"Une femme Premier Ministre, mais deux agresseurs sexuels et un ministre sexiste dans le gouvernement" : le compte n'est pas bon pour les associations féministes

Ce vendredi 10 juin à 18h00, le Collectif Droits des Femmes 69 appelle au rassemblement place de la Comédie, dans le 1er arrondissement de Lyon "pour dénoncer les attaques récentes faites aux droits des femmes et des minorités de genre" dans le monde entier. Une occasion de revenir sur différentes mobilisations féministes.

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"N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant." Ces célèbres phrases de Simone de Beauvoir résonnent particulièrement chez les féministes en ces temps difficiles…  

Le Collectif Droits des Femmes 69 appelle à manifester ce vendredi 10 juin 2022 à 18 heures "contre le recul des droits des femmes au niveau international, contre les violences sexistes et sexuelles et pour la solidarité avec les femmes du monde entier". Le rassemblement partira de la place de la Comédie, dans le 1er arrondissement de Lyon à 18h00. Sur la page Facebook du collectif, un peu plus de 250 personnes envisagent de participer à l’événement.

"Partout la vie des femmes est menacée et leurs libertés entravées"

Le Collectif Droits des Femmes 69 regroupe des associations féministes, de défense des droits humains, des syndicats et des organisations politiques. Les militantes veulent montrer leur soutien aux femmes du monde entier. "Partout la vie des femmes est menacée et leurs libertés entravées", clament les organisatrices.
Aux femmes d’Ukraine où le viol est "une véritable arme de guerre".
Aux femmes des Etats-Unis où le droit à l’avortement est en péril.
Aux femmes d’Afghanistan qui ne peuvent plus aller à l’école.
Aux femmes de France enfin où "La justice et l’Etat continuent de rester passifs face aux féminicides".

Et les féministes sont inquiètes. Dans de nombreux pays du monde, les droits des femmes sont mis à mal. Cette pétillante militante est féministe depuis ses années lycée. En janvier 2021, elle franchit le pas et s’engage au sein d’un collectif. Contactée sur Instagram, elle est ravie de pouvoir mettre en lumière ses actions.

La jeune femme au visage rieur est "abasourdie" par le décret de la Cour Suprême qui prévoit d’abroger le droit à l’avortement. "Avorter, ça nous paraît très normal aujourd’hui. L’avortement est une avancée majeure. Ce que veut faire la Cour Suprême, c’est un énorme pas en arrière dans l’égalité et dans les droits des femmes", martèle-t-elle. Selon elle, la suppression du droit à l'avortement est d'autant plus dangereuse à l'ère du numérique : "Les applications où les femmes enregistrent leurs règles sont contrôlées. Si vous n'avez pas vos règles depuis trois mois, vous êtes considérées comme un danger parce que vous pouvez avoir envie d'avorter. Vous pouvez donc être potentiellement surveillées". 

Cette autre militante contactée sur Instagram, tout aussi énergique, ressent "une certaine révolte" lorsqu'elle évoque le sort des femmes ukrainiennes, exilées et séparées de leurs maris pour certaines, et victimes de viols de guerre pour d'autres. 

 «On ne sait pas si on attend, ou si on espère quelque chose de l’Etat»

Autre cheval de bataille des féministes : les féminicides. "56 femmes ont été assassinées par leur conjoint ou leur ex-conjoint en 2022. Les féminicides, c’est systémique", annonce tout de suite la militante, lorsque nous abordons le sujet. "Mais bon, on ne sait pas si on attend ou si on espère quelque chose de l’Etat", avoue-t-elle, amère. "A titre personnel, je n'attends rien. En 2022, 56 femmes ont été victimes de féminicides. A la même période l'année dernière, il y en avait 40. Les féminicides, ça touche des femmes tous les âges et de toutes les classes sociales", affirme la deuxième militante. Sa voix tremble lorsqu'elle évoque les féminicides. "Ça me touche beaucoup (...) Je me demande comment on peut s'en sortir", confie-t-elle. 

"Emmanuel Macron a nommé une femme Premier Ministre mais dans son gouvernement, il y a quand même deux agresseurs, Darmanin et Abad, et un ministre sexiste, Dupont-Moretti", ajoute-t-elle. Le ton est donné. 

Et les militantes insistent : ce qu’elles veulent, ce sont des moyens conséquents pour prendre en charge et pour protéger les femmes victimes de violences conjugales et sexuelles. "Beaucoup de femmes victimes de féminicides avaient porté plainte", rappelle la jeune femme. A quoi seraient dédiés ces moyens investis pour protéger les femmes ? "Cela servirait à la formation et à la sensibilisation de personnel pour aider les femmes victimes", répond du tac au tac la militante. "Dans les associations, nous sommes bénévoles, nous manquons donc de temps. Si l’Etat recrutait des salariés, ils pourraient ne faire que ça", poursuit-elle.

Autre question fondamentale pour les féministes : l’accueil réservé par les forces de l'ordre aux victimes de violences conjugales et sexuelles. "Il faut aussi absolument former la police au traitement des femmes victimes. Beaucoup d’entre elles ne portent pas plainte car elles ont peur", affirme notre jeune militante.

Les féminicides, ça touche des femmes de tous les âges et de toutes les classes sociales.

Une militante féministe

 « Il est encore temps de planter la graine »

Les militantes sont plus déterminées que jamais à lutter pour la liberté et l’égalité. Leurs maîtres-mots : la prévention et la sensibilisation, auprès des jeunes publics notamment.

La militante féministe met un point d’honneur à intervenir dans des établissements scolaires. "Le monde de demain s’écrit avec les jeunes. Ils se construisent au collège et au lycée. Il est encore temps de planter la graine", insiste la militante. "Les heures dédiées à la sexualité dans les collèges ne sont jamais utilisées (...) Il faut aussi parler du sexisme dans les entreprises", ajoute sa camarade.

Autre volet de la prévention des collectifs féministes bien d’actualité en ces temps estivaux : la mise en place de "safe zone" dans des festivals où des associations sont là pour "recueillir les témoignages de femmes potentiellement victimes d’agressions sexuelles", précise la première militante.

"Mais on continuera la lutte, on continuera les manifestations de toute façon", affirme sa camarade. Les graines de la révolte semblent semées... 

Le monde de demain s’écrit avec les jeunes

Une militante féministe

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