L'ancien patron de l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants, François Thierry sera jugé à Lyon à partir de lundi 23 septembre pour "faux en écriture par personne dépositaire de l'autorité publique" et "destruction" de preuves, des accusations pour lesquelles il risque jusqu'à 15 ans de prison.

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Ancien chef de la lutte anti-drogues, François Thierry est jugé à partir de lundi à Lyon pour avoir orchestré une garde à vue "fictive". Il aurait mis en place cette manœuvre afin de faire sortir de prison un de ses informateurs, un gros trafiquant de cannabis, dans le but de suivre une livraison de drogue. Entre 2010 et 2016, François Thierry était à la tête de l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis), mais ses méthodes controversées ont conduit à la dissolution de ce service. Cette semaine, il comparaît devant la cour criminelle du Rhône pour "faux en écriture par personne dépositaire de l'autorité publique" et "destruction" de preuves, des accusations pour lesquelles il risque jusqu'à 15 ans de prison.

Son avocat, Me Francis Szpiner, défend ardemment son client et plaidera l'acquittement, affirmant que cette procédure judiciaire est une injustice. Selon lui, la fausse garde à vue n'a causé aucun dommage et aurait même été réalisée avec l'accord du parquet de Paris.

L'une des questions centrales du procès sera de déterminer quelles informations François Thierry avait communiquées à l'autorité judiciaire lors de l'extraction de son informateur, en avril 2012. Ce dernier, pendant 96 heures, aurait été logé dans un hôtel et aurait passé plusieurs appels liés à une livraison de drogue en provenance du Maroc, qu'il avait signalée à François Thierry. Quand la résine de cannabis arrive de nuit en zodiac sur une plage d'Espagne, les policiers espagnols la réceptionnent, la stockent dans un commissariat avant qu'elle ne soit livrée, en petits lots, à des trafiquants dans une villa d'Estepona, près de Marbella. Malgré les balises placées sous les voitures, seule 1,9 tonne sur six sera finalement interceptée.

 L’affaire est restée discrète jusqu'en octobre 2015, lorsqu'un autre informateur de François Thierry, Hubert Avoine, a dénoncé les méthodes du commissaire. Une enquête préliminaire a alors été ouverte.

Le 17 octobre 2015, des douaniers ont découvert sept tonnes de cannabis à Paris, non loin de l'appartement de Sophiane Hambli, qui était en liberté à ce moment-là. Cette saisie, saluée par le président François Hollande, a en réalité été faite dans le cadre d'une livraison surveillée organisée par l'Ocrtis. La révélation de cette opération a entraîné une série d’enquêtes, dont l’une a mis en lumière la garde à vue fictive de 2012, ainsi que des liens troublants avec l'affaire d’Estepona en Espagne. Deux enquêtes distinctes sont alors ouvertes, l'une à Lyon sur la garde à vue et l'autre à Bordeaux sur la saisie de cannabis.

Ces enquêtes visent à vérifier si l'Ocrtis a facilité l'importation de drogue ou si elle a été manipulée par Sophiane Hambli, actuellement détenu au Maroc. François Thierry, qui nie avoir organisé des "opérations de barbouzes", a été mis en examen pour complicité de trafic de stupéfiants en 2017 et 2019. Bien que les juges lyonnais n'aient pas trouvé de preuves de malversations, ils poursuivent néanmoins François Thierry pour la rédaction du faux procès-verbal de garde à vue, la destruction de preuves et la disparition de téléphones utilisés lors de l'opération d'Estepona.

Aujourd'hui en charge de la stratégie numérique de la police nationale, François Thierry reconnaît les faits mais conteste toute infraction, affirmant que le parquet de Paris avait validé chacune des étapes de la garde à vue fictive. Toutefois, les magistrats instructeurs ont relevé que l'ancienne procureure-adjointe Véronique Degermann, ainsi que ses collègues, n'avaient reçu qu'une "information parcellaire" et ont donc abandonné les poursuites à leur encontre. Retraitée depuis un an, la procureure est appelée à témoigner dans un procès qui pourrait se transformer en un affrontement de versions entre policiers et magistrats.

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