Quelques centaines de professionnels de l'hébergement d'urgence ont défilé jeudi 14 décembre à Lyon pour demander la création de places d'accueil supplémentaires dans la métropole, dénonçant une situation de "saturation" et des conditions de travail "inhumaines".
Ce jeudi 14 décembre était une journée de grève et de protestation, à Lyon et dans d'autres villes du pays pour les professionnels du social et de l'hébergement d'urgence.
"Hébergement en danger, social en colère", "la vie sans logement n'est pas une vie", pouvait-on lire sur les banderoles déployées par ces salariés de foyers d'accueil de sans-abri, du SAMU social ou encore du 115 qui s'étaient pour certains mis "en grève" à l'appel du collectif lyonnais "Hébergement en danger".
"Saturation"
Dans la capitale des Gaules, ce sont près de 300 personnes qui ont défilé entre le siège de la métropole de Lyon et la préfecture, dans le 3e arrondissement. Ces professionnels de l'hébergement d'urgence entendaient alerter sur la situation des sans-abris et dénoncer une situation de "saturation". Ils ont défilé aussi pour demander la création avant Noël de 2000 places d'accueil supplémentaires dans la métropole.
La députée écologiste Marie-Charlotte Garin, présente dans le cortège lyonnais, a demandé à l'Etat de "prendre ses responsabilités pour faire respecter le droit et ouvrir des places d'urgence".
"On nous demande de faire des choses qu'on ne peut plus accepter"
— Marie-Charlotte Garin (@MC_Garin) December 14, 2023
À #Lyon, en soutien aux travailleuses et travailleurs sociaux en grève pour dénoncer la crise de l’hébergement d’urgence.
Laisser des enfants dehors et dire "on ne peut pas te donner un abri", c'est inacceptable! pic.twitter.com/CGu5slAvgb
Le soutien de la métropole
De son côté la métropole, par la voix de son président Bruno Bernard, a expliqué dans un message publié sur le réseau social X, soutenir "complètement" la demande des travailleurs sociaux en faveur de la création de nouvelles places d'hébergement d'urgence. "Il faut agir", écrit le responsable de la collectivité, rappelant la compétence de la métropole.
Bruno Bernard fait en outre un état des lieux dans la métropole de Lyon : "En 2023, c'est plus de 2500 personnes qui sont mises à l'abri par nos services. Nous avons multiplié par 50 de nos capacités d'hébergements". Et d'ajouter "Mais derrière ce volontarisme, nous sommes confrontés à une pénurie d'actions pour tous les publics qui ne sont pas de notre ressort. Nous sommes face à un manque d'hébergement d'urgence et des centaines de personnes qui ne sont pas de notre compétence légale se retrouvent sans aucune solution ailleurs".
⚠️ Il faut agir. 👇
— Bruno Bernard (@brunobernard_fr) December 14, 2023
La précarité augmente et les places d'hébergements d'urgence viennent à manquer partout en France. Des enfants et des familles sont à la rue et le froid se fait de plus en plus sentir.
La Métropole de Lyon a la compétence de la mise à l'abri des mères… pic.twitter.com/PE7Dqhq0bI
"La métropole de Lyon, avec de nombreuses communes, est prête à accompagner l’État pour l’ouverture de ces places d’hébergement dont la nécessité se fait chaque jour plus criante", assure le président de l'exécutif local.
Les mineurs et la métropole
Dans un communiqué daté de jeudi soir, la métropole de Lyon indique que huit sites accueillent déjà des femmes isolées avec des enfants de moins de trois ans pour un total de 414 places. Pour l’année 2024, deux nouveaux sites sont prévus : le « 22D » à Villeurbanne (50 places) et des tiny houses sur la commune de Neuville-sur-Saône (50 places), ajoute la métropole.
Nulle référence directe en revanche sur la situation particulière des dizaines de jeunes migrants (en cours d'évaluation) hébergés pour la nuit depuis le 8 décembre dans l'église du Saint-Sacrement, à deux pas de la métropole de Lyon et qui vivent dans des tentes depuis plusieurs mois square Perrin.
L'exécutif rappelle toutefois qu'en novembre 2023, il a enregistré plus de 2700 arrivées de jeunes primo-arrivants sur son territoire (contre 1 159 sur l’ensemble de l’année 2022). "Environ 50 demandes d’évaluation de minorité sont traitées chaque semaine par l’association Forum réfugiés en charge de cette délégation", indique la métropole faisait référence à la procédure. La collectivité se dit saturée et explique. "Alors qu’un grand nombre de départements aujourd’hui refusent d’accueillir et d’évaluer ces jeunes, la collectivité voit son dispositif saturé laissant nombre de jeunes primo arrivants sans solution", déplore-t-elle.
"Une fois l’évaluation faite, le jeune reconnu mineur non accompagné intègre le dispositif de protection de l’enfance de la Métropole de Lyon. Si sa minorité n’est pas reconnue, il relève du droit commun et de l’hébergement d’urgence de compétence de l’Etat", précise la métropole.
Des enfants à la rue
Six maires socialistes et écologistes, dont le maire de Lyon Grégory Doucet, ont demandé mardi 12 décembre un rendez-vous au président Emmanuel Macron pour discuter de "la crise humanitaire en cours". "Avec 3.000 enfants à la rue, la France est en état d'urgence sociale", a estimé Grégory Doucet.
À Lyon, 205 enfants dorment à la rue, dans des squats, des voitures ou onze écoles occupées, des chiffres sans précédent selon l'entourage du maire. Or, "il y a 2 ans, aucun enfant de moins de 3 ans ne dormait à la rue" dans la ville, selon le collectif Hébergement en danger.