"Des enfants qui dorment dans la rue, c'est insupportable, révoltant" : 108 personnes hébergées dans une école depuis 10 jours à Lyon

Depuis 10 jours, des familles ont trouvé refuge dans une école lyonnaise du 9e arrondissement. Ce dimanche 21 janvier, ils partageaient un repas préparé par des bénévoles, enseignants, parents d'élèves qui refusent de les laisser à la rue.

Dans le 9e arrondissement de Lyon, près du métro Valmy, l'école Montel sert de refuge à des familles dépourvues de logement depuis dix jours. Au total, 108 personnes dont une soixantaine d'enfants dorment sur place. Le collectif Jamais Sans Toit, qui veut aussi attirer l'attention du grand public sur leur sort, a organisé ce dimanche un moment de convivialité avec des habitants du quartier autour d'un repas solidaire.

"Insupportable, révoltant"

Le repas a été préparé par les bénévoles, enseignants ou parents d'élèves qui refusent de les laisser à la rue. Des habitants du quartier, comme Thibaut, ont décidé de participer à cette action solidaire. Il a cuisiné des soupes de pois cassés pour les familles hébergées dans cette école. "La maîtresse de ma fille qui gère cette association a sollicité tous les parents du coin. On est une entreprise du quartier, on s'est mobilisé", explique le père de famille.

D'autres ont pris conscience de la situation de ces familles. "Jusque-là, je n'avais pas vraiment conscience de familles et d'enfants qui dorment dans la rue. C'est juste insupportable, c'est révoltant. Tout le monde à le droit à un toit", dénonce Sandra, une maman et habitante du quartier.

Depuis plusieurs mois, certaines de ces familles à la rue étaient mises à l'abri dans différents établissements scolaires lyonnais, grâce à l’action du collectif Jamais sans toit. Le 12 janvier dernier, des membres du collectif Jamais Sans Toit, des parents d'élèves et des enseignants ont décidé d'investir cet établissement.

Ce dimanche, à l'école Montel, rebaptisée "hôtel Montel", le but était aussi de créer du lien avec les habitants du quartier. "L'objectif est de se présenter aux habitants du quartier, de montrer que des enfants vivent ici et que ça va bien se passer. L'idée est de se retrouver de façon festive et autrement que dans l'urgence sociale", explique Juliette Murtin, une bénévole du collectif Jamais Sans Toit.

"En première ligne face à la misère"

Des bénévoles se relaient nuit et jour auprès de ces familles, en soutien. "On essaie d'être présents en permanence (...) Ce sont des sacrifices permanents. Ces bénévoles délaissent leur foyer pour venir ici, s'installer avec les familles. Malheureusement, on le fait parce que personne d'autre ne le fait. Il n'y a pas le choix, les pouvoirs publics ne se saisissent pas du problème suffisamment (...) On n'est pas des professionnels de l'urgence sociale, ce n'est pas notre boulot. On se retrouve en première ligne face à  des situations de misère", déplore Juliette Murtin.

Les salles de classe ont été transformées en chambres familiales. Ce dimanche de janvier, les enfants s'amusaient en toute légèreté. Les couloirs de l'école sont devenus une ruche joyeuse et bourdonnante. Durant toute la journée, des ateliers cuisine ou sérigraphie ont été organisés pour permettre aux petits de s'évader. L'artiste Ema XP, bénévole au sein du collectif Jamais sans toit, participe à ces ateliers. "Je fais partie du collectif depuis 10 ans. Le nombre d'enfants dehors aujourd'hui est inadmissible. On est en 2024, c'est inimaginable que ça continue comme ça. Je me sens à ma place aujourd'hui ici", explique-t-elle.

Mais la réalité va rapidement reprendre le dessus. Ce soir encore, des bénévoles dormiront dans cette école auprès des familles hébergées. Lundi matin, les enfants retourneront dans leur classe, comme d'habitude.