A cause des fermetures, des restrictions sanitaires, des annulations ou des fermetures de frontières, les agences de voyage de Lyon affichent un bilan catastrophique et très pessimiste pour l'avenir proche.

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Chômage partiel, licenciements, et annulations de séjours à répétition: les agents de voyage subissent de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire et certains quittent même le secteur, faute de perspective de reprise. "Depuis mars, on a fait zéro chiffre d'affaires, pas une seule réservation, que des reports", déclare à l'AFP Adrien Kerarvran, salarié d'une agence de voyages lyonnaise spécialiste des États-Unis et du Canada, et membre du réseau Sélectour. Au chômage partiel, il travaille environ sept heures par semaine et trouve le temps long: "au lieu d'avoir des retours de satisfaction, on n'a que des gens qui sont légitimement déçus de ne pas partir, et on est aussi déçus pour eux". 

"Je ne vois pas de perspectives dans le tourisme"

Agent de voyages depuis 26 ans, Marie (prénom modifié) a elle aussi passé la majeure partie de l'année 2020 en chômage partiel, et attend aujourd'hui "sa lettre de licenciement". Son employeur TUI, numéro un mondial du tourisme, a annoncé en juin un plan social, qui menace jusqu'à 601 postes sur 900 au sein de sa branche française. Comme beaucoup de ses collègues, elle a choisi de s'éloigner du secteur du tourisme, au moins pour un temps, et va entamer une formation en marketing. "Ça m'embête d'aller ailleurs parce que j'aimais ce que je faisais, mais je ne vois pas de perspectives dans le tourisme avant au moins deux ans", regrette-t-elle. Malgré un "pincement au coeur", Marie se dit "soulagée": "en ce moment, le boulot n'est pas intéressant, et ces derniers temps je travaillais environ deux demi-journées par mois... Ça ou rien, c'est pareil."

Au chômage depuis septembre, Malika Boughzine, 35 ans, se souvient de "la boule de stress et d'anxiété" qui l'habitait, et s'est volatilisée dès l'officialisation de son départ. Elle a accepté la rupture conventionnelle proposée par son agence de voyages, découragée à l'idée de "rester suspendue à son chômage partiel pendant peut-être deux ans". "Tu commences à organiser un voyage le lundi, tu dois le défaire le mercredi parce que tu apprends qu'on ne peut plus aller dans ce pays", se remémore-t-elle.

"Épuisant moralement"

Ces trois cas reflètent ce que Mme Boughzine décrit comme la "perte de motivation" des agents de voyages. Un ras-le-bol que ces professionnels expriment sur un groupe Facebook privé, le Collectif de Défense des Métiers du Voyage (CDMV). Créé il y a trois ans, il a été ravivé en juillet et réunit aujourd'hui 4.200 membres, contre seulement 750 il y a un an. Son fondateur, Jean-Charles Franchomme, est directeur commercial dans une agence indépendante de la région lilloise. Ce collectif, qui vise à sensibiliser le public à la situation des agents de voyages, le "motive à continuer", explique-t-il. Car depuis le début de la pandémie de Covid-19, il dit avoir "beaucoup souffert de la mauvaise image" de la profession, tenue responsable, selon lui, des séjours annulés et des problèmes de remboursement.

Un système d'avoirs

En mars 2020, le gouvernement a mis en place un système d'avoirs valables 18 mois, permettant de reporter les voyages organisés, pour éviter la faillite d'agences de voyages qui auraient, sinon, dû les rembourser.  Le tourisme a connu d'autres crises, se souvient-il, citant le 11 septembre ou les attentats de Tunis, "mais c'était sur une destination, ou un temps limité". "On a l'habitude de gérer des trucs pas drôles, mais là ça s'accumule", souligne M. Franchomme. "C'est épuisant moralement", abonde Bruno Tissot, gérant de deux agences de voyages indépendantes en Rhône-Alpes. L'une d'elles, spécialisée dans le tourisme d'aventures, est à l'arrêt, et l'autre, centrée sur le tourisme d'affaires, a vu son chiffre d'affaires fondre de 90% en 2020.

M. Tissot dit ne s'être versé que 1.200 euros de salaire depuis mars dernier: "j'ai 58 ans, j'avais pensé terminer tranquillement... Ce ne sera pas le cas." En attendant la reprise espérée, il essaie d'être présent sur les réseaux sociaux, de trouver d'autres sources de revenus, mais le moral n'y est pas. "Des fois, on n'ose pas aller voir son compte bancaire, pour éviter de se faire peur.

 

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