C’est peut-être celui qui relèvera le défi de sauver l’équipe masculine de l’OL. Pierre Sage, nouvel entraîneur des Lyonnais depuis cet hiver, inconnu du grand public, se livre pour la première fois depuis la prolongation de sa mission, en fin de saison. Portrait d'un enfant du pays, dont la vie a basculé en quelques mois.
C’est l’histoire de quelqu’un que personne n’avait vu venir. L’histoire d’un homme parti d’en bas, et arrivé au sommet. Pierre Sage porte bien son nom. Sourire discret, parler honnête. C’est en tout cas l’étiquette qui lui colle à la peau. Celle d’un entraîneur venu de nulle part, qui a su gagner la confiance de ses joueurs et redresser la barre d’un navire en perte de vitesse.
Du football amateur à l’élite
Contrairement à celui dont il prend la place, Pierre Sage n’a jamais été champion du monde. Il n’a même jamais évolué à haut niveau en tant que joueur. Et “pas de page Wikipédia”, note un journaliste de So Foot. Quand on lui propose d’entraîner l’OL par intérim, le directeur du centre de formation des Gones se garde bien d’y croire. “On me dit, la place c’est pour toi, mais pour un match. Donc j’avoue que, le moment où je franchis le portail du centre d’entraînement, je me dis, wouah c’est quand même quelque chose d’exceptionnel pour un petit gars comme moi qui vient de nulle part”, confie l’entraîneur. Une simplicité qui trouve rapidement sa place dans un vestiaire parfois saturé d’égo.
“Et ensuite je rentre dans le vestiaire et tout de suite, je dis deux choses, un, je ne vais pas me présenter parce que de toutes façons je ne suis personne, et la deuxième chose, on a un match à préparer dans deux jours donc on va parler de ça”
Pierre SageEntraîneur de l'OL
Pierre Sage laisse une emprunte. Marque un style. A force de complicité et de conviction, il dessine le nouveau visage de l’Olympique Lyonnais. De provisoire, la mission qui lui est confiée, et l’attention qu’elle provoque, se prolonge, se pérénise jusqu'à la fin de saison. Pierre Sage, 44 ans, né à Lons-le-Saunier, devient l'entraîneur officiel de l’Olympique Lyonnais. Sacré parcours, ascension surprenante et inspirante pour toute une génération d’entraîneurs dont il est devenu le modèle.
L’enfant du pays
Mais au 8 place des Terreaux, personne n’est surpris. C’est dans la brasserie familiale du centre-ville de Belley, dans l’Ain, que cet amoureux du ballon rond a grandi. “Pierre c’est quelqu’un, ce qu’il a appris, il le transmet en fait, c'est dans sa philosophie”, raconte Venexiana Guerin Janniaud, qui a repris l’établissement et connaît l’entraineur depuis tout petit. “Que ce soit un enfant du pays qui soit aux portes de Lyon et qui se retrouve à diriger cette équipe, pour nous c’est quand même quelque chose de magique, on est très fiers de lui, et on savait que de toutes manières il allait arriver à ça”, ajoute-t-elle.
Une enfance bercée par le sport et les amis. “Je collectionnais tout ce qui avait trait au football, j’enregistrais des matchs pour les regarder, piqué dès le départ, et mon amour pour le foot ne m’a jamais lâché", raconte Pierre Sage.
“Le foot, ça a été un objet social qui a bercé mon enfance, un objet social qui a bercé mon adolescence, mon entrée dans la vie active, et maintenant j’en fais un vrai métier, et je pense que cela m’emmènera au bout de ma vie”
Pierre SageEntraîneur de l'OL
Après avoir roulé sa bosse de club de club départemental en club régional, le jeune joueur, gardien du CS Belley, choisit de devenir entraîneur. “L'espoir de devenir un footballeur professionnel tombe assez vite, rapidement je me suis mis à entraîner très régulièrement. Dès que j’ai pris des équipes à 11, j’ai compris que je préférais coacher que jouer”, explique Pierre Sage.
Entre passion et humilité
Pendant plus de vingt ans, il se perfectionne dans plusieurs clubs amateurs, comme celui de Bourg-en-Bresse. Directeur sportif, entraîneur adjoint, mais pas encore numéro 1. “Je n’étais pas un très très bon joueur, je n’étais pas un très très bon gardien, mais j’étais un vrai passionné”, reconnaît le pédagogue avec humilité.
Car, même entré dans la cour des grands, Pierre Sage n’oublie pas d’où il vient. “On est toujours en lien, on s’écrit souvent”, raconte Ludovic, son ami de toujours.
“Moi je lui écris après les matchs, il me répond, on a un groupe whatsapp avec notre équipe de –18 ans et il nous réécrit, il nous a souhaité les vœux. Tu te dis, il reste toujours Pierre quoi”.
LudovicAmi d'enfance de Pierre Sage
“Ce sont des gens qui m’ont aidé à devenir qui je suis, parce qu’ils avaient les bonnes valeurs, on a vécu des moments mémorables, ils ont marqué ma vie et ils sont quelque part aussi l’homme que je suis, le beau-père que je suis, le mari que je suis, l’entraîneur que je suis”, conclut Pierre Sage.
