Froid : malgré l'accompagnement des bénévoles et des associations, les SDF en première ligne

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Froid : les SDF en première ligne. Reportage à Lyon. ©France tv

Alors que le froid se fait plus mordant ce mardi 9 janvier, avec des températures négatives et des chutes de neige, la vie des personnes sans-abri se complique. À Lyon, les associations et les bénévoles tentent de les accompagner et de leur offrir un peu de chaleur. Un accompagnement qui privilégie le contact humain et l'écoute des besoins.

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"La nuit, c'est un peu froid. C'est toujours comme ça l'hiver", explique Marwan. Le jeune homme, travailleur pauvre du bâtiment, vit depuis deux mois dans un abri de fortune sous le pont ferroviaire de la gare Jean Macé. Mais pour la première fois, il s'est réveillé avec une température atteignant à peine le 0 degré. Le jeune homme, qui se protège avec un sac de couchage et des couvertures, semble résigné. Dans le département du Rhône, ils sont près de 14 000 à vivre dans la rue. 

À l'écoute

Certains peuvent compter sur des soutiens. C'est le cas de Fatima Ait Abderrahim, Présidente de l'association Mamaraude. La Lyonnaise échange au quotidien avec une cinquantaine de SDF, dont des "habitués" à qui elle "claque" généreusement la bise. "Quand on se voit, on peut se faire des câlins, parce qu'ils en ont besoin", explique-t-elle. Pour la bénévole, le contact avec les personnes à la rue va au-delà de la fourniture de repas, de vêtements ou de couvertures. Fatima s'attache à personnaliser chaque soutien. Pour cette militante, le lien humain prime.  "Je préfère vraiment donner et tisser des liens avec 30 ou 40 personnes, que 100 ou 200. Quand ce sont des maraudes fixes, on n'arrive pas à tisser des liens", explique-t-elle.

À l'Armée du Salut, même souci du lien et du contact humain. On se veut à l'écoute des demandes. "Parfois, les bénéficiaires aiment manger très très chaud", explique une employée du restaurant social, sans lever les yeux et tout en continuant à remplir une assiette.

Ils font chauffer le plat deux ou trois fois, pour que ce soit énormément chaud.

Employée

Restaurant social Armée du Salut Lyon

Dans ce restaurant social, on s'active sans relâche, car plus de 500 repas sont servis chaque midi. Mais avec le froid qui vient de s'abattre sur le pays, le seuil des 500 repas chauds est aujourd'hui dépassé. 

"Aujourd'hui (8 janvier), on a dépassé les 500 repas, il était 13 h 10. J'ai demandé aux équipes de restauration de faire quelques repas en plus. C'est assez rare, mais ça nous arrive de temps en temps," explique Laurent Phenix, directeur adjoint de l'Armée du Salut à Lyon. Si la fin d'année est toujours une période chargée, l'antenne lyonnaise de l'Armée du Salut ne fait pas de gestion des repas en fonction des températures. Le seul souci : la gestion des files d'attente pour que les bénéficiaires n'attendent pas trop longtemps dans le froid, confie le responsable.

"La particularité, c'est qu'ici, on est ouvert 365 jours par an, les midis et les soirs. On fait toujours en sorte de pouvoir servir environ 1000 repas par jour au restaurant social, mais c'est fluctuant. Et c'est sans compter le food truck qui sert environ 200 repas chaque soir, du lundi au vendredi, place Bahadourian", ajoute le directeur adjoint.

L'Armée du Salut ne s'adresse pas aux seuls SDF, mais aussi à toutes les personnes en grande précarité.

Campement de fortune

Dans le 3ᵉ arrondissement, à proximité de la Métropole de Lyon, face à l'église du Saint-Sacrement, un campement de fortune abrite une centaine de jeunes migrants depuis plusieurs mois. La plupart sont dans l'attente du traitement de leur dossier et de l'évaluation de leur statut de mineurs isolés.
Avec l'arrivée de la neige, leurs tentes sont devenues inutilisables. Depuis le 8 décembre, jusqu'à 50 d'entre eux s'abritaient pour la nuit à l'intérieur de l'édifice religieux, avec la bénédiction du Diocèse et du curé de cette église. Une solution provisoire pour leur permettre de se mettre à l'abri du froid et de l'humidité.

Le curé de l'église, c'est quelqu'un de très bienveillant, il a vu notre situation, il a compati. Il nous a permis de dormir à l'intérieur. Chaque soir, on peut se reposer dans cette église.

Un jeune migrant

 

Mais aujourd'hui, ces jeunes sans solution d'hébergement digne et pérenne semblent dans l'impasse. "La tente est glacée, tout est glacé, tout ce qui est dans la tente est glacé ", explique le jeune homme en serrant les poings, joignant le geste à la parole. Alors mettre à l'abri pour la nuit dans l'église, même dans des conditions très précaires, "c'est la meilleure solution pour moi pour le moment", confie-t-il. "À l'extérieur, il fait très froid, c'est la seule différence", conclut le migrant avant de pénétrer dans l'église.

Pourquoi pas de plan grand froid

Alors que ce mardi 9 janvier devrait être la journée la plus froide de la semaine, Fabienne Buccio, préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a annoncé la veille en fin de journée le renforcement des capacités d’hébergement d’urgence. Toutefois, le plan grand froid n’a pour le moment pas été déclenché dans le département du Rhône.

Si les températures ont rapidement baissé après une période particulièrement douce, la situation actuelle ne remplit cependant pas les critères d'une "vague de froid", définie en France comme un épisode durable et étendu de froid (au moins trois jours) dont au moins une journée où la température moyenne (indicateur thermique national) passe sous -2°C. En effet, les températures remonteront doucement à partir de mercredi, mais les minimales resteront basses, avec des gelées quasi généralisées et localement fortes, prévient cependant Météo France.

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