Distanciation à table: "soyons réaliste, peu de bouchons s'en sortiront" lance Muriel Ferrari, restauratrice à Lyon

La restauratrice Muriel Ferrari est à l’initiative d’une pétition pour sauver les bouchons lyonnais. Elle pointe du doigt des règles de distanciation impossibles à tenir pour de nombreux petits établissements. Elle est soutenue par l'Association des Authentiques Bouchons Lyonnais.

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A deux jours des annonces du gouvernement concernant les conditions de reprise d'activité dans la restauration, Muriel Ferrari, l'une des dernières mères lyonnaises, chef-propriétaire du Café des Artisans, dans le 3 arrondissement de Lyon depuis 17 ans, a lancé une pétition intitulée "Sauvons nos bouchons lyonnais". La restauratrice lance un appel à sauver le patrimoine gastronomique et culturel que constituent les Bouchons lyonnais. 
 

Distanciation: "il faut être réaliste, peu de bouchons s'en sortiront"

"Les bouchons lyonnais font partis du patrimoine culturel et culinaire de notre ville depuis toujours. Mondialement connus, ces lieux de convivialité par leur ambiance réunissent lyonnais et touristes français et étrangers dans une ambiance que l'on ne retrouve nulle part ailleurs," écrit-elle dans son appel destiné notamment au Maire de Lyon. Muriel Ferrari espère bien "un coup de pouce" de l'élu et se fait l'écho ainsi de l'inquiétude de tout un secteur. 
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Face à la "crise sans précédent" et face à des "lois de distanciation que l'on veut nous imposer", la restauratrice alerte : "il faut être réaliste, peu de bouchons s'en sortiront". Elle pointe du doigt des raisons pratiques évidentes : ces restaurants sont des lieux anciens, "sans terrasse et assez petits". Elle insiste : "si ces règles (de distanciation) sont appliquées, la plupart d'entre nous ne s'en sortiront pas.La restauratrice, qui s'évertue à maintenir la tradition des bouchons dans son restaurant de la rue du Dauphiné, ne cache pas son inquiétude de "voir disparaitre ces lieux qui ont traversé l'histoire". 

Pour Muriel Ferrari, dont le petit établissement qui existe depuis 1902 peut recevoir au maximum 30 personnes, la mise en place de mesures de distanciation entre chaque client pose clairement problème. Elle ne pourrait plus accueillir qu'une dizaine de personnes : "Avec 4m2 par client comme annoncé auparavant, la réouverture était impossible," a-t-elle confié. Mais même avec une distanciation d'un mètre ou d'un mètre cinquante entre chaque client, "ça va être difficile," résume-t-elle.
Par ailleurs, la restauratrice évoque un autre problème : l'installation de protections en plexiglas a un coût, et elle  n'a pas les moyens de s'équiper.

Perplexe, elle pointe également le manque de convivialité d'un tel équipement : "les clients auront l'impression d'être à l'hôpital, au service des urgences ou encore l'impression d'être au parloir, en prison ! On n'a pas envie d'aller au restaurant pour ça." Enfin, le Café des Artisans ne dispose pas d'une terrasse : impossible pour elle de limiter le manque à gagner en salle.  
 

"Personne ne sait à quelle sauce il va être mangé !"

Les restaurateurs comptent parmi les entreprises les plus sinistrées par la crise sanitaire, car contrairement à la plupart des commerces, ils n'ont pu rouvrir le 11 mai. L'Association de Défense des Bouchons Lyonnais soutient la pétition de Muriel Ferrari car de nombreux propriétaires de ces typiques tables lyonnaises se demandent bien "à quelle sauce ils seront mangés" ce jeudi 28 mai. C'est aujourd'hui que les annonces du gouvernement concernant la réouverture des cafés et restaurants doivent intervenir.
Gants, masques, protections de plexiglas, gestes barrières ou encore distanciation sociale... dans les bouchons, c'est l'inquiétude. Pour ces restaurateurs lyonnais, "la distanciation est aux antipodes de la convivialité d'un bouchon".  Et "la réouverture probable le 2 juin n'avantagera guère nos "Authentiques", affirment-ils. Au sein de cette association, on s'interroge: "les dispositions coronavirus autoriseront-elles une reprise économique convenable ?" 

Muriel Ferrari, comme tous ses confrères, attend les annonces du gouvernement ce jour et espère rouvrir début juin. La restauratrice s'interroge cependant : "il fallait peut-être attendre un peu plus et rouvrir dans des conditions normales d'activité ?". La profession devrait être fixée ce jeudi 28 mai après-midi lors du conseil de défense dédié à la deuxième phase du déconfinement. 
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