REPLAY - Enquêtes de région : intimité avec Jean-Michel Schryve, double greffé des avant-bras

Examens de contrôle à Lyon. Rééducation à Berck-sur-Mer. La vie normale à Hazebrouck avec sa fille Laura. Seize mois après sa greffe bilatérale, Jean-Michel Schryve prend la vie à bras le corps. Je l'ai vu faire lors du tournage de ce magazine pour Enquêtes de région. Une expérience d'exception.

Baskets aux pieds de ses prothèses, bras nus qui dépassent de son t-shirt. Jean-Michel Schryve se présente à moi un jour de fin novembre 2017. Il est de retour à Lyon pour des examens de contrôle, un an après sa greffe bilatérale des avant-bras. Jean-Michel me tend la main. Je pose la caméra. C'est mon premier jour de tournage à ses côtés, et je suis déjà profondément touchée.

Direction Hazebrouck. Le temps d'un week-end, Jean-Michel nous accueille, chez lui, avec sa fille cadette Laura. Dehors, il pleut des cordes. Dans la cuisine de sa petite maison, il nous prépare le café. 
Je filme. Jean-Michel s’énerve parce qu'il n'arrive pas à placer la dosette du premier coup. Je me demande si ma présence dans son intimité provoque ce manque d'habilité. L'instant d'après, le café coule.

Et voilà qu'il m'embarque, en voiture. Jean-Michel a les mains sur le volant, le pied de la prothèse sur le champignon. Il sème Farid Haroud qui, pourtant, le suit depuis le premier jour, depuis cette conférence de présentation de Jean-Michel Schryve à la presse. C'était trois mois après sa double greffe.
Seize mois plus tard, Jean-Michel nous prouve qu'il s'en sort très bien au quotidien avec ses nouvelles mains

Février 2018 : nous sommes à Hazebrouck, chez Jean-Michel Schryve, pour le voir vivre avec ses nouvelles mains

Le travail n'est pas terminé. Jean-Michel prépare le semainier des médicaments nécessaires pour préserver sa greffe. Sur la table, il pose 19 cachets. Tout ce qu'il doit ingurgiter chaque jour pour notamment éviter le rejet.
"Il faut 3 ans pour qu'un nerf repousse" dans l'avant-bras greffé, et "qu'il donne son plein potentiel", nous apprend le docteur Aram Gazarian, coordinateur de l'équipe médicale lors de l'opération de Jean-Michel.

Pour réapprendre à utiliser ses mains, Jean-Michel Schryve vit six jours par semaine, au centre Jaques Calvé de Berck-sur-Mer. Il y passe des heures en rééducation pour retrouver la sensibilité du toucher.
Le sens de l'humour, en revanche, il ne l'a jamais perdu. Jean-Michel propose d'écrire un mot d'amour à son ergothérapeute lors d'une séance d'écriture. Échange de rires. Large sourire, cachée derrière ma caméra, quand je le vois engloutir la tartine qu'il vient de beurrer lors de l'exercice suivant.

"Il vous facilite la tâche" dit le docteur Gazarian de son patient. Aucun des médecins, que Jean-Michel revoit régulièrement, ne peut affirmer combien de temps va tenir la greffe et vont tenir ses mains.
Mais Jean-Michel Schryve est un infatigable combattant.  Si touchant, qu'il a réussi à faire tomber le filtre à émotions que constitue le viseur de ma caméra.


La greffe, histoire d'une excellence lyonnaise
1906 : le chirurgien Mathieu Jaboulay, né à Saint-Genis-Laval (69) tente la première xénogreffe au monde, en implantant un rein de porc au pli du bras d'une femme en insuffisance rénale.
1912 : Alexis Carrel, natif de Sainte-Foy-les-Lyon se voit décerner le prix Nobel de médecine pour ses recherches sur la suture et la transplantation.
1978 : le Pr Jean-Michel Dubernard réalise la greffe d'une main à l'hôpital Edouard Herriot. Première mondiale.
2000 : Le professeur Dubernard entame le programme de recherches médicales sur la greffe bilatérale des avants-bras. Denis Chatelier est le premier double greffé.
2016 : Jean-Michel Schryve est le 7e et dernier greffé bilatéral des avants-bras, autorisé dans le cadre du programme de recherches.

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