Le Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon a recueilli des vêtements que portait Jean Moulin. À travers ce vestiaire, on devine l'élégance naturelle de ce personnage illustre devenu préfet puis résistant, mais homme avant tout. Le CHRD propose une présentation éphémère de ses différentes tenues.
Le Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon, vient de recevoir en dépôt une trentaine de pièces de vêtements ayant appartenu à Jean Moulin. L'Homme, à travers ce vestiaire, se révèle sous un autre jour. Des tenues de ski, au complet-veston, ces vêtements montrent "l'élégance naturelle" du personnage.
Écharpe et chapeau, la légende est née
De Jean Moulin, l'histoire retient cette photo prise par un ami. Nous sommes en février 1940, il fait encore frais à Montpellier. Il porte un pardessus, un chapeau et une écharpe. Cette image contribue à nourrir la légende du héros de la résistance, elle sera celle choisie pour la cérémonie du transfert de ses cendres au Panthéon, en 1964.
On cherchait modestement une écharpe, parce que sur la photo la plus connue de lui, il en portait une. Mais c'était impossible de la retrouver. En revanche, dans le grenier de la maison familiale, ses arrières petits cousins ont trouvé des cartons avec des vêtements à l'intérieur.
Isabelle Doré, directrice du CHRD
"Un vestiaire unique, intime"
Dans le cadre d'une exposition consacrée à Jean Moulin, le CHRD a reçu en dépôt de la famille de Jean Moulin, une trentaine de vêtements lui ayant appartenu. "Plus de 80 ans après sa disparition, les vêtements de Jean Moulin nous restituent son allure et rendent possible la rencontre avec celui qui fut un fils, un artiste, un préfet, un résistant avant d'être un héros", écrit le CHRD.
Après les avoir dépoussiérés puis restaurés, les vêtements ont été présentés au public à l'occasion des journées du patrimoine. Ces tenues en disent beaucoup sur l'Homme et sur son époque.
C'est un vestiaire unique, intime. Il se montre à travers ses vêtements. Il était très mince, mais très sportif, même s'il n'avait pas des épaules de déménageur. On imagine bien l'élégance, son côté novateur, comme avec ses tenues de ski. Il prenait soin de ses vêtements.
Isabelle Doré, directrice du CHRD
Un homme à la mode
Très tôt, celui qui allait devenir le plus jeune sous-préfet de France attache une importance toute particulière à sa garde-robe. En 1922, à son arrivée à Chambéry, comme chef de cabinet, il s'émancipe sur les pistes.
Plusieurs photos le montrent, habillé avec des "fuseaux", ou des tenues adaptées aux sports d'hiver.
"Quand l'habit fait le préfet"
Aux tenues protocolaires du préfet avec veste militaire, il préférait les habits plus en vogue.
En 1925, il prend la pose à son bureau, vêtu d'une veste, d'un gilet, d'un pantalon à rayures noires. Il porte également un nœud papillon. "Le travail de Jean Moulin, dans les préfectures ou les ministères, impose très vite leurs codes vestimentaires", détaille encore le CHRD. De fait, il profitera de son aisance financière pour s'offrir des tenues que l'on qualifierait volontiers aujourd'hui de "tendances".
Avec la guerre, puis la résistance, il délaissera les "tenues chics", leur préférant des vêtements plus "discrets" et moins onéreux dans un contexte de pénurie.
Tous ces vêtements ont été confiés aux archives municipales. Le CHRD espère bientôt pouvoir les exposer de façon permanente dans le cadre d'un projet de nouvelle muséographie.
Quelques-unes de ces pièces sont encore visibles au CHRD jusqu'au 29 septembre prochain.