Coronavirus : Rhône. Les masques déployés dans les officines, "c'est bien mais pas en nombre suffisant"

Une nouvelle campagne de distribution de masques dans les pharmacies a débuté hier. Une tâche qui revient aux grossistes répartiteurs, en tout une vingtaine d'établissements pour plus de 2 000 commerces de la région dont 570 dans le Rhône.

Après l'opération de la semaine passée, c'est une nouvelle distribution de masques tant attendus qui est en cours. Une distribution au compte-goutte, car ce sont une fois encore les stocks de l'Etat qui sont mis à contribution. Les quantités en provenance de la Chine suite à la récente commande du gouvernement, ne sont pas encore dans les tuyaux, constate la chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP) qui travaille avec une dizaine de grossistes.
 

Des dotations limitées

"Les dotations sont calculées au millimètre", s'indigne un pharmacien sous le couvert de l'anonymat. Elles sont calculées selon l'inventaire que fournissent les officines, le nombre de masques remis aux médecins de ville, aux cabinets d'infirmiers, aux sage-femmes et aux kinés. Problème : leur nombre par soignant est trop faible. "A peine de quoi tenir une petite semaine", se désole Bernard Montreuil, pharmacien à Bron (Rhône). Car les 18 masques de chirurgien auxquels ont droit les généralistes ne suffisent pas, d'après plusieurs médecins contactés. C'est pire pour les sage-femmes (6) et les infirmières (18 mais pour des tournées qui comptent fréquemment une trentaine de patients par jour).
Dans une pharmacie lyonnaise, le titulaire a dû donner tout ce qui restait à un cabinet qui compte parmi ses patients des malades du Covid-19 ! "Ils n'avaient plus rien du tout pour se protéger et protéger leurs patients."
 

Le système D à la rescousse

Certains pharmaciens essaient de trouver des solutions alternatives. Bernard Montreuil a ainsi contacté un fabricant de masques en tissu de la vallée de l'Azergues pour se doter en masques chirurgicaux supplémentaires. Il a passé une commande de 3 000 pièces, qui ne sont pourtant pas homologuées. "Quand on a plus rien, on essaie d'avancer", explique-t-il.
En attendant la livraison, le personnel de la pharmacie puise dans le stock des masques datant de 2009, pour leur propre usage. "Même si l'on sait qu'ils sont périmés, ça rassure."
Si les dotations sont chaotiques, parfois au-delà ce que l'on pouvait craindre de pire, les pharmaciens espèrent que désormais les flux seront plus réguliers. Tous s'accordent sur un point : personne ne mettrait sa main à couper sur cette attente.
Président de l'ordre des pharmaciens du Rhône, Didier Vieilly tempère : "Les filières sont plus affinées. Par exemple, les auxiliaires de vie ne passent plus par le biais des officines pour disposer de masques." Ni les ambulanciers qui en manquent singulièrement. Et de reconnaître que les masques FFP2, qui normalement ont une durée de vie de 8 heures (contre 4 pour les chirurgicaux), doivent être changés dès qu'ils ont été manipulés, ôtés puis remis, comme cela arrive très souvent. "On s’aperçoit que ces masques servent surtout à éviter de se toucher le nez ou la bouche qu'à protéger, une fois que la fibre filtrante est altérée".
 

"Donnez-moi votre masque !"

Dans les pharmacies, la tension monte donc d'un cran. D'autant que les personnels sont de plus en plus sujets d'agressions verbales de la part de clients qui ne comprennent pas qu'ils ne peuvent en avoir eux-aussi. Dans une pharmacie des Brotteaux à Lyon, un pharmacien témoigne de l'ambiance délétère qui règne : "Certains patients âgés nous demandent les nôtres, ceux que l'on porte. Principalement des personnes âgées qui nous disent que nous sommes plus jeunes qu'eux..."
"Des patients, qui se sont fait ordonner un port de masques sur ordonnance par leur médecin, ne savent pas que même si on a de trop, ce qui n'est pas le cas, on ne peut pas les leur délivrer", résume Véronique Nouri, co-présidente régionale du syndicat des pharmaciens. Le message du ministère de la Santé n'est visiblement pas passé.
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