"En retrouvant un chez-moi, j'ai pleuré", les mères célibataires, principales victimes du mal logement

La Fondation Abbé Pierre sonne l'alarme : les femmes sont les premières victimes du mal logement. En particulier les mères isolées. A Villeurbanne, l'association Alynéa se bat pour que les femmes seules et leurs enfants aient un toit pour pouvoir se reconstruire.

Le constat est amer : les femmes, en particulier les mères isolées, sont les premières victimes du mal logement en France. C'est ce que révèle le 28e rapport de la Fondation Abbé Pierre sur la question.

Dans des budgets contraints par l'inflation, le logement pèse de plus en plus lourd. Plus grave, le nombre d'enfants à la rue ne cesse de croître, alors qu'on manque toujours cruellement de logements sociaux et que les organismes HLM sont financièrement fragilisés.

Une précarité qui touche de plein fouet les mères isolées

Autant de signaux qui sont au rouge pour la Fondation Abbé Pierre. Elle appelle à une forte remobilisation du gouvernement sur la question et tire la sonnette d'alarme sur les fragilités particulières des femmes face au mal logement.

C'est le cas d'Alice et Marina. Deux jeunes femmes étrangères, chacune mère d'un petit garçon, qui se sont retrouvées à la rue. Elles sont aujourd'hui logées en appartement à Villeurbanne grâce à l'association Alynéa qui, dans le cadre de la protection de l'enfance, accueille et soutient des mères seules avec leurs jeunes enfants. Alynéa leur trouve un toit, dans un environnement sécurisé.

Marina est congolaise. La peur l'a poussée à quitter son pays, et le père de l'enfant qu'elle attendait. L'homme était violent et avait plusieurs fois menacé de la tuer. Arrivée en France, elle s'est retrouvée à la rue avec son bébé avant de rencontrer Sandrine, coordinatrice de l'association Alynéa, qui lui a permis de se loger dans des conditions décentes. "Ce sont les gens d'Alynéa qui m'ont donné le courage, la force. Ils m'ont motivée."

Quand on m'a dit que j'étais chez moi, j'ai pleuré...

Marina, mère isolée

C'était il y a un an. "Le jour où je suis arrivée dans cet appartement, Sandrine m'a dit : tu es chez toi, ici, tout est pour toi et ton fils" se souvient Marina avec émotion. "Je n'arrivais pas y croire. Je ne savais même pas faire marcher la machine à laver ou la plaque électrique ! '"

Aujourd'hui, Marina se dit debout. Et heureuse. "Quand je suis arrivée en France, j'étais tellement désespérée, tellement abattue. Aujourd'hui, je suis fière de moi. C'est difficile quand tu te retrouves dans un pays, une ville que tu ne connais pas. Maintenant, je sais me repérer dans la ville, je peux me déplacer seule. Et je voudrais travailler, pour moi et pour mon fils..."

Alice, enceinte, s'est retrouvée dans la rue

Alice aussi vit avec son petit garçon en sécurité dans cet immeuble de 53 logements de Villeurbanne. Elle s'est retrouvée à la rue alors qu'elle était enceinte. "Je n'avais pas d'espoir, le futur m'apparaissait très noir." Le fait de n'avoir pas de toit était une préoccupation de chaque instant. "Le logement, c'est primordial. Mais en France, c'est très compliqué. Tu trouves sans problème des vêtements, de la nourriture, mais pour le logement..." souligne Alice.

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A Villeurbanne, l'association Alynéa trouve un toit aux mères sans logement ©France 3 Rhône Alpes

Alice était en France depuis 7 ans quand elle s'est retrouvée en pleine galère. Lorsqu'elle a rencontré les membres d'Alynéa, tout a changé. "C'était la première fois que quelqu'un me disait : on va t'aider. Pour moi, avoir cet appartement, ça a été un miracle. Ça a changé beaucoup de choses, ça m'a ouvert l'esprit. J'ai retrouvé la joie et l'espoir, l'envie de faire des projets."

Aujourd'hui, Alice suit une formation pour devenir assistante maternelle. Un lien avec sa vie d'avant. "Dans mon pays, j'étais enseignante en école maternelle. C'est un secteur dans lequel je voulais continuer." Alynéa l'a aidée à trouver cette formation qu'elle terminera en juin prochain. Elle pourra alors chercher du travail. Son petit garçon a 11 mois. Alice et lui sont désormais sortis de la grande précarité.

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