Depuis le 8 décembre dernier, plusieurs dizaines de jeunes migrants dorment dans l'église du Saint-Sacrement à Lyon dans le 3e arrondissement. Une situation qui dure depuis 10 jours et aucune solution ne semble se dessiner à l'horizon pour ces jeunes installés depuis des mois dans des tentes, face au lieu de culte. Ce lundi 18 décembre est la journée internationale des migrants.
"Il n'y aura apparemment pas de solution pour tous ", déplore Sébastien Gervais, un représentant du collectif Soutiens/Migrants Croix-Rousse. Depuis dix jours, entre 40 à 50 jeunes migrants passent la nuit au sein de l'église du Saint-Sacrement dans le 3ᵉ arrondissement de Lyon. Mais ils sont environ 180 à vivre sous des tentes, installées dans le square voisin depuis plusieurs mois en face du lieu de culte. Pas davantage de solutions pour eux en ce 18 décembre, journée internationale des Migrants.
Une situation qui s'éternise
"Ils sont fatigués. D'autant que la nuit dernière, il a fait très froid. Ils sont à l'abri de l'humidité dans l'église, mais il ne fait pas chaud", ajoute Sébastien Gervais, avec dépit. Ce lundi 18 décembre, Lyon est sous le soleil, mais les températures au petit matin frôlaient le zéro.
Pour leur 10ᵉ nuit consécutive, une quarantaine de migrants a passé quelques heures à l'abri dans cette église du 3ᵉ arrondissement. Le 8 décembre dernier, le Diocèse de Lyon a accepté la présence de ces jeunes hommes. Mais cette solution provisoire et bien précaire semble aujourd'hui s'éterniser. Pour la plupart de nationalité sénégalaise, guinéenne ou malienne, ces jeunes gens attendent de voir leur statut de mineur reconnu. Ils attendent toujours des conditions d'accueil plus dignes.
Ce qui me frappe, c'est leur capacité de rebond. Je perçois aussi un sentiment de résignation courageuse de leur part.
Père Renaud de Kermadecprêtre de l'église du Saint-Sacrement
Chaque matin, ces migrants sont contraints de quitter l'église pour la journée. Il s'agit de permettre la tenue des offices religieux et poursuivre l'accueil des fidèles. Cette cohabitation avec les fidèles n'occasionne pas de problèmes et se passe bien, selon le Père Renaud de Kermadec. "Je ne connais pas très bien ces jeunes, nos échanges sont limités, mais je les ai encouragés à être attentifs, à ranger après avoir passé la nuit dans l'église. Et ils ont le souci de respecter les lieux", assure le prêtre. Ce dernier tient à préciser : "seul un tiers de ces jeunes vient passer la nuit dans l'église, les deux tiers restent sous les tentes".
Métropole : saturation et statu quo
"Le Diocèse de Lyon fait un travail de fond pour chercher un lieu, mais il étudie aussi quel accompagnement proposer", souligne le responsable de l'église du Saint-Sacrement. Le père Renaud de Kermadec n'a eu à ce jour aucun contact avec la métropole et la préfecture, concernant le sort des migrants accueillis dans sa paroisse. "Nous ne sommes pas loin de la Métropole, j'ose espérer qu'on va sortir de ce blocage". Pas d'issue sans collaboration avec les autorités.
Selon Sébastien Gervais, si le Diocèse de Lyon se mobilise, la situation semble figée du côté de la préfecture et de la métropole. Dans l’attente de l’évaluation de leur statut, c'est à la métropole qu'incombe la prise en charge de ces mineurs isolés ou présumés mineurs.
Sans évoquer le cas précis des migrants de l'église du Saint-Sacrement, le 14 décembre dernier, dans un communiqué de presse, la collectivité a réclamé l'ouverture de nouvelles places d'hébergement d'urgence. Chiffres à l'appui, la métropole de Lyon a rappelé qu'elle était confrontée à un afflux de jeunes primo-arrivants sur son territoire : 2700 en novembre 2023 contre 1159 sur l'ensemble de l'année 2022. "Environ 50 demandes d’évaluation de minorité sont traitées chaque semaine par l’association Forum réfugiés en charge de cette délégation," précise la collectivité. Et de pointer du doigt une situation dont elle hérite : "Alors qu’un grand nombre de départements aujourd’hui refusent d’accueillir et d’évaluer ces jeunes, la collectivité voit son dispositif saturé, laissant nombre de jeunes primo-arrivants sans solution".
Pas de solution pour Noël
"On espérait qu’une solution pérenne soit trouvée pour Noël, c'était l'objectif qu'on s'était fixé avec le Diocèse", explique le membre du collectif Soutiens/Migrants Croix-Rousse. Dans sa voix, pointe du découragement. Car à une semaine de Noël, cet objectif paraîtrait presque impossible à atteindre.
Le père de Kermadec espère aussi que la situation de ces jeunes migrants ne va tomber dans l'oubli avec les fêtes de fin d'année et les vacances. "C'est un temps de patience, mais il ne faudrait pas que le sujet soit mis entre parenthèses". Et de souligner non sans à propos : "À Noël, même pour la crèche de Bethléem, la situation n'a pas duré. La crèche a été une solution de courte durée, une solution provisoire, le temps de la naissance".