Les salles ou les amphis remplis à 50% de leur capacité au maximum dans les universités en zones d'alerte renforcée et maximale. Cette mesure, annoncée dimanche par Matignon, s'applique à partir du mardi 6 octobre. L'organisation est compliquée mais à l'université Lyon 3, on a anticipé.

Selon l'agence sanitaire Santé publique France, le milieu scolaire et universitaire représente le tiers des clusters en cours d'investigation. Les clusters avec un fort risque de transmission du Covid-19 se concentrent dans l'enseignement supérieur et post-secondaire (42,9%).

C'est pourquoi, la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal, a demandé le 5 octobre aux chefs d’établissement situés en zone d’alerte renforcée et en zone d’alerte maximale "d’instaurer une jauge pour tous les espaces d’accueil (espaces d’enseignement, espaces de restauration, bibliothèques universitaires)  à 50 % au plus de leur capacité nominale, et ce dès le mardi 6 octobre."

La réduction de moitié de la jauge dans l'enseignement supérieur va contraindre les établissements à réorganiser leurs enseignements même si certains avaient déjà intensifié les cours à distance. A l'université Lyon 3, notamment, on s'est organisé avant l'annonce ministérielle. Les amphithéâtres sont équipés pour les enseignements à distance. Il en va de même pour un tiers des salles de taille intermédiaire. Exit donc les classes surchargées.

Enseignement hybride : 50% des étudiants présents et 50% à distance 

Dans les zones d'alerte, le tour de vis supplémentaire que vient de donner le gouvernement ne semble pas vraiment une surprise. A l'université Jean Moulin Lyon 3, un système d'enseignement hybride (mi-présentiel, mi-distanciel) était déjà progressivement mis en place.

"On était prêt, on était en train de passer à l'hybride progressivement... C'est facile à mettre en place d'un côté technique mais c'est un peu plus compliqué avec les enseignants qui doivent s'adapter à cette nouvelle façon de fonctionner," a expliqué Jacques Comby, Président de l'université Jean Moulin Lyon 3, à la veille de la mise en place officielle de cette nouvelle mesure sanitaire.

Au bout de la deuxième semaine de cours, les professeurs avaient déjà commencé à enseigner pour des étudiants présents mais aussi pour des étudiants connectés à distance. Et les habitudes sont bouleversées. Ces nouvelles mesures sanitaires demandent une grande capacité d'adaptation aux enseignants comme aux étudiants. Mais il est également plus compliqué de s'adapter dans les TD avec exercices qu'en amphithéâtre.

"Beaucoup plus de travail de préparation, il faut modifier la façon de présenter les choses, la façon d'enseigner, de répondre postérieurement au cours, car beaucoup de questions viennent après..." confirme Jean-Jacques Friedrich, professeur de comptabilité générale à l'université Lyon 3. Face à lui, ce jour-là, un amphithéâtre à moitié vide. Et une centaine d'étudiants connectés pour assister au cours magistral. Mais qu'en pensent les étudiants ?
 

50 -50 : les étudiants de Lyon 3 partagés

Sur le site de la Manufacture des Tabacs, les jeunes interrogés n'apprécient pas forcément tous la disposition du 50-50. Certains ne cachent pas leur inquiétude face à ces nouvelles mesures sanitaires imposées. "C'est extrêmement compliqué de faire du distanciel. J'ai assez peur pour ma licence, je me demande si ça va bien se passer. Est-ce que je vais réussir à garder mon niveau même si je fais cours chez moi ?" s'interroge Louisa Abrit, Étudiante en droit et sciences politiques. Pour la jeune femme, l'ambiance à l'université est un plus pour le travail: "ça motive d'être en amphi," explique-t-elle.

D'autres, au contraire, saluent la mesure sanitaire et valident l'enseignement à distance: "les étudiants qui sont cas contact ou à risque pourront avoir un vrai suivi pédagogique" explique Maxence Grataloup, étudiant dans la même filière à Lyon 3. Il se dit aussi soulagé pour ses proches.
Quelques jours avant cette annonce ministérielle, des étudiants de l'université de Lyon 3 avaient publié des photos d'amphithéâtres bondés. Ils avaient également lancé une pétition pour faire respecter la distanciation physique dans les amphis. Elle avait recueilli près de 2000 signatures.
 

Une mesure adaptée 

De son côté, l'université lyonnaise a anticipé : grâce à l'aide de la Métropole, des ordinateurs portables ont été achetés. Ces appareils pourront être prêtés à des étudiants qui en auraient besoin, dans le cadre de l'enseignement à distance renforcé. 

"De manière globale, ce sera 50-50 mais on aura des cas spécifiques," rassure le président de l'université Jean Moulin. La règle du 50-50 pourra être adaptée. La situation particulière des étudiants sera prise en compte. Sont concernés par exemple ceux qui ne peuvent rester chez eux, pour des raisons familiales ou pour ceux qui, au contraire, ne peuvent assister aux cours en présentiel, en raison de leur fragilité. 

Enfin, petit coup de pouce aussi aux étudiants qui n'ont pas toujours accès à du matériel numérique performant. Grâce à l'aide de la Métropole, des ordinateurs portables ont été achetés par l'université. Ces appareils pourront être prêtés à des étudiants qui en auraient besoin, dans le cadre de l'enseignement à distance renforcé. 
 Dans une tribune publiée dans Le Monde fin septembre, les universitaires Olivier Bos, Nicolas Frémeaux et Paul Maarek s’inquiétaient de voir certains établissements, en France, privilégier l’accueil du plus grand nombre d’étudiants. Une décision qui relevait selon eux de "l'irresponsabilité".
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