Nathalie Ducrot est la 40ème victime de féminicide en 2022. A 33 ans, elle a été mortellement poignardée, le 8 mai dernier, à son domicile par son ex-compagnon. Une marche blanche a eu lieu ce samedi 22 octobre. L'occasion de lui rendre hommage, de soutenir la famille mais aussi sensibiliser sur ces drames encore trop nombreux.
Les 4 enfants de Nathalie Ducrot ont défilé en tête de cortège avec une banderole blanche et violette où figure le visage souriant de leur maman. Ils ont entre 4 et 13 ans.
Derrière eux, tous ceux qui partagent la peine d’avoir perdu une fille, une sœur ou une amie ont participé à cette marche blanche de ce samedi 22 octobre en hommage à Nathalie Ducrot. Une seule étape : la maison où la jeune femme a été tué, poignardée par son ex-compagnon.
Un drame malgré la prise de mesures d'éloignements
C’était il y a bientôt 6 mois, le 8 mai dernier. Même si elle était restée “discrète” et “digne” sur ce qui lui arrivant, Nathalie était déjà victime de violence de la part de son ex-compagnon. Ce dernier avait interdiction d’approcher la jeune femme. Une obligation d’éloignement qui n’a pas suffit à éviter le drame et qui alimente la colère des proches.
“Ma colère vient de là : on avait dénoncé à 3 reprises des faits de violence, il a eu des mesures d’éloignements mais ca ne l’empêchait pas de revenir. Il était toujours derrière elle, derrière nous car Nathalie venait vivre avec moi et ma maman” témoigne Marlène, la sœur de la victime.
Pour les violences antérieures au meurtre, l'homme vient d'être condamné à 18 mois de prison et a été déchu de son autorité parentale.
Des féminicides encore en hausse en France
Des banderoles telles que “On ne veut plus compter nos mortes” ou “Plus écoutées mortes que vivantes” ont parsemé le cortège. La Fédération nationale des victimes de féminicides (FNVF) a participé à l’organisation de cette marche.
Sa présidente, Sylvaine Grévin, a tenu à rappeler l’ampleur des féminicides en France aujourd’hui.
En 2021, il y a eu 20% d’augmentation de féminicides en France. Et 2022 suit la même lignée.
Sylvaine Grévin, présidente de la Fédération nationale des victimes de féminicides
Personne ne peut imaginer ce que vit une famille endeuillée après un féminicide. La gestion du deuil, le long parcours judiciaire, le nouvel équilibre de la famille… Aujourd’hui, c’est Marlène, la sœur de la victime qui, en plus des siens, s’occupe des 4 enfants de Nathalie Ducrot. La FNVF se tient présente au côté de la famille pour les accompagner dans ce douloureux parcours.
Les problématiques des familles des féminicides sont très peu connues. Dès lors que vous connaissez le décès de votre proche vous êtes livrés à vous-mêmes. La famille doit trouver un avocat, dont un pour les enfants pour statuer sur la garde provisoire. Là heureusement c’est Marlène, sa soeur, qui l'a obtenu. C’est une chance car parfois les enfants sont placés et parfois séparés.
Sylvaine Grévin, présidente de la Fédération nationale des victimes de féminicides
Pour soulager les victimes autant que possible, un “protocole féminicide” a été créé en Seine-Saint-Denis par l'Unité spécialisée d'accompagnement psychologique (USAP) d'Aulnay-sous-Bois. Malheureusement son application est inégale selon les départements.