Déconfinement et restauration : la délicate reprise des bouchons de Lyon

La plupart des restaurants rouvrent aujourd'hui. A Lyon, les fameux bouchons aménagent leur établissement. Malgré les contraintes et des capacités d'accueil réduites, ils espèrent retrouver leur clientèle mais s'attendent à un été difficile.

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Le coup de feu de midi est passé. Joseph Viola, chef des restaurants "Daniel et Denise" à Lyon, vient de terminer son premier service après 3 mois de salle vide.

Ce mardi 2 juin à midi, une trentaine de couverts a été dressée, les clients étaient au rendez-vous. Mais le service particulièrement éprouvant. Les normes sanitaires exigent qu'un seul serveur s'occupe du service d'une table pour limiter au maximum les échanges.

Ce n'est pas l'esprit de notre métier, les autres serveurs ne peuvent pas aider un collègue et il faut fournir encore plus d'efforts physiques." constate le chef. "On avait imaginé beaucoup de choses mais c'est encore plus costaud que ce qu'on croyait.
 

"Le peu qu'on pourra faire, ce sera magnifique"

Au "café du Peintre", un bouchon du quartier des Brotteaux (Lyon 6), les couverts ont été dépoussiérés, les tables époussetées, salariés et cheffe sont fin prêts après près de 3 mois de fermeture. 
Lavage des mains toutes les demi-heures, port du masque pour les employés, les mesures barrières tentent d'être appliquées avec soin. Les tables sont séparées…par des cartons de vin. 
Tout est fait pour rassurer la clientèle et même si la capacité d'accueil est fortement réduite, rien ne semble entamer l'enthousiasme de la cheffe Florence Périer "ça fait 3 mois qu'on fait 0, le peu qu'on pourra faire, ce sera magnifique." 
 

Poursuite du chômage partiel

Un élan partagé par la patronne du restaurant Le Garet. L'établissement figure dans les institutions lyonnaises depuis 1870. Ce mardi 2 juin matin, Agnès Ferra se réjouissait de retrouver ses clients…dans un restaurant transformé. Sur 55 couverts habituellement, Seuleument 15 à 20 places maximum sont condamnées pour garder les distances de sécurité. Pour la patronne, "il n'y a pas de raison de s'affoler". Optimiste, elle compte sur sa clientèle d'habitués mais anticipe les difficultés de l'été, une saison généralement creuse pour l'établissement. Pas encore un retour à la normale. Avec 4 salariés, le chômage partiel se poursuit : 3 employés seront présents chaque jour.

Un lourd tribut pour les bouchons lyonnais

La situation entre les bouchons varie : en fonction de leur taille, de leur emplacement et de leur endettement. Benoît Josserand, président de l'association des Bouchons lyonnais confie être très préoccupé par le sort d'un grand nombre d'entre eux "cela va être très difficile pour les petits établissements qui vont perdre 60% de leurs couverts mais aussi pour certains gros restaurants qui ont des crédits et de lourdes charges".

Benoît Josserand, patron du Café du Jura, n'a pas rouvert ce 2 juin. Il finit d'aménager la salle avec des plexiglas. Il ouvrira mercredi 2 juin. Le restaurateur regrette les annonces tardives du gouvernement : "On nous a fait fermer en une demi-journée et il faut rouvrir en 3 jours avec un long week-end de Pentecôte au milieu." 
Bien qu'il ait anticipé depuis vendredi dernier certaines commandes, la carte sera réduite : à l'absence de visibilité sur le nombre de clients, les restaurateurs doivent aussi faire face à des difficultés d'approvisionnement "les charcutiers avaient zéro commande pendant des mois et là, ils doivent fournir tous les bouchons de Lyon". 
 

Dans l'attente du retour des touristes

Il compte sur la solidarité de ses habitués mais ne se fait guère d'illusion sur la suite de la saison. "Après 15 jours, les lyonnais risquent de se détourner de ce type d'établissement." 
L'été est la grande inconnue pour ces restaurants qui attirent chaque année des milliers de touristes. "Avec une clientèle uniquement lyonnaise, cela va être très compliqué" s'inquiète Benoît Josserand. 

Les restaurateurs misent sur la phase 3 du déconfinement annoncée le 22 juin. Tous attendent l'assouplissement des mesures barrières et la levée des restrictions de circulation pour accueillir de nouveau les étrangers faisant étape à Lyon. 


 

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