Les forces de l'ordre ont empêché, mercredi 29 octobre 2020, des Turcs d'en "découdre" à Décines, un haut lieu de la communauté arménienne.
Les forces de l'ordre sont intervenues mercredi soir pour empêcher "plusieurs dizaines" de membres de la communauté turque d'en "découdre" avec des Arméniens à Décines-Charpieu, haut-lieu de cette diaspora en France, a annoncé ce jeudi la préfecture. Un important dispositif policier, fort d'une centaine d'hommes, a été mis en place "dans le but de rétablir l'ordre républicain" dans cette ville de banlieue lyonnaise qui abrite le mémorial du génocide arménien. Dix-neuf véhicules ont été contrôlés et l'identité de tous les protagonistes a été relevée. Le calme est revenu à 23 heures, deux heures après le début des incidents.
Le retour à la normale s'est effectué "sans violence ni dégradations", s'est félicitée la préfecture, assurant que "les tentatives d'intimidation et les actions communautaires hostiles n'ont pas leur place dans notre République".
Tôt mercredi matin, une tentative de blocage du péage de Vienne (Isère), au sud de Lyon, par des militants pro-Arménie avait dégénéré. Elle avait fait quatre blessés, dont l'un, originaire de Valence (Drôme) frappé à coup de marteau.
Si la préfecture de l'Isère avait simplement évoqué des "échauffourées" avec des automobilistes, la presse locale a mis en cause la communauté turque dans ces affrontements.
L'inquiétude gagne la communauté arménienne de la région face à cette "chasse à l'Arménien"
Pour les Arméniens de la région lyonnaise, très nombreux à Décines, le coup est dur. Ils ne cachent pas leur inquiétude dans un contexte de plus en plus tendu lié au conflit qui sévit depuis des mois dans le Haut Karabagh.
On se dit « estomaqué » que ce conflit puisse s’inviter au travers d’actions violentes sur le territoire français. « Ces groupes à la solde du président turc viennent ébranler notre modèle de société, » réagit Sarah Tanzilli, présidente de la Maison de la culture arménienne de Décines. Mickaël Cazarian, ancien président du conseil de coordination des associations arméniennes de France ne dit pas autre chose quand il évoque « les agissements de ces groupes ultra-nationaux en France, dans un pays de droit ! ». Ce sont ces « loups gris », ainsi qu’ils se font appeler qui avaient déjà pratiqué « la chasse à l’Arménien » à Décines le 24 juillet dernier lors d’un rassemblement pacifique dénonçant l'attitude du président turc Erdogan. Des demandes de dissolution de ces groupuscules avaient été effectuées auprès du ministère de l’Intérieur.
« C’est le même raisonnement que pour les caricatures, dit encore Sarh Tanzilli. Ce sont des pressions qui visent à limiter notre droit à user de la liberté d’expression dans un pays où ce droit est fondamental. » Dès hier, des consignes ont été données aux membres de la communauté arménienne pour éviter toute escalade de violence. « Nous demandons aux gens de ne surtout pas rester dans les rues, de se mettre à l’abri et ne pas riposter », indique un autre responsable de la communauté arménienne. Les responsables de la communauté arménienne appellent au calme et à laisser la police faire son travail. « Nous avons totalement confiance dans les forces de l’ordre de notre pays pour assurer notre sécurité », ajoute Sarah Tanzilli.