nous les manipulons. Il est impossible de respecter un mètre de distance dans ces conditions. Pour ma part, j’utilise, par exemple, des draps d’examens sur ma table. Même si je les change à chaque nouveau patient, je n’ai pas aujourd’hui l’habitude de désinfecter systématiquement les lieux. Peut-être faudra-t-il le faire à l’avenir ?
 
YK : Qu’en pensent vos confrères ?
 
AV : Nous nous sommes appelés entre ostéopathes. On en a parlé. Au départ, nous étions à peu près rassurés, lorsque le gouvernement a annoncé des aides. Très vite, on s’est rendu compte que nous n’avions droit à rien. Les paramédicaux ne font pas partie du circuit officiel médical, au sens où nous n’avons droit à aucune aide. Par exemple, j’ai contacté la CPAM au sujet de la garde de mes enfants. La réponse a été catégorique et négative (voir ci-dessous). Nous sommes considérés comme de simples libéraux, comme des avocats.

YK : Pourtant votre profession est, en moyenne, au contact de 125 000 patients par jour, au niveau national...
 
AV : C'est vrai. Aujourd’hui, malgré tout, nous sommes considérés comme apportant un soin de « confort » et non un soin "vital". Aux patients qui continuent de me solliciter, je réponds « Nous ne sommes pas des maillons de la chaîne vitale, mais assurément de la chaîne virale. Il vaut mieux souffrir du dos pendant un mois, que finir en réa. » . Je regrette la dissonance gouvernementale. Les pouvoirs publics ne sont pas clairs. On ne nous dit « confinez-vous, mais allez travailler ». Dans notre cas, c’est impossible. Comment faire ? De fait, on nous place en auto-responsabilité. Certains collègues ont choisi de poursuivre leur activité, pour des tas de motifs, dont financier. Mais qui a raison ?

YK :  Comment réagit plus globalement la profession ?
 
AV : C’est sans doute l’autre problème soulevé par cette épidémie. Au delà de nos choix personnels, on se rend compte que notre profession n’est pas en ordre de marche. Il existe plusieurs syndicats d’ostéopathe. Peut-être un seul ordre permettrait-il d’y voir plus clair ? On ne dispose d’aucune directive officielle, et on n'est pas les seuls. La question se pose pour les kinésithérapeutes, les podologues, etc..
 
YK : Comment voyez-vous l’avenir ?

AV :Je tiens à dire qu’il ya –évidemment- plus grave aujourd’hui. Ma démarche n’est pas égoiste. Je pense à tous ceux qui sont au front. On reste optimiste et on se dit que, sans doute, on devra mettre les bouchées doubles dans un ou deux mois, voire travailler tout l’été, pour rattrapper l’activité perdue. Et on s’en sortira… Et cela posera de nouvelles questions, sur les conditions dans lesquelles nous exercerons à l’avenir. Faudra-t-il, dans un premier temps, être équipés de masques, par exemple ?
 

Plusieurs syndicats différents défendent la profession

 En 2010 , l’Organisation mondiale de la santé a définit l’ostéopathie « qui repose sur l’utilisation du contact manuel pour le diagnostic et le traitement (...) Elle place l’accent sur l’intégrité structurelle et fonctionnelle du corps et la tendance intrinsèque de l’organisme à s’auto-guérir. (...) Cette approche holistique de la prise en charge du patient est fondée sur le concept que l’être humain constitue une unité fonctionnelle dynamique, dans laquelle toutes les parties sont reliées entre elles. »
 
En France, l’ostéopathie est réglementée. Elle est considérée comme une approche thérapeutique non conventionnelle. Quatre organisations socioprofessionnelles sont reconnues représentatives par les Pouvoir Publics :
 
  • Le Syndicat Français des Ostéopathes (SFDO)
  • L'Union Fédérale des Ostéopathes de France (UFOF)
  • La Chambre Nationale des Ostéopathes (CNO)
  • L'Association Française d'Ostéopathie (AFO)

Selon la CPAM, les assurés «ayant un statut de profession libérale ne peuvent prétendre au versement des indemnités journalières pour les arrêts liés à la maladie». C’est le cas des ostéopathes.
 
Les différentes aides demandées par les syndicats de la profession
Selon un communiqué du SFOD datant du 20 mars, les ostéopathes ont été réintégrés dans le dispositif d’aide aux entreprises

https://www.osteopathe-syndicat.fr/medias/actualite/29495-Communique-du-21-mars-Les-osteopathes-ont-ete-reintegres-dans-le-dispositif--aide-aux-entreprises.pdf

Sur le site du ROF (Registre des ostéopathes de France), un certain nombre d’aides sont listées à titre d’informations. Ces aides sont effectivement destinées aux indépendants et entrepreneurs. Il s’agit essentiellement de reports possibles de charges fiscales, sociales, ou de loyers, par exemple.

Le site évoque également la possibilité, sous certaines conditions, d’obtenir une aide financière à hauteur de 1500 euros, financé par un fonds de solidarité , mis en place pour aider les plus petites entreprises les plus touchées par la crise.
 
Il est dédié aux plus petites entreprises qui font moins d’1 million d’euros de chiffre d’affaires, dont les indépendants et micro-entrepreneurs.
 
Sont concernés les petites entreprises, indépendants et micro-entrepreneurs :
Des secteurs les plus impactés. C’est à dire les secteurs qui font l’objet d’une fermeture administrative (commerces non alimentaires, restaurants, etc.) mais aussi l’hébergement, le tourisme, les activités culturelles et sportives, l’événementiel et les transports.
Qui ont connu une fermeture administrative ou une perte de chiffre d'affaires de plus de 70% au mois de mars 2020 par rapport au mois de mars 2019.
 
Chacun devraient bénéficier d'une aide rapide et automatique de 1 500 euros sur simple déclaration. Pour les situations les plus difficiles, un soutien complémentaire pourra être octroyé pour éviter la faillite au cas par cas.
 
Les personnes concernées peuvent bénéficier de cette aide à partir du 31 mars en faisant une simple déclaration sur le site le site de la Direction Générale des Finances Publiques
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