Plusieurs groupuscules d'ultradroite dont Les Remparts, basés à Lyon, ont été dissous mercredi 26 juin en Conseil des ministres. La capitale des Gaules est l'une des places fortes de la mouvance d'ultradroite et compte entre 300 et 400 militants. Un noyau dur qui semble se reformer et retrouver ses places fortes - comme le Vieux-Lyon - après chaque nouvelle dissolution.
Les trois structures lyonnaises dissoutes sont Les Remparts, présentés comme un "groupement de fait", ainsi que deux associations : La Traboule et Top Sport Rhône, qui gèrent le bar et la salle de sport où se retrouvent ses membres dans le Vieux-Lyon.
Selon le décret signé en Conseil des ministres, le groupuscule Les Remparts tient un "discours provoquant à la haine, la discrimination et la violence à l'encontre des étrangers", en "développant un discours axé sur la défense de la race et l'incompatibilité entre l'islam et la civilisation occidentale". "Loin de se limiter à des propos et à des entraînements, les provocations à la violence du groupement ont été suivies d'effet", poursuit le décret, qui évoque l'attaque, par une quarantaine de militants, d'un espace culturel lyonnais où avait lieu une conférence sur la Palestine en novembre 2023.
Le groupe d'ultradroite a annoncé qu'il allait saisir le Conseil d'Etat pour contester sa dissolution. "On ne va pas se laisser faire face à cette décision arbitraire", a déclaré à l'AFP Antoine Durand, porte-parole des Remparts.
Il est aussi probable que ses membres créent une nouvelle structure pour poursuivre leurs activités. On constate en effet, depuis plusieurs années, une résurgence de mouvements d'ultradroite après chaque décision d'interdiction. Les Remparts ont été bâtis sur les cendres de Génération identitaire, dissous en 2021, qui, dix ans plus tôt, avait pris le relais de Rebeyne, suite à sa dissolution.
Rien ne semble pouvoir enrayer la dynamique identitaire avec, comme fil rouge, un local : situé Montée du Change, dans le 5ème arrondissement de Lyon. Il abrite un bar - "La traboule-Maison de l'Identité" - et une salle de boxe "L'Agogé". Dans le décret du 26 juin, les associations gestionnaires des lieux sont elles aussi frappées d'interdiction pour, peut-être, plus d'efficacité.
"En tant qu'avocat de victime, je ne peux que me réjouir de cette dissolution", déclare Me Tammouz Al Douri. L'avocat lyonnais a défendu l'une des cibles de l'agression raciste qui s'est déroulée place des Terreaux en février 2024. Coups de poings, coups de couteaux : des militants des Remparts s'en étaient pris à un groupe à la sortie d'une boîte de nuit. Ils ont écopé de peines de prison ferme.
Me Tammouz regrette pourtant que la décision ne soit pas tombée plus tôt et plus fort : "Le projet de dissolution a été annoncé de longue date, ça leur a laissé le temps de s'organiser, de préparer le transfert du bail de la Traboule, peut-être. Les "vitrines légales", les associations, sont dissoutes, mais il aurait fallu prononcer une fermeture administrative des lieux."
L'avocat compte désormais sur la plainte pour reconstitution d'association dissoute qu'il a déposée à la suite de l'attaque raciste de février dernier. "Il y a une filiation directe entre Les Remparts et Génération Identitaire : on y retrouve les mêmes cadres, les mêmes lieux de réunion et d'entraînement aux sports de combat. Et même si Les Remparts ont été dissous à leur tour, la Justice doit envoyer un message de dissuasion à ses membres". Pour l'avocat, seule une condamnation des responsables peut prévenir la reformation des groupuscules d'extrême-droite : ils encourent 3 ans de prison et 45 000 € d'amende.