L'association pour l'édification d'un mémorial de la Shoah à Lyon a présenté, le mardi 1ᵉʳ octobre, les premières réalisations du monument. Un Mémorial fait de 1.173 mètres de rails symbolisant les 1.173 km de voies ferrées séparant Lyon d’Auschwitz-Birkenau sera érigé place Carnot, à proximité de la gare de Perrache, en janvier prochain.
À quelques mètres de la gare de Lyon-Perrache, un mémorial évoquera les convois de déportés voués à la solution finale. De cette gare, sont partis les trains transportant 6 100 juifs de la région Auvergne-Rhône-Alpes, à destination de Drancy et des camps de la mort.
Un appel à projet
Après un appel à projet, en juillet 2023, 96 candidatures avaient été enregistrées émanant d'artistes ou d'architectes de 25 nationalités différentes. Le conseil d'administration de l'association a retenu le projet intitulé "Les rails de la mémoire". Le Studio Blaising et Borchardt propose une œuvre évocatrice des convois de la mort. Le monument sera constitué de 1 173 mètres de rails d'acier, évoquant ainsi la distance qui sépare Lyon d'Auschwitz-Birkenau. Les rails d'acier récupérés sur des voies seront empilés et disposés en quinconce.
À mi-chantier, le mémorial a été présenté à la presse pour la pose du premier chiffre qui sera incrusté sur l'un des rails : 6 100, comme le nombre de juifs déportés originaires de la région.
Des milliers de personnes prennent le train ici chaque jour sans savoir qu'il y a 80 ans, sur ces mêmes lignes de fer, 6 100 juifs ont été déportés. Il fallait une structure visible, compréhensible, voire pédagogique.
Blaising Borchardt Studio
Un mémorial de la Shoah à Lyon
Ce projet d’édification d’un mémorial de la Shoah a été officiellement annoncé le 13 septembre 2019. Une souscription publique avait, par la même occasion, été lancée pour le financement du projet. Procureur adjoint lors du procès Barbie, en 1987, le magistrat, Jean-Olivier Viout, passionné d'Histoire, a accepté la présidence de l'association "pour un mémorial de la Shoah à Lyon".
"La flamme de la mémoire"
Il a rappelé cette "ambition citoyenne d’une ampleur particulière". Il ajoute que le projet n'est ni institutionnel, ni communautaire. "Par les temps qui courent, au vu de ce que nous voyons et entendons, chacun de nous ressent, l’urgence que revêt l’entretien de la flamme de la mémoire de cette dantesque page d’histoire et des leçons que l’on doit en tirer", a-t-il également expliqué.
Ce mémorial vient combler un vide. Il était paradoxal que Lyon, ville où, la première fois de son histoire, la France a condamné le crime contre l'humanité, il n'y ait pas un mémorial spécifique pour rappeler ce qu'a été la Shoah.
Jean-Olivier Viout, président de l'asociation pour un mémorial de la Shoah
"Une émotion intérieure"
Arié Nathan est l'un des maîtres d'ouvrage du monument. En fin technicien, son regard est, malgré tout, emprunt d’émotion. Sa grand-mère était la dernière survivante du convoi du 11 août 1944. Le dernier ordonné par Klaus Barbie. "Elle aurait été fière de savoir que Lyon commémore sa mémoire et celle de tous les autres, mais elle était pudique sur le sujet, ça aurait été une émotion intérieure pour elle".
Le mémorial sera prêt pour son inauguration le 26 janvier 2025. Veille des 80 ans de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau.