Avec la crise sanitaire et le confinement, les patients ont déserté les cabinets médicaux par crainte d'une contamination par le coronavirus. Il y a quelques jours, un médecin généraliste de Vaulx-en-Velin lançait un appel aux patients leur demandant de revenir consulter.
"Ne restez pas chez vous avec des problèmes de santé, consultez ! Nous sommes là pour vous orienter et vous soigner, revenez dans les cabinets médicaux et ne trainez pas si la pathologie s'aggrave nous aurons plus de mal à vous traiter !" Le Docteur MoktariaAli-Kada, médecin généraliste et installée à Vaulx-en-Velin depuis 2006, lance un appel aux patients pour les inciter à revenir dans les consultations de la médecine de ville ...Des patients "terrorisés" par le Covid
Abcès, calculs biliaires ou encore infarctus... le Docteur Ali-Kada ne cache pas son angoisse car nombreux sont les particuliers à avoir boudé la médecine de ville depuis le début de la crise sanitaire du coronavirus. Elle raconte comment certains patients ne mesuraient pas les conséquences de cette défection. A l'instar de ce vaudais redoutant de se rendre à l'hôpital à cause du coronavirus alors même qu'il risquait un arrêt cardiaque ou comme cette femme qui a souffert le martyre durant dix jours à cause de calculs biliaires avant de se décider à consulter, et qui a finalement été opérée en urgence.
Durant le confinement, la généraliste vaudaise a fait un constat alarmant dans son propre cabinet: "des patients ne veulent plus venir dans les cabinets médicaux!" Or ce médecin l'affirme dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux il y a quelques jours :"nous, professionnels de santé de ville, nous n'avons pour la plupart jamais quitté nos cabinets, nous appliquons les gestes barrières, nous faisons en sorte que les patients ne se croisent pas... Vous pouvez revenir en toute sécurité !"
Une partie de la patientèle n'est plus venue consulter depuis le 17 mars et la tendance peine à s'inverser, même avec le déconfinement progressif qui a débuté le 11 mai. Les patients commencent à revenir doucement mais les craintes et les interrogations n'ont pas disparu... face à eux des médecins qui se sentent " très démunis". Ce que le Docteur Ali-Kada a jugé intolérable au coeur de la crise : n'avoir "que des mots et des regards pour apaiser" les patients.
Comment expliquer ces réactions extrêmes et la désertion des cabinets de consultation? "La peur", d'après le docteur Moktaria Ali-Kada qui ne décolère pas, "avec la peur on ne réfléchit plus". Le médecin vaudais accuse notamment la communication officielle sur le coronavirus et ses conséquences. Selon elle, faire état du nombre de morts a contribué à "terroriser" la population et "certaines personnes ont été tétanisées par la crainte du Covid," et par des informations anxiogènes.
"Le Covid 19 a pris toute la place"
Durant le confinement, la praticienne vaudaise s'est dit "morte d'inquiétude" pour les personnes en grande difficulté comme les femmes victimes de violences conjugales, les victimes de violences sexuelles, les adultes ou enfants en situation de handicap. Egalement, sujets de vives préoccupations, les personnes en fin de vie ou les patients qui souffrent de pathologies liées au vieillissement. Une inquiétude qui n'est pas retombée.
Pathologies aggravée, diagnostics retardés... malgré le déconfinement amorcé cette semaine, ce médecin généraliste ne cache pas non plus son souci des patients qui souffrent de maladies chroniques ou de cancers "Nous aurons des problèmes pour soigner ces personnes car les pathologies évoluent," affirme-t-elle sans détour.
Le Docteur Ali-Kada ne s'explique pas vraiment pourquoi le Covid a pris le pas sur toutes les autres maladies. Pour elle, le coronavirus a agi "comme un aspirateur" et "a pris toute la place !". Pire, avec cette crise sanitaire inédite, "tous les dispositifs se sont arrêtés et les effets sont terribles sur les publics fragiles, " explique-t-elle. Difficile d'avoir accès à une assistante sociale pour les femmes victimes de violences par exemple...
"Personne ne parle à personne"
"On a confiné tout le monde à cause d'une pénurie de masques et de tests mais il aurait fallu confiner les malades," selon elle. Et elle pointe du doigt la gestion même d'une crise dans laquelle "personne ne parle à personne !". La généraliste déplore un manque de "coordination entre médecine de ville, Samu et hôpitaux," voire "une désorganisation" et enfin "une opacité des décisions" prises en haut-lieu évoquant une médecine de ville laissée à l'écart. Elle aurait par exemple souhaité être informée de la sortie d'hospitalisation de ses patients.
Dans sa patientèle, le docteur Ali-Kada déplore 40 patients infectés par le coronavirus dont une seule personne passée par la réanimation et aucun décès. Des patients tirés d'affaire, indique avec soulagement ce médecin qui veut penser à l'après-Covid. Le docteur Moktaria Ali-Kada Ouria conduisait la liste métropolitaine Les « Insoumis.es de l’Est lyonnais » pour la circonscription Rhône-Amont.