Face au nombre de chantiers à Lyon, les critiques pleuvent, la métropole répond : "amélioration du cadre de vie"

Depuis quelques semaines, les chantiers dans les rues de la métropole lyonnaise se multiplient. Des riverains s'agacent, l'opposition critique le calendrier qui viserait les prochaines élections, la majorité parle d'amélioration de la qualité de vie à terme.

Un nouveau chantier vient de débuter sur l'un des axes majeurs dans le quartier de la Part Dieu. "On végétalise, on crée des couloirs bus, des pistes cyclables, des trottoirs plus grands", selon Fabien Bagnon, (Les écologistes) en charge de la voirie et des mobilités à la métropole.

"C'est la fin du mandat"

Avec 17 000 véhicules par jour, les automobilistes découvrent une nouvelle voie fermée et les déviations qui vont avec. Pour Pierre Oliver, élu (LR) d'opposition, "tout arrive au même moment, c'est la fin du mandat qui approche".

150 arbres plantés

Sur la rue Garibaldi, une trémie va être supprimée. "Le tronçon est mis à plat avec un espace dédié aux transports en commun, de larges trottoirs, de la végétalisation, une large piste cyclable et deux voies pour les voitures". Fabien Bagnon, élu écologiste, vante les ambitions portées par sa majorité : "on va planter 150 arbres, en période de canicule la végétation permettra de diminuer la température de 7°C." Il le reconnaît à mots couverts, "c'est vrai que l'on est dans un pic historique de travaux sur la métropole".

On entre dans une phase d'accélération des travaux, mais c'est pour une amélioration notable de la qualité de vie, une fois finalisés. On aura plus de facilités pour se déplacer, notamment à pied, à vélo ou en transports en commun.

Fabien Bagnon, vice-président (Les écologistes) en charge des mobilités à la métropole

Des automobilistes excédés

Du quartier de la Part Dieu au centre-ville de Lyon, rares sont ceux épargnés par les chantiers. Difficile parfois pour les automobilistes de retrouver leur chemin.

Dans le 7ᵉ arrondissement, le chantier du tramway T10, perturbe énormément la circulation automobile. La nouvelle ligne de 8 km reliera la gare de Vénissieux au secteur de Gerland. Le tramway, mode de transport préféré des écologistes face au métro. Lors de la campagne électorale, en 2020, le candidat à la métropole, Bruno Bernard, avait déclaré : "le métro, c'est long, c'est cher et ça ne se voit pas". Un constat qui ne plaît pas à tout le monde. Surtout lors des phases de chantiers.

"Des gens se plaignent, ils se disent contraints dans leur quotidien, même des cyclistes". Pierre Oliver, élu (LR) d'opposition, se pose des questions. "Pourquoi ne pas attendre d'avoir toutes les ressources en hommes avant d'entamer tous ces travaux ?". Car, selon lui, certains chantiers sont indispensables, mais il remarque que beaucoup d'entre eux sont lancés et n'avancent plus, "des chantiers démarrent sans qu'il y ait d'ouvriers dessus, ça énerve les riverains".

On se presse, tout arrive au même moment, c'est la fin du mandat. On sent qu'il ne faut pas de retard dans les chantiers, il y a l'objectif mars 2026 derrière tout ça. Mais, au quotidien, des habitants me disent qu'ils perdent énormément de temps dans leurs déplacements, quel que soit le mode choisi.

Pierre Oliver, maire (LR) du 2e arrondissement de Lyon

"Améliorer le cadre de vie"

Dernièrement, une autre fermeture de rue en presqu'île avait suscité de nombreuses réactions. La rue Grenette, un axe stratégique du cœur de Lyon, est également fermée à la circulation automobile. Un couloir réservé aux bus sera créé. Le projet nommé "Presqu'île à vivre" prévoit la création "d'aires piétonnes et des zones à trafic limité". Là aussi, des riverains et des commerçants avaient critiqué le projet. Mais, là encore, la métropole assume. Selon elle, "Il s’agit d’adapter le centre historique de la ville aux grands enjeux de notre époque : l’évolution des modes de déplacements, l’amélioration du cadre de vie, l’adaptation aux effets du réchauffement climatique, garantir le dynamisme économique et la tranquillité". 

Les voies lyonnaises

S'ajoutent à tous ces chantiers ceux des voies lyonnaises. Un réseau de pistes cyclables de plus de 250 km d'ici à 2026. Les travaux ont débuté en 2022, ceux de la voie numéro 11, dans le quartier de la Part Dieu, il y a quelques jours. La métropole, sur son site internet, annonce 90 km de voies en travaux cet été. Dans certains secteurs, la polémique avait fait rage. Dans le 5ᵉ arrondissement, un collectif de riverains "Touche pas à ma colline" revendiquait 1450 signatures dans une pétition contre le projet d'un tronçon qui allait supprimer une voie de circulation.

"Impréparation technique"

Pour Yann Cucherat, élu d'opposition, ancien candidat à la mairie aux côtés de Gérard Collomb, "les travaux dans une ville sont normalement un bon signe". Mais son groupe dénonce "l'impréparation technique et les difficultés à dialoguer avec tous les acteurs de la ville".

Les impacts sur les flux et le tissu économique n'ont pas été anticipés. Ce sont les symptômes d'une programmation mal préparée et d'une vision assez superficielle, focalisée sur les élections et non l'intérêt de Lyon.

Yann Cucherat, groupe municipal d'opposition "Pour Lyon"

Après trois ans de mandat

Comme en écho à ces critiques, sur leur site internet, les écologistes dressent leur bilan après trois ans de mandat. Ils mettent notamment en avant les investissements réalisés pour les "modes doux", en expliquant : "contre le dérèglement climatique et la pollution de l'air, le développement massif des mobilités alternatives à la voiture individuelle est une urgence". Sont détaillés les différents projets menés : pistes cyclables, plan tramway, plan piéton, zone à faible émission ...