Crise sanitaire : Pascal Garin, maître d'hôtel chez les particuliers à Lyon, aimerait rapidement... remettre le couvert

La crise sanitaire a mis à terre des professions entières. Dans l'événementiel, notamment. De nombreux prestataires sont sans emploi. Pascal Garin est un maître d'hôtel passionné et très expérimenté. Il travaille au domicile de ses clients. Depuis des mois, il n'a plus d'activité. Portrait.

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A l'occasion de la disparition récente de l'immense comédien Jean-Pierre Bacri, l'un des films dont il est le personnage principal a été rediffusé à la télévision. Dans "Le sens de la fête" d'Eric Toledano et Olivier Nakache, une sorte d'hommage est rendu, dans cette comédie tragique, à toutes les professions qui oeuvrent, dans l'ombre, dans le domaine du service et de la restauration à domicile, notamment à l'occasion des mariages. "Je suis dans le même état d'esprit que son personnage" sourit Pascal Garin "Comme lui, je me dis souvent: on s'adapte ! ".

Et justement... Plus que jamais, ce maître d'hôtel expérimenté est mis à l'épreuve, en cette période compliquée, qui frappe de plein fouet le monde de l'événementiel. Il n'a quasiment plus de travail. Et le plus dur... C'est qu'il a pourtant parfaitement le droit d'exercer sa profession, malgré les règles sanitaires en vigueur.

De Nandron à Bocuse, une solide expérience...

Pascal a toujours aimé sa profession. Il l'évoque avec émotion. "C'est une passion. Je l'ai dans les tripes", explique-t-il. Il a débuté dans les années 80 dans un restaurant deux étoiles : Nandron. "J'y suis entré en 1979. Un grand restaurant lyonnais installé le long des quais au niveau de Cordeliers. J'ai fait mon apprentissage là-bas et j'y suis resté cinq ans." Il apprend son métier, gravit les échelons, se retrouve ensuite chez Paul Bocuse. "Quand on passe par là, c'est une expérience unique. Ca reste gravé". Il collaborera ensuite avec Larivoire à Rillieux-la-Pape, puis dans le restaurant "Les quatre saisons" à Lyon. Des lieux prestigieux et étoilés, qui ont forgé son expérience et ses compétences. Et son amour du métier...

Moi je suis là pour ça : je me mets en quatre pour offrir aux gens l'un des plus beaux moments de leur vie.

Pascal Garin, maître d'hôtel

Pourtant la restauration et le service ne sont pas une activité facile. "Dans les années 80, on ne parlait pas des 35 heures... On commençait à 5 heures du matin, jusqu'à 15h. Puis on reprenait à 18h, jusqu'à minuit. On ne gagnait pas des fortunes. Mais la restauration, à l'époque, c'était comme ça", se souvient-il.  A force de donner de sa personne, de passer systématiquement les jours de fête -comme chaque Noël- au travail, et d'avoir très peu de vacances... Il va faire une pause, et prendre du recul. Pour, finalement, mieux y revenir quelques années plus tard, comme indépendant. II s'entoure de confrères de ses débuts, devenus amis. 

En fait, Pascal n'a retenu que les bons souvenirs. "On voyait du beau monde en permanence. Ces restaurants, c'était la cantine de tous les hommes politiques. On avait Raymond Barre, Charles Hernu, Francisque Collomb, alors maire de Lyon. Ces gens-là venaient jusqu'à 4 jours par semaine. Ces rencontres-là, et puis ce contact de la clientèle, qui vous rend beaucoup... Souvent on a des remerciements. Et ça, c'est que j'aime toujours aujourd'hui. Servir des gens, c'est apporter beaucoup... La plus belle des choses pour moi, c'est mon livre d'or. Moi je suis là pour ça : je me mets en quatre pour offrir aux gens l'un des plus beaux moments de leur vie. Rentrer chez eux, avoir leur confiance, ce sont mes plus grands souvenirs."

je prends en charge toute l'organisation de la soirée, en suivant un protocole, préparé avec les clients

Pascal Garin

Un maître d'hôtel, c'est le haut de l'échelle. Le fruit d'une longue expérience. "C'est un professionnel qui connaît toutes les ficelles" précise Pascal "On reçoit les convives. On est capable de faire des flambages, des découpages à table, des choses comme ça. J'ai d'abord été commis, puis apprenti, puis chef de rang. Le maître d'hôtel supervise tous ces gens. Je viens travailler avec un chef à domicile, avec lequel je collabore. Moi je prends en charge toute l'organisation de la soirée, en suivant un protocole, préparé avec les clients. Je m'assure que tout se passe bien. Le contraire du scénario dans "Le sens de la fête", justement "sourit Pascal. Il exerce cette profession dans toutes sortes d'événements privés, comme des mariages, des anniversaires, des fêtes surprises, des soirées dans des entreprises.

Tous les mariages reportés...à 2022

Malheureusement, cette activité de maître d'hôtel à domicile, Pascal ne l'exerce plus, bien malgré lui, depuis septembre 2020. La crise sanitaire a mis un coup d'arrêt à ses contrats. "Je n'ai absolument plus rien. Plus du tout de travail. Tous les mariages de 2020 ont été reportés à 2021. Et malheureusement, ils sont également repoussés, petit à petit, à 2022. Les gens anticipent d'éventuels blocages." En attendant, il perçoit des aides de l'Etat en tant qu'auto-entrepreneur. Il est dédommagé en fonction de son chiffre d'affaire de l'année précédente. "Ce ne sont pas des montants exorbitants. Je suis seul et indépendant. Je ne touche pas des fortunes. Et je ne sais absolument pas comment cela va évoluer les prochains mois." s'inquiète-t-il.

Les gens se plaignent de ne pas pouvoir aller au restaurant en ce moment, mais justement ! Moi, je peux venir chez eux. Le restaurant peut se déplacer à leur domicile. Il ne faut pas hésiter!

Pascal Garin

Et pourtant, il a parfaitement le droit de travailler : "Les gens ne le savent pas, mais si je respecte correctement les gestes-barrière, rien ne m'interdit de travailler chez les particuliers, même pas le couvre-feu. J'ai espoir de retrouver de l'activité durant les week-end de mai prochain. Mais pour le moment, rien n'est confirmé." déplore-t-il.

Plein d'énergie et de volonté de reprendre à 57 ans, il lance un appel : "Les gens se plaignent de ne pas pouvoir aller au restaurant en ce moment, mais justement ! Moi, je peux venir chez eux. Le restaurant peut se déplacer à leur domicile. Il ne faut pas hésiter! Je m'occupe de tout!".

En nous contactant, Pascal, très modeste, osait à peine espérer un peu de médiatisation: "Depuis le début de la crise, les chefs sont souvent exposés pour parler de leurs difficultés. Derrière eux, il existe toutes sortes de professions très impactées, et dont on parle beaucoup moins". Le message est passé. 

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