VIDÉO. "C'est l'air du condamné", grande émotion quand un ténor rend hommage aux fusillés de Rillieux-la-Pape

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Il y a 80 ans, le 29 juin 1944, sept personnes juives furent exécutées à Rillieux-la-Pape, après l’assassinat du collaborateur Philippe Henriot. ©F.Bouyablane / France tv

On ignore encore l'identité du jeune homme de 25 ans qui a chanté un air de Tosca peu avant son exécution par la milice à Rillieux-la-Pape. En hommage, le ténor Thierry Grobon est venu chanter "E lucevan' le stelle" à l'endroit même où sept hommes ont été assassinés par la milice le 29 juin 1944.

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"E lucevan'le stelle" ... Un jeune inconnu qui "paraissait avoir 25 ans" a chanté cet air de Tosca avant son exécution. Des témoins l'ont raconté, mais difficile d'en savoir davantage, même 80 ans après cet épisode tragique de la Deuxième Guerre mondiale.

Un ténor a malgré tout tenu à rendre hommage à ce jeune homme assassiné à Rillieux-la-Pape en 1944 et à ses compagnons d'infortune. "J'ai été très touché. Un inconnu, aux portes de la mort, a souhaité faire un témoignage d'une culture importante, une culture de l'opéra. C'est l'air du condamné. Mario (nb : le personnage de Tosca, opéra de Puccini) vit la même chose que cet homme, il chante à la liberté perdue, sachant que demain matin, il va mourir des mains du bourreau", explique le ténor Thierry Grobon. 

Hommage

"On a tous été saisis par la beauté du chant. C'était un moment magique. On a rendu hommage à cet inconnu de Rillieux de la plus belle des façons. Ce moment a été une belle parenthèse dans ce parcours mémoriel qui nous est proposé. L'idée de faire chanter ce ténor a touché tout le monde", explique Patricia Drai, chroniqueuse littéraire. "Je pense que les jeunes aussi ont été touchés, même sans connaître Tosca, l'opéra de Puccini", ajoute-t-elle.

Ce que l'on sait, c'est qu'il l'a chanté plusieurs fois. À chaque fois, ça a touché les gardiens et les prisonniers avec lui. C'est un acte de résistance dans la résignation.

Thierry Grobon

Ténor

Ce samedi, dans le public venu rendre hommage aux sept fusillés, se trouvaient aussi des jeunes du conseil municipal de Rillieux-la-Pape. Des enfants âgés d’une dizaine d’années. Émus par la fin tragique du jeune condamné, ces derniers ne s’attendaient pas à la présence d’un ténor. "C'est vraiment très triste. On ne voit pas tous les jours des histoires comme ça", explique Gloria. "Je ne connaissais pas cette histoire (...) Il a voulu chanter pour profiter des derniers instants de sa vie", avance Imran.

Cet hommage s’inscrit dans le circuit mémoriel de la Seconde Guerre mondiale organisé par la municipalité. Cette étape devant le cimetière est essentielle pour Julien Smati, Président du Comité du Souvenir Français de Rillieux-la-Pape.

Rillieux-la-Pape : 7 fusillés juifs

Il y a 80 ans, sept personnes juives ont été exécutées à Rillieux-la-Pape, au lendemain de l’assassinat de Philippe Henriot. Le secrétaire d'État à la propagande du régime de Vichy a été abattu par des résistants qui s’étaient fait passer pour des miliciens.

En représailles, à Lyon, des juifs furent arrêtés et aussitôt incarcérés dans les locaux lyonnais de la milice. Le 29 juin, sept prisonniers furent emmenés dans une camionnette au cimetière de Rillieux-la-Pape et fusillés vers 6 h 15 du matin. Les sept hommes ont été abattus par la milice de Lyon sur le trottoir qui longe le mur du cimetière de Rillieux-la-Pape.

Ce massacre a été décidé par Paul Touvier, chef du service de renseignement de la milice de Lyon. Pour ce massacre, il a été condamné en avril 1994 à la réclusion criminelle à perpétuité. Des faits qui lui ont valu une condamnation pour complicité de crimes contre l’humanité. "Ces sept personnes ont été assassinées, choisies uniquement parce qu'elles étaient juives," rappelle Julien Smati.

Les victimes sont connues à l'exception de ce jeune homme qui "paraissant 25 ans". Il n'a jamais été identifié. Les autres victimes sont Léon Glaser, Emile Zeizic, Maurice Schlisselmann, Claude Ben Zimra, Louis Krzyzkowski et Siegfried Prock. 

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