VIDÉO. Il y a 80 ans, le dernier convoi de déportés quittait Lyon

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Le 11 août 1944, le dernier convoi de déportés de Lyon partait en direction des camps de la mort. Un portrait de l'un d'entre eux sur les murs du Mémorial de la prison Montluc.
Le 11 août 1944, le dernier convoi de déportés de Lyon partait en direction des camps de la mort. ©FTV

Le 11 août 1944, le dernier convoi de déportés de Lyon partait en direction des camps de la mort. 80 ans plus tard, le Mémorial de la prison Montluc fait vivre sa mémoire.

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Leurs portraits sont accrochés aux murs, et certains noms gravés sur les portes des cellules. 80 ans plus tard, au Mémorial de la prison Montluc, la mémoire du convoi n°78 reste encore vive. Le 11 août 1944, trois semaines avant la libération de Lyon, 650 prisonniers ont été déportés dans ce dernier train, sans eau ni nourriture.

Initialement, le convoi part de la gare de Perrache-la-Guillotière pour une opération de transfert de prisonniers en direction des camps de transit de Drancy et Compiègne. Mais, alors que les actions de Résistance et l’avancée des Alliés s’intensifient, le convoi est dévié. Et ce qui devait être un transfert de prisonniers devient un convoi de déportation vers les camps de la mort. Les personnes juives sont déportées à Auschwitz-Birkenau, les hommes résistants au camp de Natzweiler-Struthof, et les femmes résistantes au camp de Ravensbrück.  

Une dizaine seulement survivra. Plus aucun de ces rescapés lyonnais n’est aujourd’hui encore en vie. Mais leurs descendants ont repris le flambeau, inlassablement, de la transmission de la mémoire.

Grâce aux témoignages, le convoi n°78 a eu une importance capitale lors du procès pour crimes contre l’humanité de Klaus Barbie, surnommé le boucher de Lyon. Il a été l’un des faits retenus pour cette incrimination, permettant de condamner le nazi à la prison à perpétuité le 4 juillet 1987.

"La majorité des déportés est restée anonyme"  

Sur les portes en bois des cellules de Montluc, qui sont d’origine, le temps a conservé la trace du passage des derniers déportés de Lyon. Sur l’une d’entre elles, un nom gravé dans le bois : Simon Kazadjian, 19 juillet 1944.  "C’est l’un des déportés du convoi. Il a pu revenir de déportation, transmettre son histoire à sa famille. Mais la majorité des déportés est restée anonyme, c’est très rare que l'on ait tous les documents concernant les déportations" explique Lydie Broyer, médiatrice au Mémorial de la prison de Montluc, qui organise ce samedi 10 août une visite commémorative de l’ancienne prison.

Elle explique au public le fonctionnement de la prison, puis détaille l’histoire du dernier convoi lyonnais. "On a encore des membres de familles de déportés qui viennent, cela reste des histoires très lourdes pour eux. C’est important de transmettre pour ne pas oublier" souligne la médiatrice.

De nombreuses zones d'ombre

Grâce aux archives, mais aussi aux témoignages, l’histoire du convoi n°78 a, peu à peu, pu être esquissée. Mais de nombreuses zones d’ombre demeurent. Le nombre de personnes décédées pendant ce trajet vers les camps est ainsi encore inconnu, tandis que l’on perd la trace de certains détenus.  

Fabienne Pinzelli s'est rendue à la visite commémorative avec beaucoup d’émotions. Le premier mari de sa mère a été interné ici, avant d’être déporté. "C’était un polonais, un médecin vétérinaire qui terminait ses études sur Lyon, ils se sont mariés en juin 1944. Peu de temps après, il a été arrêté puis déporté. On retrouve sa trace dans plusieurs camps, il y a plusieurs dates de décès. Et le dernier document que l'on a reçu explique qu’il a été pris en charge par la Croix Rouge et qu’il ne serait pas décédé en mai 1945, la date qu’on avait. Mes recherches ne sont pas terminées" raconte-t-elle.

Venir ici lui permet d’en apprendre plus, mais aussi de rencontrer d’autres familles de déportés qui ont potentiellement des informations précieuses. "Je me mets à la place de cet homme, et de ma mère aussi. C’est un travail sur la mémoire de ces gens qui sont venus ici, ces Polonais qu’on a eu tendance à oublier" ajoute-t-elle.

"C’est important de voir le lieu dans lequel ça s’est passé"

Car pour les descendants de déportés, le rapport à la mémoire est parfois douloureux. "Il y a des moments où j’ai voulu effacer cette histoire car c’était trop dur, il y a une période où je ne voulais presque plus en entendre parler. Mais maintenant, même si c’est difficile, je me rends compte qu’il faut parler" confie Eric Stroffek, venu au Mémorial en compagnie de son frère Stéphane.

Leur grand-mère, résistante incarcérée à Montluc, a été déportée à Ravensbrück par le dernier convoi n°78. Elle a survécu et a été rapatriée en France en août 1945. "On connaît l’histoire de ce convoi depuis tout petits, elle nous en parlait beaucoup" raconte Eric. "Le Mémorial de Montluc nous a transmis de nombreuses autres informations précieuses. C’est important de voir le lieu dans lequel ça s’est passé, d’avoir ici des renseignements qui vont au-delà de la mémoire familiale" détaille son frère Stéphane.

Une cérémonie commémorative du départ du convoi n°78 se tient en gare de Lyon Perrache ce dimanche 11 août à partir de 11 heures. 

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